PLUS QU’UNE PROMESSE
À WELLINGTON, LE JEUNE OUVREUR DE TOULON DISPUTAIT SON SIXIÈME MATCH SOUS LE MAILLOT DE L’ÉQUIPE DE FRANCE. ET IL A CERTAINEMENT LIVRÉ SA MEILLEURE PRESTATION EN BLEU.
Cinq matchs, cinq défaites. Anthony Belleau devait rêver à des débuts en Bleu moins douloureux. Pour sa sixième sélection, la quatrième en tant que titulaire, l’ouvreur toulonnais a encore perdu. Pourtant, il a certainement joué sa meilleure partition depuis ses débuts internationaux à l’automne dernier. Même si Jean-Baptiste Elissalde, l’entraîneur des trois-quarts tricolores, regrettait encore quelques jeux au pied inappropriés qui ont permis aux Néo-Zélandais de bénéficier de précieuses munitions, l’ancien demi de mêlée international était le premier à souligner le bon comportement de l’ouvreur tricolore : « Il joue, et plus il jouera, mieux il sera. Depuis le temps que l’on dit qu’il faut laisser un ouvreur en place... J’espère qu’il va continuer à enchaîner les matchs. Il travaille beaucoup aux entraînements, c’est un garçon sérieux. Il a tout en mains pour rester chez les Bleus. Il doit sentir qu’il appartient à cette équipe, qu’il ne soit plus dévisagé, pensant qu’on l’envoie à l’abattoir, portant à lui seul sur ses épaules toute la destinée du rugby français. »
PARRA POUR LE GUIDER
Il faut dire que le rugby français n’est pas tendre avec ses ouvreurs, les brûlant plus vite que de la cagette dans un barbecue. À Wellington, Anthony Belleau s’est libéré, trouvant assez de sensations pour aussi bien jouer la partition définie à l’avance mais se laissant aller à des inspirations plus personnelles, remportant ses duels, trouvant des espaces. La semaine de travail supplémentaire aux côtés de Morgan Parra a bien sûr pesé dans la balance même si le demi de mêlée clermontois n’a pas toujours été tendre avec le jeune toulonnais, comme lors de la séance de mardi. « Je me suis trompé sur une annonce, expliquait-il, Il m’est rentré dedans mais c’est normal et je le comprends. Morgan a beaucoup d’expérience, beaucoup de sélections et il a joué énormément de matchs de Coupe d’Europe ou de phases finales. Je ne peux qu’écouter ses conseils d’autant plus qu’il ne gueule pas pour n’importe quoi ou n’importe quand. Je pense qu’il faut être franc les uns envers les autres. C’est le cas de Morgan. Il me dit les choses quand ça ne va pas, ça me permet d’avancer. » Il faut dire que le jeune ouvreur français impressionne par sa maturité, en étant capable d’analyser ses performances avec une grande lucidité. « C’est déroutant de discuter avec lui, poursuit Elissalde, il est très posé et raisonné malgré son jeune âge. »
UN MOMENT INATTENDU
Difficile de contredire le technicien rochelais. Samedi, à la fin de la rencontre, Anthony Belleau avait en effet réussi un magnifique contre-pied pour expliquer la force de caractère retrouvée du XV de France : « La visite de l’école jeudi dernier m’a vraiment surpris. Je pense que ça sera un des plus beaux moments, si ce n’est le plus fort de cette tournée. Nous avons été accueillis avec une générosité exceptionnelle. On a senti beaucoup d’amour. » Cette école de la banlieue d’Auckland, où la majorité des enfants sont défavorisés est notamment celle de l’ancien All Black Michael Jones. « Le rencontrer, c’était fantastique. On a senti cette transmission entre générations et la cohésion entre les élèves. Quand on est remonté dans le bus, nous étions tous retournés. Ça sera un souvenir énorme, de voir que lorsque l’on fait les choses ensemble, avec beaucoup de valeurs, cela crée une espèce d’émulation. Je remercie encore et encore ces élèves. » Un moment en dehors de la routine d’un rugbyman professionnel qui a permis de relativiser et d’aborder ce second test avec une autre vision.