Midi Olympique

« Si les Castrais veulent se la jouer physique, ce sera compliqué pour eux »

MAURICIO REGGIARDO - Entraîneur principal d’Agen L’ARGENTIN A SUIVI D’ UN OEIL ATTENTIF LES DEUX DEMI-FINALES. IL LIVRE LES CLÉS DE LA FINALE DE TOP 14, SAMEDI PROCHAIN AU STADE DE FRANCE.

- Propos recueillis par Enzo DIAZ

Sur quels secteurs tactiques le CO doit-il s’appuyer pour enrayer la machine montpellié­raine ?

Tout va se jouer autour de la zone de rucks. Il faut que Castres soit capable de ralentir le jeu de Montpellie­r et gêner sa mise en place. Après, les duels aériens ne seront pas à négliger. Contre Toulouse, les Castrais avaient impression­né dans ce secteur mais contre le Racing ils ont été moins bons. La troisième clé devrait être la défense des ballons portés. Ils ont réussi à marquer un essai comme ça face au Racing, ce n’est pas donné à tout le monde. Mais Montpellie­r a cette force également comme on l’a vu sur l’essai de Willemse face au LOU.

Quelles sont les forces des deux équipes ?

Montpellie­r et Castres sont deux équipes similaires, je crois. Le MHR et le CO sont très physiques, articulés autour de deux très grosses défenses. Montpellie­r a une super charnière comme on a pu le voir face au LOU. Ils ont en plus des joueurs de classe mondiale avec les Du Plessis, Picamoles, Ouedraogo, Willemse, François Steyn, Nadolo, Fall et Serfontein qui sera de retour. Ruan Pienaar et Aaron Cruden auront toutefois fort à faire avec Rory Kockott et Benjamin Urdapillet­a en face. Je crois que cette confrontat­ion est la clé du match.

Dans quel sens ?

Dans leur façon de gérer les temps forts et les temps faibles, ils vont avoir leur mot à dire. Pour moi, Ruan Pienaar est dans le top 3 des demis de mêlée du championna­t, si ce n’est le meilleur. Après, si en face c’est le Kockott qu’on a vu samedi, il est capable à lui tout seul de faire gagner une finale. Rory l’a déjà fait par le passé, comme face à Toulon en 2013. C’est une finale, chaque action de match va compter, va peser. J’ai en tête notre victoire de cette saison face au MHR à Armandie (31-29, N.D.L.R.) où nous avions gagné à quinze contre quatorze. Ils étaient plus forts que nous mais ils avaient pris un carton rouge au bout de cinq minutes de jeu.

Comment faire pour endiguer la densité physique du MHR ?

Je crois qu’il faut l’éviter. Il faut mettre de la vitesse, mettre en place un rugby de passes qui va servir à éliminer les défenseurs adverses. Castres est bâti sur le même moule, avec un rugby qui est beaucoup basé sur la puissance. Cependant, si les Castrais veulent se la jouer physique contre Montpellie­r, je crois que ce sera compliqué pour eux.

La défense castraise a montré de très grosses qualités contre Toulouse et le Racing. Est-ce le signe d’un mental à toute épreuve ?

Tout à fait, je crois qu’ils ont des joueurs qui sont actuelleme­nt au top de leur forme. Rory Kockott et Benjamin Urdapillet­a ont livré une partition parfaite en barrages et en demie. Le retour d’Anthony Jelonch et la rentrée de Rodrigo Capo Ortega en cours de match, en demie, combinés à ce que sait faire Mathieu Babillot montrent une équipe qui atteint son pic de forme. La perte de Jody Jenneker au talon, un vrai leader de combat, s’est fait ressentir avec un déchet important en touche face au Racing mais les Castrais me semblent prêts. Ce sera un vrai bras de fer.

A-t-on retrouvé le Rory Kockott des phases finales de 2013 et 2014 ?

Quand Rory joue à ce niveau, tu as envie de l’avoir dans ton équipe et non en face. C’est plus qu’un leader de combat, car il est terrible autour des rucks, dans l’envie de faire déjouer son adversaire direct. Il veut dominer ses adversaire­s et d’ailleurs je n’ai pas reconnu Iribaren en demie.

Ce sera un duel de Sud-Africains à la mêlée…

Ils ont aussi deux styles bien différents… Pienaar est plus stratège. Avec lui, tout est calculé, froid. Rory est plus sanguin, c’est presque un latin ! (rires) Si Pienaar reste lucide, s’il ne sort pas de son match, ce sera difficile pour Rory. Mais Rory est aussi capable de le faire déjouer.

Pour préparer ce genre de confrontat­ion, quels leviers mentaux doivent être activés cette semaine ?

La discipline ne sera pas à laisser de côté. Castres a réalisé vingt-cinq premières minutes très discipliné face au Racing, en ne concédant que trois pénalités. S’ils ne sont pas assommés physiqueme­nt et qu’ils arrivent à mettre le même engagement et la même intensité, les Tarnais auront une sérieuse carte à jouer. Ils peuvent faire douter le MHR.

Autre point important : le CO sait tenir le score lorsqu’il mène au tableau d’affichage. Ils sont très difficiles à jouer lorsqu’ils mènent, ils défendent bien, ils opèrent en contre… Il ne faut pas leur laisser prendre le score. Il y a beaucoup de déterminat­ion chez ces hommes. Face à Toulouse, j’avais dit qu’ils avaient l’oeil du tigre et ils l’ont toujours.

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Photo Icon Sport Observateu­r avisé de cette fin de saison, Mauricio Reggiardo s’attend à un véritable bras de fer entre Montpellié­rains et Castrais samedi soir.

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