Chat confirme, Priso s’affirme
AU BEAU MILIEU D’UNE DÉFAITE FLIRTANT AVEC L’HUMILIATION, RARES SONT LES JOUEURS À ÊTRE SORTIS DU LOT. LE TALONNEUR CAMILLE CHAT, PEUT-ÊTRE LE MEILLEUR BLEU, COMPTE PARMI CEUX-LÀ QUAND LE PILIER GAUCHE DANY PRISO S’EST LUI AUSSI MONTRÉ EN QUELQUES OCCASIO
Pour la première fois, Camille Chat était titulaire avec le maillot de l’équipe de France. Jusque-là, il avait toujours été dans l’ombre du capitaine Guilhem Guirado. Durant le Tournoi des 6 Nations, il était même apparu comme le troisième choix de Jacques Brunel, derrière le talonneur de Bordeaux-Bègles, Adrien Pélissié. Autant dire qu’il avait une carte importante à jouer face aux Blacks. Mission accomplie. Il a probablement été le meilleur Français dans une rencontre où rares ont été les joueurs à s’illustrer. Une véritable satisfaction, même si en touche, ses lancers n’ont pas été exempts de tout reproche et que sa responsabilité est évidemment engagée, au même titre que ses partenaires, dans la performance catastrophique du secteur aérien. En revanche, son dynamisme, son explosivité et sa vitesse lui ont permis de longtemps rivaliser au niveau du rythme avec le jeu proposé par les All Blacks. On l’a vu aux quatre coins du terrain, se démultipliant en défense et en étant l’un des rares français à lutter au sol. À son crédit, dix plaquages. Et sur les quelques ballons d’attaque joués par l’équipe de France, il a très souvent été au soutien du porteur de balle. On l’a vu aussi réaliser une charge pleine de hargne (7e), avant de s’illustrer par un jeu au pied dont il aurait franchement pu se passer... Un manque de lucidité soulignant parfois son immaturité pour le niveau international. Sur cette action, il s’en sort finalement bien car le ballon, après un coup de billard, retombe dans les mains de Dany Priso. Camille Chat, qui s’impose donc comme le complément idéal à Guilhem Guirado, a été remplacé par Adrien Pelissié (61e), dont l’entrée en jeu s’est révélée calamiteuse. Deux des huit essais inscrits par les Blacks sont à sa charge. Une prestation globale qui souffre aussi de la comparaison avec celle de Camille Chat.
15. Maxime MÉDARD : RENVERSÉ
Pas très inspiré en première période, le Toulousain a souvent été absent sous le jeu au pied de pression des All Blacks. Il commet un en-avant grossier (32e) et n’est pas très rassurant dans le rôle de dernier défenseur. Il explose deux fois, face à Anton LienertBrown (39e, essai refusé à la vidéo) et face à Ngani Laumape sur la sixième réalisation des Blacks. Il avait pourtant réalisé un meilleur début de seconde période avec une prise aérienne (49e) et une interception salvatrice devant l’en-but français.
14. Teddy THOMAS : ALTERNATIF
L’ailier du Racing reste un phénomène dans le secteur offensif. Il transperce la défense néo-zélandaise dès la 6e minute tout en assurant la continuité du jeu. À la 70e minute, il parvient encore à slalomer ballon en mains. Des qualités de vitesse qui lui permettent de sauver les Bleus (11e, 22e)... Mais Thomas a souffert défensivement en raison de mauvais placements ou de plaquages manqués (trois). Il est impliqué sur trois essais all blacks.
13. Matthieu Bastareaud : DISCRET
Le capitaine a été discret dans le secteur offensif même s’il a souvent résisté aux plaquages adverses. N’a pas gratté comme à son habtiude et s’est surtout attaché de défendre : avec dix plaquages réussis, il est le trois-quarts français qui s’est le plus employé malgré du déchet (trois manqués).
12. Geoffrey Doumayrou : VOLONTAIRE
Il sauve son camp sur le premier franchissement des All Blacks en interceptant la dernière transmission. Même chose en début de seconde période où il récupère un jeu au pied tapé au dessus du premier rideau. Un ballon perdu et une pénalité sifflée contre lui. Le rochelais s’est employé mais il n’a pas pu se démarquer dans le secteur offensif.
11. Rémy Grosso : BLESSÉ
Le Clermontois a marqué le seul essai français à l’Eden Park, sur interception. Il a été inspiré offensivement, avec un duel gagné (24e) permettant à Belleau d’entrer dans les 22 mètres adverses. Sa puissance est aussi utilisée à bon escient sur une combinaison en touche (29e). Il est raffûté par Ryan Crotty sur l’action qui amène l’essai de Ben Smith. Il finit sa soirée à l’hôpital à cause d’un plaquage dangereux. Remplacé par un Gaël Fickou dépassé.
10. Anthony BELLEAU : NEUTRE
Un petit espace trouvé dès la première minute de la rencontre puis l’ouvreur toulonnais s’est mon- tré très discret offensivement. Son jeu au pied n’a pas permis aux Bleus d’inverser la pression, notamment en début de seconde période. Dix plaquages à son crédit. Remplacé par Jules Plisson (61e) qui a souffert en défense.
9. Morgan PARRA : FRUSTRANT
Un début de match où il a peiné à s’imposer dans le costume du patron que son expérience doit lui offrir, étant incapable de rassurer ses partenaires par son expérience. Il est contré sur un dégagement (11e), et tente d’alerter Thomas juste devant son en-but. Il réalise quand même un superbe sauvetage sur Ioane (38e) mais ne réalise qu’un 50 % dans ses tentatives de but. Remplacé par Serin (61e), auteur d’un retour gagnant sur Damian McKenzie.
7. Kévin GOURDON : TRANSPARENT
Qu’elle semble loin la révélation de la tournée de novembre 2016. Kévin Gourdon n’a pas répondu aux attentes. Même dans son registre de joueur capable d’évoluer après contact, il a déçu. Dès le début de la rencontre, il a laissé s’échapper un ballon (1ère) après avoir tenté de passer les bras. Le quatrième essai des All Blacks peut lui être imputé. En revanche, il a été le premier soutien sur la percée de Thomas (7e).
8. Fabien SANCONNIE : DÉPASSÉ
Jacques Brunel avait justifié sa titularisation en déclarant : « On
n’a pas vraiment d’autre choix », faisant avec les moyens du bord en raison des différents forfaits. Le pauvre Sanconnie a vite été en difficulté. «Coffré» derrière une mêlée par Smith (19e), il s’en sort sur le coup grâce une intervention de l’arbitre en sa faveur. Il s’est aussi montré imprécis sur une passe pour Maestri, ne pouvant faire autrement que de commettre un en-avant (30e). Rebelote sur une bonne prise de balle en touche (35e), il envoie en suivant une passe avec rebond à Parra… Bref, une déception.
6. Judicaël CANCORIET : DISCRÉTION
Titularisé au nom de sa puissance, on ne l’a pas vu ballon en mains. Dommage. En revanche, il a toujours été agressif en défense. Son plaquage de la 25e minute a permis de jouer un ballon de récupération. Globalement, il s’est montré discret. Il a été remplacé par Lapandry (61e), pénalisé sur sa première touche.
5. Yoann MAESTRI : PRÉCIEUX
Retour globalement réussi.Absent depuis un an de l’équipe de France, Maestri a répondu présent dans le combat et fut très actif. Dix plaquages à son crédit, il a enchaîné les tâches avant de lentement lâcher prise... Même son expérience aurait pu lui permettre d’apporter autre chose à un XV de France en difficulté, il a sans doute marqué des points dans la perspective de la Coupe du monde 2019 au Japon.
4. Paul GABRILLAGUES : CARTON
Avec son futur compère du Stade français Yoann Maestri, Paul Gabrillagues a réalisé une prestation de niveau international. Malheureusement, son carton jaune pour un plaquage jugé haut par l’arbitre a marqué le tournant de la rencontre et forcément terni sa prestation. Souvent le premier sur les phases de plaquages après du jeu aérien, il a été impeccable sur les ballons hauts (21e). Il a aussi permis de récupérer un ballon précieux (44e) dans les 22 mètres français.
3. Uini ATONIO : DÉCEVANT
Jacques Brunel voulait absolument le voir commencer une rencontre, il a vu et maintenant il sait… Pour sa première sélection de l’ère Brunel,Atonio devait convaincre, il a échoué. D’abord parce qu’il a été indiscipliné. Deux fautes évitables par un manque de lucidité. Ensuite, en mêlée fermée où il n’a pas apporté ce qu’on attendait de lui. Il a été remplacé par Slimani (45e) qui s’est fait soulever sur sa première mêlée par Tu’inukafe (48e), une faute coûtant trois points. Le pilier clermontois a ensuite rectifié le tir mais n’a rien pu faire face à la déferlante noire.
1. Dany PRISO : SATISFAISANT
Globalement, il est une des rares satisfaction dans les rangs français. Très actif dans le jeu courant, on l’a vu effectuer deux percées, dont une amenant l’essai de Rémy Grosso (7e). En mêlée fermée, il a mis Owen Francks sous pression en début de rencontre. Il a même contraint le pilier droit des All Blacks à se mettre à la faute (10e). En suivant, les mêlées se sont équilibrées. Il a malheureusement commis une faute bête en début de match (13e), offrant les trois premiers points au Néo-Zélandais. Il a été remplacé, sans doute un peu trop tôt, par Cyril Baille, qui s’est montré très discret. ■