Midi Olympique

VOILÀ, C’EST FINI

FRÉDÉRIC MICHALAK A DISPUTÉ SON DERNIER MATCH À DÉCINES. IL A REÇU UN BEL HOMMAGE DE TOUS LES LYONNAIS ET DE SES ADVERSAIRE­S. IL LAISSERA UN GRAND VIDE SUR LES TERRAINS LYONNAIS, FRANÇAIS ET INTERNATIO­NAUX.

- Par Sébastien FIATTE sebastien.fiatte@midi-olympique.fr

Voilà. C’est fini. On ne reverra plus Frédéric Michalak sur un terrain de rugby. On ne verra plus ses chaussette­s baissées. On n’attendra plus du petit prince du rugby - la première star de l’ovale à avoir été vraiment connue du grand public dans la société spectacula­ire du XXIe siècle, bien avant l’explosion du phénomène Chabal - qu’il sorte un coup de génie. Blessé à une épaule à Toulon, le recordman du nombre de points marqués sous le maillot de l’équipe de France est sorti debout, le maillot sur les épaules, la tête un peu basse, marqué par la défaite, les yeux humides, mais le regard fier du champion.

Remplaçant au coup d’envoi, il est entré à la 62e minute, à la place d’Alexis Palisson sous une standing-ovation, dans un stade acquis à sa cause. Il a pris la place de Mike Harris à l’ouverture pour faire une dernière fois équipe avec Baptiste Couilloud. Après une passe sautée trop risquée pour Toby Arnold (66e), il a signé une merveille de passe au pied millimétré pour Xavier Mignot (69e), avant de réussir cette fois sa passe sautée dans ses vingt-deux pour Thibaut Regard (75e). Surtout, la rage au ventre, il s’est battu comme un beau diable, pas toujours dans les règles de l’art comme lors de cette escarmouch­e avec Cruden, avant de se joindre aux gros dans un maul (76e). Pas sûr que le Lou ait fini par sauver l’honneur sans la hargne et la déterminat­ion de son ouvreur.

« Il a aidé les jeunes, il m’a aidé, je le remercie beaucoup », reconnaiss­ait Pierre Mignoni après la rencontre.

Icône des plus jeunes, à l’image de Félix Lambey, qui avait un poster de son coéquipier dans sa chambre quand il était enfant, il a reçu l’hommage de tous les participan­ts, venus le congratule­r à la fin de la rencontre. Les Montpellié­rains, à l’image de Louis Picamoles, n’étaient pas les derniers à saluer, et regretter, son départ.

« Je lui tire un grand coup de chapeau, soufflait le capitaine héraultais. Il sait tout le bien que je pense de lui et tout ce qu’il m’a apporté par son état d’esprit et son exemplarit­é. Il est une référence du rugby mondial. C’est une grosse page du rugby français qui se tourne. »

S’il manquera évidemment aux Lyonnais dans le vestiaire, son départ à la retraite marque surtout le départ d’un monument du rugby, au palmarès long comme le bras, et à l’aura resplendis­sante. Sa retraite sonne aussi la fin d’une époque, comme le rappelait son dernier capitaine, Julien Puricelli.

« C’est LE joueur français. Fred a aidé le sport en général, et le rugby en particulie­r, à avoir la place qu’il a aujourd’hui, à être médiatisé. Sans beaucoup parler, il fait partie des joueurs qui apportent, comme Aurélien Rougerie, Julien Bonnaire… Cette génération a fait rêver les gamins qui arrivent, comme Baptiste Couilloud. Cette génération a fait rêver tout le monde. Ils étaient l’équipe de France. Ils gagnaient. Ils étaient respectés et respectabl­es. Les jeunes doivent avoir conscience de la responsabi­lité qu’ils ont. Ils ont des choses à véhiculer, à garder, à perpétuer à l’avenir. »

Son futur, Fred, peinait encore devant les journalist­es à se l’imaginer loin des terrains de rugby. « Je ne réalise pas encore, j’avais l’impression à chaque fois victoire de repousser mes vacances, rigolait-il. Ce ne sont pas des vacances, c’est une retraite sportive. C’est dur à réaliser. C’est passé très vite. Je chambrais beaucoup les vieux. Je leur disais qu’il était temps d’arrêter. Ils me disaient d’en profiter, que cela passe vite. Je dis la même chose aux jeunes : profitez-en ! Ça va vite ! »

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 ?? Photo Midi Olympique - Patrick Derewiany ?? Frédéric Michalak tire sa révérence. Il aura été longtemps un fil rouge entre génération­s de rugbymen. Son départ laissera, à n’en pas douter, un grand vide. Sur le plan sportif, éthique et médiatique.
Photo Midi Olympique - Patrick Derewiany Frédéric Michalak tire sa révérence. Il aura été longtemps un fil rouge entre génération­s de rugbymen. Son départ laissera, à n’en pas douter, un grand vide. Sur le plan sportif, éthique et médiatique.

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