Le grand chantier des ligaments croisés
AVEC QUARANTE-QUATRE BLESSURES POUR MILLE HEURES DE JEU, LE RUGBY RESTE UN SPORT À RISQUES. LES PATHOLOGIES DES GENOUX ET DES ÉPAULES PROGRESSENT.
Si la bonne nouvelle, on l’a vu, réside dans la baisse du nombre de commotions cérébrales, le rugby n’en demeure pas moins dangereux pour autant, puisque le nombre de blessures recensés en Top 14 n’a pas diminué. « Mais pour la première fois, ce nombre n’a pas augmenté, ce qui n’est déjà pas si mal, sourit Bernard Dusfour. On demeure sur un chiffre légèrement supérieur à quarante-quatre blessures pour mille heures de jeu par joueur. Concernant les postes, on n’a pas encore les chiffres exacts mais la tendance semble la même que les saisons précédentes. Les positions les plus sujettes aux blessures demeurent celles des ouvreurs, des demis de mêlée et des centres. C’est clairement lié à la vitesse du jeu plus importante et à des collisions plus fortes, en comparaison au jeu pratiqué une quinzaine d’années en arrière, où les joueurs les plus touchés étaient ceux de première ligne. En conséquence, sur un nombre total de blessures équivalent par rapport à la saison dernière, la proportion de pathologies du genou et de l’épaule ont augmenté, et sont les deux premières causes de blessures (hors commotion cérébrales), loin devant les blessures à la cheville. »
TRAVAIL DE PRÉVENTION MULTIDISCIPLINAIRE
Un constat bien évidemment de nature à inciter le président de la commission médicale de la LNR à se concentrer sur la prévention, notamment sur le sujet sensible des ligaments croisés antérieurs, d’autant plus sollicités sur les terrains synthétiques et hybrides. « Nous allons lancer un travail multidisciplinaire au sujet des ligaments croisés antérieurs, avec des spécialistes. On conserve bien sûr toujours une orientation médico-chirurgicale mais on souhaite faire davantage de place à la prévention, en faisant intervenir des biologistes, des biomécaniciens, des préparateurs physiques… Le but est évidemment de trouver les moyens pour essayer de faire baisser le nombre de ruptures des ligaments croisés, même si on sait pertinemment que les résultats ne seront pas immédiats. »
Lesquels passeront aussi, évidemment, par une évolution au niveau de la pratique et des formes de jeu favorisées. Qui sait, on peut bien rêver…