Midi Olympique

TOTO ET LOLO CHEZ LES KIWIS

CONVIÉS AU CHEVET DES BLEUS POUR UNE SEMAINE, À COMPTER DE SAMEDI, LES DEUX ENTRAÎNEUR­S DU RACING ONT DÉBARQUÉ DÈS MERCREDI À AUCKLAND. OBJECTIF : S’IMPRÉGNER DE LA CULTURE RUGBY LOCALE AU TRAVERS DE VISITES. VENDREDI, NOUS LES AVONS ACCOMPAGNÉ­S CHEZ LES

- Par Arnaud BEURDELEY, envoyé spécial arnaud.beurdeley@midi-olympique.fr

« Je ne m’en suis toujours pas remis. » Sur son téléphone, Laurent Labit fait défiler les photos de la Grammar School qu’il a visitée la veille avec son compère de toujours Laurent Travers. Vendredi matin les deux entraîneur­s du Racing patientent devant l’hôtel Quadrant, jouxtant le Pullman où résident les Bleus de Brunel à Auckland. Il n’est pas encore 8 heures. « On attend notre chauffeur », s’amuse l’entraîneur des avants. Quelques minutes plus tard, un 4X4 rutilant s’approche. Le chauffeur n’est autre que Chris Masoe, leur adjoint au Racing. C’est lui qui va servir d’intermédia­ire. Direction le MT Smart Stadium, l’antre des Warrios, l’unique équipe de Rugby League (rugby à XIII) basée en Nouvelle-Zélande. Sur le chemin, Laurent Labit est intarissab­le. Les visites de la veille, aussi bien le Auckland College que la Grammar School, l’ont bouleversé. « Je m’attendais un peu à voir ça, mais quand même, souffle-t-il. Ils ont vraiment tout compris. » Et de détailler : « D’abord, ils ont des installati­ons qu’aucune école en France ne possède. Ce sont des campus immenses où tous les sports peuvent être pratiqués. Tous les jours, il y a du rugby au programme à la Grammar School. 15 h 30 : fin des cours, 16 heures, ils sont tous sur le terrain. Ce qui m’a frappé, c’est la façon de s’entraîner. Pour les moins de 19 ans, l’objectif, c’est que chaque joueur ait touché au moins 60 ballons par séance, quelque soit le poste. » Silence. Les yeux grands ouverts, Labit s’interroge : « Ils sont sur des critères de jeu alors que nous sommes sur des critères physiques. Nous, avec les GPS, on calcule le nombre de mètres parcourus, le nombre de plaquage réussis… Il y a sûrement un rééquilibr­age à opérer. » Et l’entraîneur des trois-quarts de s’enthousias­mer : « Je n’ai pas vu un coach avec un sifflet. Tous les entraîneme­nts sont dirigés à la voix. Parfois, nous sommes obligés de siffler quatre fois avant d’avoir tout le monde. » Sourire de circonstan­ce. Et bientôt, un nouvel émerveille­ment lorsqu’ils poussent la porte des Warriors XIII.

DES IDÉES À PIOCHER

La visite débute, menée par Stacey Jones, légende du XIII néo-zélandais, désormais entraîneur des Warriors. Les deux coachs ciel et blanc, drapés de la parka du XV de France, écoutent, regardent. Chaque détail est scruté. Dans l’open space dédié au service commercial, un immense tableau marbré d’une multitude de couleurs interpelle Laurent Travers. « Ça, c’est super, dit-il. Tout est planifié : les matchs, les opérations commercial­es, les soirées avec les partenaire­s, les vacances des enfants… Et tout ça, sur la saison dans son intégralit­é ! C’est vraiment quelque chose sur lequel on doit travailler. » Un peu plus tard, l’immense salle de musculatio­n, fera germer aussi quelques idées dans l’esprit des Racingmen. Ici, le sentiment d’appartenan­ce est fort. Très fort. Les murs sont tapissés de portraits de joueurs ayant marqué l’histoire du club. Tout en haut à droite, les noms de ceux ayant passé la barre des 100 matchs sont inscrits. À gauche, ceux ayant franchi les 200. De l’autre côté, les portraits de ceux élus « joueurs de l’année » s’affichent en format XXL. « On y a pensé à ça, assure Travers. Faire voter les joueurs euxmêmes, mais ce qui nous gêne, c’est de sortir un individu du groupe, de le mettre en avant. » En revanche, le tapis de lutte semble séduire le duo français. « Il faut vraiment qu’on en mette un dans la salle », note Travers. « C’est bon ça Toto, s’enflamme Chris Masoe dans un « franglais » dont il a le secret. Boxing, fight, combat ! » Et de singer un boxeur avant d’envoyer un direct du droit dans un sac, situé juste à côté.

Tout au fond, une porte s’ouvre. Les Warriors, stylo et cahier à la main, sortent de leur séance vidéo. Bientôt, l’heure du « Team run », programmé à 10 h 30. « Wahou », s’exclame Travers. L’espace vidéo, c’est une salle de cinéma, sans les pop-corn. Au pied de l’écran, un tapis en forme de terrain sur lequel les situations de jeu sont visualisée­s à l’aide de gobelets de couleurs différente­s. « Il faut qu’on en fasse faire un », dit Travers à Labit. Encore une idée de piocher. « Attention, on ne veut pas copier, précise Travers. Copier, c’est essayer de rattraper le retard. » « Tout n’est pas adaptable, reprend Labit. La culture des joueurs n’est pas la même. On doit adapter, personnali­ser, s’approprier les idées et les développer à notre façon. »

ADMIRATIFS DE LA GESTUELLE

L’objectif durant le « Team run » est identique. Laurent Labit ne rate pas une seconde de la séance. Il commente chaque combinaiso­n. Certaines l’intéressen­t plus que d’autres. « J’aime assez l’idée du joueur caché derrière le porteur de balle qui sort au dernier moment, avec un joueur de plus sur l’extérieur qui doit fixer l’attention du défenseur. On voit beaucoup ça à 13. Et ils le font à merveille. » Les deux coachs sont admiratifs de la gestuelle, de la précision. « 30 minutes de séances, aucun ballon tombé, même sur le jeu aérien », souligne Travers. Labit affiche une moue admirative. À l’heure de re- partir, une seule déception. « J’aurais aimé pouvoir échanger plus avec Stacey Jones pour qu’il me parle des systèmes d’attaque, regrette Labit. Comme il joue demain (samedi), il n’a pas le temps. Je vais voir avec Chris (Masoe) pour qu’on puisse se revoir. » Partie remise, séjour initiatiqu­e non achevé. Travers et Labit, qui ont enfilé leur casquette FFR au sein du staff de Jacques Brunel dès samedi, ont prévu encore une visite sur le jour « off » des Bleus. Vendredi prochain, ils iront, encore avec Chris Masoe, s’imprégner de la culture kiwi chez les Hurricanes.

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 ?? Photos A. B. ?? Les deux entraîneur­s du Racing, Laurent Labit et Laurent Travers, accompagné par Chris Masoe, sont allés visiter les installati­ons des Warriors XIII, l’unique équipe néo-zélandaise de Rugby League.
Photos A. B. Les deux entraîneur­s du Racing, Laurent Labit et Laurent Travers, accompagné par Chris Masoe, sont allés visiter les installati­ons des Warriors XIII, l’unique équipe néo-zélandaise de Rugby League.

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