LA GÉNÉRATION JIFF
LA VICTOIRE DES BLEUETS EST AUSSI CELLE DU SYSTÈME DES JIFF POURTANT SI DÉCRIÉ MAIS QUI A PERMIS L’ÉCLOSION DE CETTE GÉNÉRATION QUI, DANS SA TRÈS GRANDE MAJORITÉ, A DÉJÀ ARPENTÉ LES TERRAINS DE TOP 14 ET DE PRO D2.
Leur parcours a surpris la France et son rugby d’élite moribonds depuis des lustres. Victorieux du dernier Tournoi, désormais finalistes de leur Coupe du monde, Arhur Coville et ses partenaires éclatent au grand jour. Des succès qui tordent le cou à bien des idées reçues et qui ne doivent rien au hasard. « Je tiens à remercier les clubs professionnels et la LNR. Il faut les associer à cette réussite. Les moins de 20 ans ne sont plus bloqués à Marcoussis et s’entraînent en semaine dans leurs clubs. Grâce à la règle des Jiff, ils obtiennent du temps de jeu le week-end. Les entraîneurs n’ont plus peur de les tester », clamait Bernard Laporte, emballé par cette bande de jeunes qui bouscule tout sur son passage. Car cette équipe de France est la première à bénéficier des effets du système de Joueurs issus de la filière de formation (Jiff) mis en place par la LNR en 2013, combiné à la fin du pôle France où une trentaine de « privilégiés » étaient cloîtrés à « Marcatraz » !
L’EXPÉRIENCE DU TOP 14 ET DU PRO D2
Mardi soir, en demi-finale, dix-huit des vingttrois Bleuets avait déjà foulé les pelouses professionnelles, alors que seulement onze des vingt-trois Baby Blacks avaient déjà arpenté l’ITM Cup, le championnat national néo-zélandais, dont la formation est pourtant souvent montrée en exemple. Dans le détail, cinq Français affichaient déjà plus de quinze apparitions (Laporte à Agen, Coville au Stade français,Woki à Bordeaux-Bègles, Berruyer et Geraci à Grenoble) avec les grands contre zéro pour leur adversaire. « C’était déjà le cas l’année dernière même si c’était passé inaperçu. L’équipe de France comptait le plus de joueurs ayant évolué avec les pros. Cette année, le mouvement s’est amplifié. L’effet Jiff se fait clairement sentir », argumente Didier Retière, le DTN, qui insiste aussi sur l’ouverture de la FFR vers les clubs. « Nous n’avons plus les joueurs in situ toute l’année ; du coup, ce sont les entraîneurs fédéraux qui se rendent dans les clubs pour discuter avec les coachs et voir les joueurs. On peut parler de connivence entre techniciens. »
Les bienfaits du système Jiff permettent de voir les Bleuets maîtriser leur sujet face aux Baby Boks, encore plus face aux Néo-Zélandais. Et afficher ainsi une nouvelle maturité. « Peutêtre que celle-ci prend sa source dans le fait que nous sommes nombreux à avoir déjà évolué en Top 14 ou en Pro D2. C’est indéniable qu’en termes d’expérience et de vécu, c’est un vrai plus. On ne panique pas à la moindre faute », abonde Arthur Coville.
Une génération qui, pour sa grande majorité, n’est qu’au début de son histoire, aussi bien en Top 14 qu’avec les moins de 20 ans. « Une grande majorité d’entre eux ne sont que première année, c’est-à-dire qu’ils pourront encore postuler l’an prochain » , indique leur coach Sébastien Piqueronies. Pourtant, il ne serait pas étonnant de retrouver plus haut encore et très vite les Carbonel, Ntamack, Bamba ou encore Woki.