Midi Olympique

SUICIDE, MODE D’EMPLOI

EST-CE LEUR ÉNORME DÉCHET TECHNIQUE QUI A PRÉCIPITÉ LES RACINGMEN DANS LA NERVOSITÉ ET L’INDISCIPLI­NE, OU BIEN L’INVERSE ? LE FAIT EST QUE LES FRANCILIEN­S ONT LAISSÉ ÉCHAPPER CETTE DEMI-FINALE, DE LEUR(S) PROPRE(S) FAUTE(S)…

- En deuxième période, Wenceslas Lauret a cru offrir une passe décisive à son numéro 9 Teddy Iribaren. Y avait-il en-avant entre les deux hommes ? M. Ruiz a estimé que oui et a refusé l’essai du Racing. Photos M. O. - D. P. Par Nicolas ZANARDI, envoyé spéci

Une équipe, ça peut se suicider, Docteur ? Au vrai, on en doutait encore un peu jusqu’à ce samedi après-midi, malgré l’exemple récent du RCT face à Lyon. Et puis, il y eut ce Racing — Castres, qui ne laisse plus aucune place à l’équivoque. Au vrai, sans vouloir rabaisser la performanc­e des joueurs du CO, on se demande encore comment les Francilien­s ont pu, sinon par leur propre volonté, laisser échapper une rencontre que le talent supérieur de leurs individual­ités semblait leur promettre, à l’image de l’essai en solitaire de Juan Imhoff ou du superbe ballet de passes au contact joué entre Thomas, Vakatawa et Chouzenoux sur l’essai de Dupichot. Ou plutôt, on ne le sait que trop bien… En effet, entre les deux en-avant initiaux de Nyanga sous des ballons hauts et le dernier de Gomes Sa, les Racingmen ont tout bonnement commis bien trop d’erreurs, techniques ou disciplina­ires, qui leur ont coûté une place en finale. La faute à une colonne vertébrale en manque de vécu commun ? C’était en tout cas la première piste retenue par Yannick Nyanga, numéro 8 improvisé depuis quelques mois. « Quand il n’y a pas Dimitri (Szarzewski, N.D.L.R.), Dan (Carter), Pat (Lambie), Brice (Dulin), Max (Machenaud), ce sont des joueurs d’expérience qui ont vécu ces moments. Les joueurs qui ont été à leur place n’ont pas démérité. Teddy Iribaren, Camille Chat ou Louis Dupichot, on va continuer à les voir pendant très longtemps mais il faut cette expérience pour pouvoir un jour apprendre et gagner des trophées. » Un constat sans appel dans lequel Nyanga luimême n’était pas exempt de tout reproche… Car si un atermoieme­nt de Dupichot près de sa ligne permit au CO de prendre le score et la confiance d’entrée de jeu, c’est bien une initiative hasardeuse du capitaine francilien qui en fut à l’origine. « L’essai de Castres, il est cadeau, pestait l’entraîneur des trois-quarts Laurent Labit. On s’était dit bien avant le match de ne surtout pas jouer dans notre camp, pour ne pas s’exposer à leurs contests. Et on prend cet essai à cause d’un ballon perdu par un joueur qui s’isole derrière un ruck, dans notre propre moitié de terrain… »

LE CALVAIRE DE LAURET

Un joueur d’expérience comme Yannick Nyanga, donc, auquel son compère de la troisième ligne Wenceslas Lauret n’apporta pas franchemen­t une grosse plus-value. On peut même en réalité parler de calvaire, si l’on veut bien se souvenir que deux essais du Racing furent refusés sur ses interventi­ons (un déblayage illicite sur Kockott annulant le premier essai de Dupichot, et une passe enavant celui d’Iribaren), sans parler d’un en-avant au moment de plonger dans l’en-but, ou cette faute grossière sous un coup d’envoi. « Quand on voit Wen faire une faute sur un plaquage en l’air sur un coup d’envoi en début de match, pour un troisième ligne internatio­nal, c’est difficile à expliquer, confirmait Labit. Il y a des choses qu’on ne comprend pas. Il y a eu un manque d’humilité. Même les joueurs sur le terrain ne se sont pas écoutés. Avant la mi-temps, ils se donnent la consigne de ne plus contester les ballons, et on voit des joueurs qui vont à deux gratter des ballons sur les séquences qui suivent… Les mecs ne se respectent pas, et le résultat est là. » À savoir cette terrible indiscipli­ne qui valut aussi un carton jaune à Tameifuna, et dont le duo Chat-Iribaren ne fut pas loin non plus pour une interventi­on stupide sur Batlle…

LABIT : « ON N’A PAS RESPECTÉ CE QU’ON DEVAIT FAIRE »

Une nervosité pathétique, qui se prolongea évidemment en déchet technique, avec une vingtaine de ballons perdus. On vit ainsi, pêle-mêle, Teddy Thomas commettre un en-avant au moment de ramasser un ballon d’intercepti­on gagnant, Henry Chavancy dégueuler un ballon à cinq mètres de l’en-but sur une montée en pointe de Combezou, sans oublier le duo Tales-Dupichot incapable de décaler Teddy Thomas sur un coup qui paraissait mille fois gagnant… Autant d’illustrati­ons d’une fébrilité qui s’est propagée jusque dans les structures de jeu du Racing, que ses habituels suiveurs n’ont jamais reconnues. « Dans les zones de marque, on a des structures de jeu qu’on travaille depuis le début de la saison, et il suffisait de s’y tenir, déplorait Labit. C’est tout. Au lieu de cela, on est tombé dans l’approximat­ion, dans l’individual­isme, on les a cherchés sur leurs points forts en défense plutôt que de chercher les solutions qu’on trouve d’habitude… On n’a pas respecté ce qu’on devait faire, on perd à cause de nos seules erreurs. » Un suicide collectif, dont le Racing a désormais toute l’intersaiso­n pour en trouver les raisons profondes…

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