EN IMMERSION CHEZ LES HURRICANES
CLÉMENT QUERRU A INTÉGRÉ L’ACADÉMIE DES HURRICANES PENDANT SEPT SEMAINES. NOUS L’AVONS SUIVI PENDANT SON DERNIER JOUR DE « CLASSE ».
Il nous avait donné rendez-vous au Rugby League Park, centre d’entraînement des Hurricanes. Pourtant, on a bien cru ne pas avoir la bonne adresse et posé, bien malgré nous, un lapin à Clément Querru. Devant nos yeux, un seul petit terrain à flanc de montagne et une toute petite tribune de l’autre côté. Difficile de croire que l’on se trouve à quelques mètres du centre névralgique de la province où évolue les frères Barrett, Dan Coles ou TJ Perenara, celle qui a vu passé Tana Umaga, Conrad Smith, Jonah Lomu ou Aaron Cruden même s’il est difficile de citer toutes les légendes des Hurricanes. Clément Querru est pourtant bien là. « Effectivement, c’est assez surprenant. Moi aussi quand je suis arrivé la première fois, je me suis dit que ce n’était pas possible que ce soit le centre d’entraînement des Hurricanes. » Pour nous rassurer, Clément nous fait passer devant la salle de musculation. Pas de doute possible, Julian Savea est bien là, Ben Lam, nouveau recordman d’essais en Super Rugby, aussi. Tous les joueurs des «Canes», mis à part ceux retenus avec les All Blacks, sont au travail. « Quand je suis arrivé ce matin pour ma séance à 6 h 30, il y avait même Ngani Laumape. » Celui qui a envoyé valser Médard lors du premier test-match à Auckland et qui était de nouveau présent face aux Bleus ce samedi à Wellington. Rien de surprenant pour Clément Querru qui partage le quotidien des Hurricanes depuis désormais sept semaines.
Qui est ce Français qui arpente les couloirs en toute décontraction ? Âgé de 23 ans et originaire de Massy, Clément vient d’être champion de France de Fédérale 1 avec Aix-en-Provence. Il a signé son premier contrat professionnel avec le nouveau pensionnaire de Pro D2. « Depuis tout petit, venir en Nouvelle-Zélande était un rêve. Je voulais savoir comment fonctionne le rugby ici et pourquoi ces joueurs sont meilleurs que nous. » Partenaire de Régis Lespinas, qui était parti à l’aventure en 2013, jouant même deux matchs d’ITM Cup avec Hawke’s Bay, ce dernier lui propose un voyage clé en main au pays des All Blacks (lire en encadré). Après une semaine passée à fêter le titre, Clément Querru s’est donc envolé pour Wellington afin de passer ses vacances au sein de l’Académie des Hurricanes et devenir un joueur éphémère de Paremata-Plimmerton, club situé à trente minute au nord de la capitale néo-zélandaise.
SOUS L’OEIL DE SO’OIALO ET CORY JANE
Un voyage d’étude qu’il a entièrement financé : « J’ai choisi de séjourner en famille d’accueil, pour mieux découvrir la vie ici. Je ne parlais pas un mot d’anglais donc j’utilisais la première semaine une application sur le téléphone pour m’aider à traduire. Et je travaillais aussi dans un pub comme serveur quand je n’étais pas à l’entraînement. »
Quatre fois par semaine (lundi, mardi, mercredi et jeudi), Clément a donc rendez-vous à 6 h 30 pour la séance de musculation au sein de l’Académie. Puis, à 7 h 30 il prend la direction du terrain pour travailler les skills avec Cory Jane (55 sélections) et Rodney So’oailo (62 sélections). Rien que ça.
« En sept semaines, j’ai progressé au niveau de ma passe, dans les attitudes, les courses sans ballon et sur l’ensemble de ma technique individuelle. Ils sont de précieux conseils. Ce n’est pas le même travail qu’en France, notamment au niveau de la passe. C’est très précis. » Le mercredi, la séance d’entraînement du matin est consacrée à la vitesse et l’explosivité. « Les mardi et jeudi soirs, je m’entraînais aussi avec mon club. J’ai joué cinq matchs du championnat de la province. Nous avons gagné les deux premiers. On joue sur des terrains sans tribune où les gens et les remplaçants sont assis par terre. Pourtant, les joueurs des Hurricanes qui ne sont pas retenus en Super Rugby, viennent aussi jouer dans ce championnat. C’est un peu le rugby campagne. La majorité des clubs n’ont pas les infrastructures d’un club de Fédérale mais les meilleurs joueurs du monde sont ici. Ils n’ont pas besoin de ça pour bien jouer au rugby. » Il rigole encore au souvenir de son premier match : « J’ai eu des crampes à la 60e minute. Je me suis vite rendu compte que la dimension physique n’a rien à voir. Ils ne sont pas très costauds mais privilégient la vitesse du jeu. D’ailleurs, la plupart des Hurricanes sont moins «dessinés» que les joueurs en France. Le plus important pour eux, c’est de travailler les jambes. En France, on privilégie le haut du corps pour les impacts. C’est une autre philosophie. » Ce lundi, Clément Querru reprend l’avion pour la France afin d’attaquer la préparation avec Provence Rugby mais il pense déjà à revenir. Fort de cette première expérience au pays des All Blacks, il conseille aux jeunes rugbymen français de venir découvrir cette autre façon de vivre et penser le rugby. Clément n’était d’ailleurs pas le seul étranger au sein de l’académie des Hurricanes mais il était le premier Français, à la grande surprise de Shane Binnie, le directeur des lieux : « La formation française est bonne mais, ici, j’ai découvert une autre vision. » Au sein des locaux plutôt inattendus des Hurricanes.
« La plupart des Hurricanes sont moins dessinés que les joueurs en France [...] En France, on privilégie le haut du corps. C’est une autre philosophie. »