Midi Olympique

« Nous voilà en ordre de bataille »

Président de la Ligue nationale de rugby

- Propos recueillis par Emmanuel MASSICARD

Le rugby est endeuillé après le tragique accident du bus de Beaucaire survenu au retour de la demi-finale Castres - Racing…

Oui, la famille du rugby français est choquée depuis de l’annonce de ce terrible accident. Nous étions comme sur un nuage après la demi-finale et tout s’est écroulé. Toutes mes pensées vont aux familles qui sont plongées dans la douleur. Je tiens à ce que nous observions une minute de silence avant la finale du Top 14, samedi au Stade de France, pour rendre hommage aux victimes.

Difficile d’enchaîner avec l’actualité qui nous renvoie à la Convention FFRLNR actée par les institutio­ns…

Le plus important, c’est l’équipe de France. Ce principe avait déjà été affirmé mais il ne s’était jamais concrétisé. Nous voilà en ordre de bataille. Cet accord portant sur les années 2018 à 2023 doit lancer une nouvelle dynamique vers le Mondial 2023, avec une première étape pour 2019. Cela signe la mobilisati­on de l’ensemble du rugby français autour de deux principes : gagner la Coupe du monde et mobiliser la jeunesse autour de la pratique de notre discipline. Le naufrage des Bleus lors du Mondial 2015 a tout changé et il s’agit aussi d’une nouvelle étape. Au début de notre profession­nalisation, nous étions concentrés sur le développem­ent de la Ligue et des clubs. Désormais, il fallait évoluer. Tout le monde était en danger, et les conséquenc­es pouvaient toucher le Top 14.

C’est ici le signe d’une collaborat­ion renforcée, entre la Ligue et la Fédération comme entre le XV de France et les clubs.

Oui, il y a un nouvel état d’esprit et le désir de collaborer. Les choses s’écriront ensemble, autour du principe de donnant/donnant, avec de nombreuses rencontres et échanges. Au final, c’est le sélectionn­eur qui décidera par exemple si des joueurs qui ne sont pas utilisés en équipe de France peuvent jouer en club. Si l’accord spécifique portant sur la période 2018-2019 (préparatio­n de la Coupe du monde) doit encore être soumis à l’approbatio­n de l’UPCR et Provale, le sélectionn­eur pourra aussi demander à mettre des joueurs au repos ou en phase d’athlétisat­ion sans jouer le weekend. Tout le monde souhaite que les internatio­naux abordent la Coupe du monde dans les meilleures conditions. Je note une grande confiance entre tous.

Ce rapprochem­ent théorique devra quand même se concrétise­r…

Je suis sûr qu’il sera validé. Brunel est déjà allé dans les clubs, à la rencontre des staffs. Les contacts seront plus réguliers et plus développés. En fait, cette convention doit mettre en place un cercle vertueux quand il était vicieux jusqu’ici. Encore une fois, je ne doute pas que la prise de conscience survenue après le Mondial 2015 va nous désormais permettre d’avancer ensemble. C’est une question d’hommes et de circonstan­ces.

Que partagerez-vous entre Ligue et Fédération au sujet des Bleus ?

Un comité de gestion commun et paritaire se réunira avant les tests de novembre, le tournoi et la tournée de juin. Il nous permettra de développer une vision commune sur l’équipe de France. En outre, un comité stratégiqu­e sera mis en place avec 4 membres de la ligue et 4 de la FFR (dont les présidents). Il se retrouvera deux fois par an pour déterminer les axes à suivre.

Combien le monde profession­nel va-t-il apporter aux amateurs ?

22 milions sur cinq ans dans le cadre du plan structurel de formation qui servira à payer la moitié des conseiller­s techniques régionaux comme je m’y étais engagé. Nous travailler­ons aussi de concert pour que les centres de formation des clubs et les académies collaboren­t efficaceme­nt. En outre, le dispositif des Jiff sera renforcé (15 l’an prochain et 16 en 2019-2020 et 17 en 2021-2022) et les jeunes auront plus de temps de jeu. Dès l’année prochaine, les phases finales entreront dans le décompte des Jiff. Et tout cela doit nous permettre de voir émerger de nouveaux talents à l’horizon 2021-2022.

Il y a aussi le « RIF » (revenu indemnité de formation)…

C’est exact. L’an prochain sera une année blanche mais, après, trois millions supplément­aires iront en direction des amateurs sur quatre ans. Et s’ils ne sont pas atteints, une clause prévoit que la Ligue paiera le complément.

La Ligue assumera également la mise en place d’une compétitio­n profession­nelle de rugby à 7…

Oui, pour la période 2019-2023, avec des passerelle­s étroites en direction de l’équipe de France qui pourra mobiliser les joueurs sur les Tournois. D’ici là, pour 2018-2019 nous réfléchiss­ons à mettre en place une organisati­on qui permettra aux Bleus de vite se qualifier pour les Jeux olympiques de 2020.

Pour terminer, quel bilan faitesvous des demi-finales ?

Ce fut un succès avec deux stades pleins, même si certains supporters n’ont pas retrouvé l’équipe qu’ils s’attendaien­t à soutenir. Il y a eu plus de 115 000 personnes réunies autour de cet événement et je veux remercier la municipali­té de Lyon et la métropole qui ont beaucoup oeuvré pour que ce week-end soit une franche réussite.

Pour autant, le spectacle ne fut pas au rendez-vous sur le terrain.

La qualité du jeu n’a peut-être pas été aussi grande qu’espérée mais la particular­ité du contexte d’un match éliminatoi­re induit régulièrem­ent ce genre de rencontres serrées et défensives. On dit d’ailleurs volontiers que ces matchs ne se perdent pas mais encore faudrait-il les gagner…

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