Ce mec à part
Pour essayer de percer le mystère Florian Fritz, il n’y a qu’à écouter ceux qui le côtoient au quotidien. Lui qui fait l’unanimité chez eux, admiré et respecté pour son authenticité. « Je sais qu’avec vous, il est taiseux, mais il est différent à l’intérieur d’un vestiaire », nous avait un jour confié Gaël
Fickou. « Des Florian Fritz, il n’y en aura plus dans
le rugby », affirmait récemment Gregory Lamboley. Fritz, c’est un paradoxe, un joueur que l’on voit évoluer au plus haut niveau depuis seize ans, que l’on croise chaque semaine à l’entraînement et que l’on connaît finalement si peu. Parce qu’il a une sainte horreur d’attirer la lumière sur sa personne. Encore davantage d’oser parler de lui. Du coup, on rappelle sans cesse son exemplarité en match, son goût pour le combat, cette rage de vaincre si contagieuse. Puis reviennent en mémoire quelques coups de sang ou écarts de conduite qui font aussi partie intégrante de son parcours. Parce que Florian Fritz, c’est exactement ça : un mec qui ne laisse pas indifférent. Jamais. Mais, sur l’homme, difficile d’en savoir plus… Alors, oui, l’entretien ci-contre est un événement. Durant toute sa carrière, ceux qu’il
a accordés doivent se compter sur les doigts d’une main. Pour tout avouer, cela fait plus de trois ans qu’on lui propose de manière régulière. Avec, à chaque fois, la même réponse : « Non, je n’ai rien à dire, ce n’est pas mon truc. Faites-le plutôt avec ceux qui aiment ça. » Toujours poli. C’est ce qui nous fait tant apprécier ce personnage si naturel, égal à lui-même. Et n’allez pas croire qu’il ferait la moindre exception. Non, Florian Fritz s’est constamment tenu à distance de la presse et des médias en général. Imaginer une quelconque proximité avec lui quand on fait notre métier aurait été utopique. Voilà neuf jours, deux heures après le coup de sifflet final du barrage perdu contre Castres qui était sa dernière sortie professionnelle, on est tombé sur lui par hasard et on a retenté notre chance. « Allez, il faut bien faire une interview pour terminer. Mais il n’y en aura
qu’une. » Si c’est un privilège, il est estimé à sa juste valeur mais aussi relatif : Midi Olympique était au bon endroit au bon moment. Mercredi matin, assis dans les tribunes d’Ernest-Wallon, celui que l’on classe définitivement à part s’est confié durant 45 minutes. Parfois en retenue, mais toujours avec le sourire.J.