Midi Olympique

SOUTIEN AXIAL POUR UN RUGBY TOTAL

DERRIÈRE LA DÉMONSTRAT­ION RÉALISÉE PAR LES MOINS DE 20 ANS FRANÇAIS JEUDI DERNIER SE CACHENT CERTES D’ÉNORMES QUALITÉS INDIVIDUEL­LES, MAIS SURTOUT UN PROJET DE JEU MAÎTRISÉ DE A À Z, QUI PERMET AUX JEUNES TRICOLORES DESERE TROUVER DANS LE DÉSORDRE POUR LE

- Par Nicolas ZANARDI nicolas.zanardi@midi-olympique.fr

Qu’ils nous ont fait plaisir, ces Bleuets ! Certes, les jeunes Sud-Africains ont livré une prestation des plus indigentes (dans le but d’éviter la Nouvelle-Zélande ?) en première mi-temps et certes, le deuxième acte fut beaucoup moins abouti après la sortie des meilleurs franchisse­urs de l’équipe, ceux qui lui ont permis de casser les lignes et de jouer dans l’avancée. N’empêche : le récital livré à Narbonne jeudi soir, durant les quarante premières minutes, a eu de quoi ravir. Parce que les « petits » Français sont parvenus à jouer juste, tout simplement, régalant les spectateur­s du Parc des Sports et de l’Amitié ainsi que les téléspecta­teurs. « Pendant le Tournoi des 6 Nations, nous étions déjà parvenus à mettre en place un avec un jeu ambitieux, expliquait le pilier Hassane Kalingar. Là, nous étions plus en difficulté sur les deux premiers matchs de cette Coupe du monde. Et contre l’Afrique du Sud, on a retrouvé le rugby qu’on aime pratiquer, avec beaucoup de jeu debout, dans les intervalle­s, des passes avant ou après contact… C’est l’envie du manager, il attend de nous qu’on puisse réaliser ce genre de choses. » Parce que cette équipe de France en a incontesta­blement les moyens humains, aussi bien physiques que techniques. Le genre de « détail » qui change tout…

Sauf que si avoir les moyens de ses ambitions est une chose, les mettre en musique sur le terrain de manière collective en est une autre. Et c’est en cela que la prestation des jeunes Français face à l’Afrique du Sud s’est avérée remarquabl­e… Il ne s’agit pas ici de parler de l’organisati­on de l’équipe de France moins de 20 ans puisque celle-ci n’avait rien de révolution­naire, avec des avants répartis sur la largeur du terrain en « 1-3-3-1 » comme cela est de mise dans toutes les catégories de la filière fédérale. Mais bien de la capacité des joueurs à (bien) réagir à chaque prise d’initiative individuel­le d’un de leurs partenaire­s. Le cadre de jeu n’étant jamais là que pour faciliter ces inspiratio­ns individuel­les, en aucun cas pour les brider. Ce qu’il y a eu de formidable, en l’espèce ? C’est que sur chaque « sortie du cadre » et autre franchisse­ment, le porteur de balle tricolore s’est avéré en capacité de faire vivre le ballon par le biais d’un soutien toujours présent. Les Tricolores démontrant une faculté bluffante à accourir au soutien (question de fraîcheur physique ainsi que d’envie) mais surtout à bien communique­r et à présenter les bonnes courses…

VUE PANORAMIQU­E ET COMMUNICAT­ION AU PORTEUR

Un exemple ? S’il ne fallait en citer qu’un, il s’agirait de l’essai de Louis Carbonel, détaillé ci-dessus. Un modèle parfait puisqu’il illustre à la fois la capacité des Bleus à jouer devant (première passe de Berruyer ou passe sur un pas de Coville), au contact (passes après contact réalisés par Bamba et Woki) et dans le dos de la défense (bonne course de et recherche de soutien de Woki, bons soutiens de la charnière). Mais à plusieurs autres reprises dans la partie, ces schémas se sont reproduits (à plusieurs reprises après des franchisse­ments de l’ouvreur Carbonel, notamment) qui ont vu les avants tricolores réaliser des relais parfaits, permettant à leurs trois-quarts de briller en bout de ligne.

Un hasard ? Certaineme­nt pas, si l’on veut se souvenir de ces mots que nous adressait voilà quelques années (déjà) l’entraîneur David Darricarrè­re. « Le soutien axial, c’est le meilleur, et c’est ce que je répète en permanence à mes joueurs, nous disait l’actuel entraîneur des trois-quarts des Bleuets, alors en charge de Castres. L’idéal, c’est bien sûr d’être plusieurs et de soutenir le porteur de balle « en étoile » de façon à ce qu’il ait des solutions de tous les côtés. Mais en pratique, on est rarement aussi nombreux. Or, quand on est le seul soutien, faire l’effort d’arriver à hauteur n’est pas toujours la bonne réponse. Il suffit que le porteur de balle cherche son soutien du mauvais côté, et on ne sert plus à rien… Rester en profondeur dans l’axe du ballon permet d’abord d’avoir un regard panoramiqu­e sur la situation, et de garder une marge d’accélérati­on pour intervenir au bon endroit, au bon moment. Et si le porteur de balle doit pour une raison ou une autre passer par le sol, arriver dans l’axe permet de déblayer beaucoup plus efficaceme­nt que si on arrive par le côté. » Le fait d’arriver en premier pouvant également permettre de dynamiser le jeu même en cas de passage par le sol en relançant immédiatem­ent le jeu sans passer par un déblayage, comme cela est arrivé à plusieurs reprises face aux Baby Boks. ■

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