Midi Olympique

L’ÉPREUVE DE FORCE

VÉRITABLE TOURNANT DU MATCH, LA SÉRIE DE MÊLÉES DISPUTÉES PEU APRÈS L’HEURE DE JEU ALORS QUE LE CO ÉTAIT EN INFÉRIORIT­É NUMÉRIQUE A TOUT CHANGÉ. RÉCIT DE L’INTÉRIEUR, PAR CEUX QUI ONT SURVÉCU À CET ENFER.

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Pour une fois, les Castrais ont exulté avant le coup de sifflet final. Flash-back. On dispute la 65e minute de jeu. Castres mène toujours au score (19-14) mais se trouve acculé à cinq mètres de sa ligne, en infériorit­é numérique à cause d’un plaquage haut de Julien Dumora sur Juan Imhoff. Le talonneur Kévin Firmin, qui avait remplacé Marc-Antoine Rallier (remarquabl­e de régularité dans ses lancers) quelques minutes plus tôt, raconte : « Cela faisait quatre mois que je n’avais pas joué. Entrer sur le terrain a été une vraie délivrance. On s’est rapidement retrouvé sur notre ligne, mais il fallait défendre la forteresse, point. » C’est à ce moment que Christophe Urios tenta un pari : celui de changer ses piliers pour déstabilis­er les adversaire­s : « En revoyant le match, je me suis dit que j’ai été sacrément gonflé. D’ailleurs, Tudor (Stroe, N.D.L.R.) m’en a reparlé dans l’avion du retour… Mais bon, j’ai senti qu’il fallait le faire à ce moment-là. Je voulais que les piliers adverses soient interpellé­s, déstabilis­és. »

FIRMIN : « PAEA, C’EST UN DINOSAURE »

Sur le terrain, le combat est à son paroxysme. Firmin raconte : « Après le carton jaune, Tudor et Paea (Fa’anunu) me rejoignent. On est à cinq mètres de notre ligne. Là, on s’est dit tous les trois qu’il ne fallait pas prendre la pénalité ou l’essai qui renversera­it le match. On avait les crocs. » Quoi qu’il en soit, le pari tarde à payer. La mêlée castraise est pénalisée à deux reprises, avant de se stabiliser : « J’ai dit à Paea de se souvenir de Dax, où nous avons joué ensemble et de l’époque où il rasait des mecs tous les week-ends ! Certes, l’opposition était d’un autre calibre mais je lui ai rappelé qu’il était un excellent pilier. Paea, c’est un dinosaure. » Seulement, les Castrais ne sont pas encore sortis d’affaire. Sur la troisième mêlée, Rory Kockott commet une faute en plaquant Antonie Claassen qui n’avait pas encore relevé le ballon. Nouvelle pénalité. Quelques minutes plus tard, les hommes de Mathieu Babillot sont toujours à cinq mètres de leur ligne, mais sous les poteaux. Nouvelle mêlée. Les Castraise tiennent bon, le ballon est écarté vers Louis Dupichot qui oublie Teddy Thomas sur son aile. Mais Urdapillet­a est repris par M. Ruiz pour une position de hors-jeu. Le Racing reprend la mêlée, espérant enfoncer le clou. Au lieu de cela, les Francilien­s sont pénalisés.

Les Castrais peuvent exulter. Ils viennent de sortir d’une situation inextricab­le. « Ces dix minutes ont été terribles à vivre depuis le banc, racontait Antoine Tichit, mais les mecs ont été forts. » Une force qui s’explique peut-être par ce qui s’est passé au cours de la semaine précédant le match : « Jody (Jenneker) méritait de jouer ces matchs, raconte Firmin. Après Toulouse, il est venu me voir et m’a dit : « Une porte se ferme pour moi, mais une autre s’ouvre pour toi. » Le jour de la commission de discipline, il m’a envoyé un texto en me disant que c’était à moi de jouer et qu’il m’accompagne­rait dans cette aventure. Il a été grand. Cela ne m’a pas surpris, mais ça m’a touché. Pour lui, cela devait être horrible. Ce match, je l’ai joué pour lui aussi. »

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