Midi Olympique

« Les champions de France des casse-couilles ! »

JACKY LORENZETTI — Président du Racing 92 TOUCHÉ MAIS PAS COULÉ, JACKY LORENZETTI EST REVENU DIMANCHE SUR LES TRIBULATIO­NS DE SON ÉQUIPE FACE AU CASTRES OLYMPIQUE…

- Propos recueillis par Marc DUZAN marc.duzan@midi-olympique.fr

Avez-vous bien dormi, après l’échec de vos troupes en demi-finale du Top 14 ?

Non. Mais la nuit a fait descendre la tempête de force 9 à force 7, comme on dit dans le jargon de la voile. Au fil des heures, l’ouragan dans ma tête s’est transformé en simple rafale. Mais la mer est toujours agitée…

Un jour après cet échec, comment analysezvo­us cette rencontre ?

Il faut d’abord rendre hommage à la victoire stratégiqu­e des Castrais. Ils nous ont pris comme il le fallait. Sur le terrain, ils ont été beaucoup plus intelligen­ts que nous et nous ont amusés, soyons francs. Je suis admiratif de leur performanc­e.

Et de votre côté, alors ?

Nous avons déjà basculé sur la saison suivante. À partir d’aujourd’hui, le Racing est en position 2018-2019. Dimanche, nous avons d’ailleurs fêté comme il se doit la bonne demi-douzaine de jeunes hommes qui nous quittent et bu un verre ou deux à la santé du club, puisque la saison reste malgré tout plus qu’honorable. Voilà, on ne va pas s’éterniser sur le passé. En revanche, on tirera quelques enseigneme­nts de cette fin de saison…

Quels sont-ils, ces enseigneme­nts ?

Déjà, il ne faut pas se morfondre ou s’imaginer que c’est la faute des autres. On pourrait invoquer l’arbitrage pas fameux de Monsieur Ruiz, même si on ne peut lui imputer notre défaite… On pourrait pleurer nos blessés… Mais Castres a aussi eu son lot d’avanies durant la saison et on n’est pas des geignards, au Racing. L’important, c’est donc de se focaliser sur nous, notre indiscipli­ne, nos mauvais choix et nos fautes de main.

On dit les Castrais assez embêtants sur un terrain, pour parler poliment. Que vous ont dit vos joueurs à ce sujet ?

Non, il faut être franc. Ce sont de vrais casse-couilles. Ils sont champions de France des casse-couilles et ils ont remarquabl­ement bien joué le coup ! (rires) Entre les simulation­s et les gesticulat­ions de Rory Kockott, les saynètes du meilleur acteur de la comédie française Armand Batlle — à deux reprises, il nous a même joué au sol le lombric déchaîné !- les Castrais l’ont joué à l’ancienne, ont été réalistes et franchemen­t, c’était top. Nous devons vraiment nous inspirer de cette leçon.

De quelle façon vos joueurs vont-ils pouvoir se changer les idées ?

Déjà, ils vont rencontrer une star cet après-midi (dimanche après-midi). Ils ont rendez-vous avec Beyoncé à 17 heures, à l’Arena. Comme ça, ils verront ce que c’est qu’une vedette et à son contact, pourront se dégonfler le melon. Puis ils partiront tous en vacances le plus vite possible. Ils l’ont bien mérité, malgré tout.

Dan Carter ne portera plus le maillot du Racing 92. Que retiendrez-vous de ses trois saisons passées dans les Hauts-de-Seine ?

C’est très simple: je le revois la semaine dernière, à 36 ans, suer sang et eaux pour tenter de retrouver sa place dans le groupe et tout donner pour une hypothétiq­ue finale. Ça, c’est Dan Carter. Mais je ne peux malheureus­ement vous parler que du joueur, puisque je m’interdis de nouer des relations avec l’un ou l’autre des joueurs du Racing. Je n’ai pas de favori.

Son bilan au Racing est-il bon ?

Pendant trois ans, nous avons eu la chance de côtoyer au Racing le meilleur joueur du monde, quand bien même eut-il été en fin de carrière. Dan Carter était le guide, le phare vers lequel tous les joueurs se tournaient lorsqu’ils avaient des questions. Il était à la fois la science individuel­le et collective. Il va donc falloir lui trouver un remplaçant. Ce ne sera pas chose aisée, comme vous pouvez l’imaginer…

Pourquoi avez-vous choisi Yannick Nyanga comme directeur sportif du club ?

À ce jour, nous n’avons encore rien annoncé officielle­ment même si Dimitri (Szarzewski, N.D.L.R.) a un peu lâché le morceau dans le Midol, l’autre jour. (rires) Au jour où Yannick (Nyanga) le décidera, nous ferons une conférence de presse à ce sujet. Mais avant ça, je ne donnerai pas davantage de détails.

Quel est votre pronostic pour la finale entre Castres et Montpellie­r ?

Très clairement, mon coeur va à Castres. Lors de la dernière demi-finale entre Lyon et Montpellie­r, le MHR alignait en effet quatre titulaires Jiff et dix Sud-Af’s. C’est quand même un problème, à mes yeux. On ne joue pas les mêmes matchs. À Lyon, le Racing a commencé sa demi-finale avec douze Jiff et nous en avions dix-sept sur la feuille de match. Nous, on écoute ce qu’on nous dit. On travaille pour l’équipe de France. […] Il faut donc, à mon sens, durcir la réglementa­tion, obliger toutes les équipes à démarrer les rencontres avec au moins neuf Jiff dans le 15 type. Car les comptabili­ser sur la feuille de match n’est pas suffisant. À ce jour, il y a trop de « Jiff tiroirs » (sic), des joueurs qui sont sur le banc de touche pour faire le nombre et éviter des amendes à leurs clubs. C’est assez insultant pour eux.

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Photo M. O. - D. P.

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