SOUTIEN AXIAL POUR UN RUGBY TOTAL
DERRIÈRE LA DÉMONSTRATION RÉALISÉE PAR LES MOINS DE 20 ANS FRANÇAIS JEUDI DERNIER SE CACHENT CERTES D’ÉNORMES QUALITÉS INDIVIDUELLES, MAIS SURTOUT UN PROJET DE JEU MAÎTRISÉ DE A À Z, QUI PERMET AUX JEUNES TRICOLORES DESERE TROUVER DANS LE DÉSORDRE POUR LE
Qu’ils nous ont fait plaisir, ces Bleuets ! Certes, les jeunes Sud-Africains ont livré une prestation des plus indigentes (dans le but d’éviter la Nouvelle-Zélande ?) en première mi-temps et certes, le deuxième acte fut beaucoup moins abouti après la sortie des meilleurs franchisseurs de l’équipe, ceux qui lui ont permis de casser les lignes et de jouer dans l’avancée. N’empêche : le récital livré à Narbonne jeudi soir, durant les quarante premières minutes, a eu de quoi ravir. Parce que les « petits » Français sont parvenus à jouer juste, tout simplement, régalant les spectateurs du Parc des Sports et de l’Amitié ainsi que les téléspectateurs. « Pendant le Tournoi des 6 Nations, nous étions déjà parvenus à mettre en place un avec un jeu ambitieux, expliquait le pilier Hassane Kalingar. Là, nous étions plus en difficulté sur les deux premiers matchs de cette Coupe du monde. Et contre l’Afrique du Sud, on a retrouvé le rugby qu’on aime pratiquer, avec beaucoup de jeu debout, dans les intervalles, des passes avant ou après contact… C’est l’envie du manager, il attend de nous qu’on puisse réaliser ce genre de choses. » Parce que cette équipe de France en a incontestablement les moyens humains, aussi bien physiques que techniques. Le genre de « détail » qui change tout…
Sauf que si avoir les moyens de ses ambitions est une chose, les mettre en musique sur le terrain de manière collective en est une autre. Et c’est en cela que la prestation des jeunes Français face à l’Afrique du Sud s’est avérée remarquable… Il ne s’agit pas ici de parler de l’organisation de l’équipe de France moins de 20 ans puisque celle-ci n’avait rien de révolutionnaire, avec des avants répartis sur la largeur du terrain en « 1-3-3-1 » comme cela est de mise dans toutes les catégories de la filière fédérale. Mais bien de la capacité des joueurs à (bien) réagir à chaque prise d’initiative individuelle d’un de leurs partenaires. Le cadre de jeu n’étant jamais là que pour faciliter ces inspirations individuelles, en aucun cas pour les brider. Ce qu’il y a eu de formidable, en l’espèce ? C’est que sur chaque « sortie du cadre » et autre franchissement, le porteur de balle tricolore s’est avéré en capacité de faire vivre le ballon par le biais d’un soutien toujours présent. Les Tricolores démontrant une faculté bluffante à accourir au soutien (question de fraîcheur physique ainsi que d’envie) mais surtout à bien communiquer et à présenter les bonnes courses…
VUE PANORAMIQUE ET COMMUNICATION AU PORTEUR
Un exemple ? S’il ne fallait en citer qu’un, il s’agirait de l’essai de Louis Carbonel, détaillé ci-dessus. Un modèle parfait puisqu’il illustre à la fois la capacité des Bleus à jouer devant (première passe de Berruyer ou passe sur un pas de Coville), au contact (passes après contact réalisés par Bamba et Woki) et dans le dos de la défense (bonne course de et recherche de soutien de Woki, bons soutiens de la charnière). Mais à plusieurs autres reprises dans la partie, ces schémas se sont reproduits (à plusieurs reprises après des franchissements de l’ouvreur Carbonel, notamment) qui ont vu les avants tricolores réaliser des relais parfaits, permettant à leurs trois-quarts de briller en bout de ligne.
Un hasard ? Certainement pas, si l’on veut se souvenir de ces mots que nous adressait voilà quelques années (déjà) l’entraîneur David Darricarrère. « Le soutien axial, c’est le meilleur, et c’est ce que je répète en permanence à mes joueurs, nous disait l’actuel entraîneur des trois-quarts des Bleuets, alors en charge de Castres. L’idéal, c’est bien sûr d’être plusieurs et de soutenir le porteur de balle « en étoile » de façon à ce qu’il ait des solutions de tous les côtés. Mais en pratique, on est rarement aussi nombreux. Or, quand on est le seul soutien, faire l’effort d’arriver à hauteur n’est pas toujours la bonne réponse. Il suffit que le porteur de balle cherche son soutien du mauvais côté, et on ne sert plus à rien… Rester en profondeur dans l’axe du ballon permet d’abord d’avoir un regard panoramique sur la situation, et de garder une marge d’accélération pour intervenir au bon endroit, au bon moment. Et si le porteur de balle doit pour une raison ou une autre passer par le sol, arriver dans l’axe permet de déblayer beaucoup plus efficacement que si on arrive par le côté. » Le fait d’arriver en premier pouvant également permettre de dynamiser le jeu même en cas de passage par le sol en relançant immédiatement le jeu sans passer par un déblayage, comme cela est arrivé à plusieurs reprises face aux Baby Boks. ■