Midi Olympique

« On pourrait en retrouver dans le groupe pour 2019 »

- Propos recueillis Par Pierre-Laurent GOU pierre-laurent.gour@midi-olympique.fr

Qu’est-ce que cette génération a de plus que ses devancière­s, qui n’arrivaient jamais à de tels résultats ?

C’est difficile de comparer ! Nous avions déjà été champions du monde des Moins de 21 ans, mais c’est vrai que cela remonte à quelques années (2006,

N.D.L.R.)… Nous sommes tombés sur une excellente génération que nous avons cherché à accompagne­r. Je suis convaincu qu’avoir supprimé le pôle France à Marcoussis, qui était pour moi une aberration, a permis à certains joueurs d’éclore et d’accumuler du temps de jeu avec leur club. Je suis aussi persuadé que si nous avions continué à les cloîtrer au CNR, leurs entraîneur­s ne leur auraient pas fait confiance. Je connais cette problémati­que pour l’avoir vécue à Toulon. Il y a trois ans, j’avais pris en stage avec nous à Tignes, Louis Carbonel et Swan Rebbadj, en présaison. Le petit Carbonel, il bossait comme un dingue son jeu au pied avec Jonny Wilkinson ! Quant à Rebbadj, il alignait des perfs surprenant­es aux tests physiques. En septembre, ils étaient repartis au CNR et du coup, je ne les ai pas alignés en Top 14. Ils perdaient du temps. Étant disponible­s tout le temps dorénavant, les jeunes joueurs comptent dans l’esprit de leurs coachs qui les font jouer. C’est l’un des éléments primordiau­x de la formation : il faut jouer. Et cette génération joue !

Ce parcours n’est-il pas une formidable nouvelle pour France 2023, qui va avoir des prétendant­s talentueux pour l’équipe de France ?

C’est sûr que nous avons avec ce groupe les principaux candidats pour le Mondial 2023. Ils auront tous entre 24 et 25 ans et postuleron­t ! Mais on va peut-être en voir dès 2019. Il reste encore une saison avant le Mondial au Japon, et s’ils continuent à progresser, à augmenter leur temps de jeu dans les clubs, je suis persuadé que certains frapperont à la porte des Bleus. Ils sont très clairement l’avenir du XV de France !

À l’ouverture, on semble avoir plusieurs joueurs à fort potentiel avec Carbonel, Ntamack, sans oublier Jalibert.

Effectivem­ent, c’est un poste où l’on est plus ou moins démuni et trois jeunes de grande qualité viennent d’éclore. Ce sont trois joueurs qui sont depuis plusieurs mois sur les radars de la FFR. Le petit Carbonel, je le répète, j’avais envie de le tester. Son potentiel était impression­nant aux entraîneme­nts, mais je ne pouvais pas, car il était toute la semaine au CNR. Ntamack a été inscrit sur la liste des joueurs protégés dès l’an prochain. Quant à Jalibert, Jacques Brunel l’avait lancé avec l’UBB. Ils vivent déjà dans le monde profession­nel. Ils ont déjà acquis une maturité qu’ils n’auraient pas en évoluant seulement dans les catégories de jeunes.

Que penser de Jordan Joseph, surclassé de deux ans ?

De temps en temps, nous avons une pépite. Je ne veux pas le glorifier trop tôt, mais il semble être hors normes. Il possède le talent et les attitudes pour percer et devenir un très grand joueur. On peut lui prédire un grand avenir s’il reste dans le bon chemin.

N’est-ce pas une des missions de la FFR, que d’accompagne­r ses jeunes espoirs ?

Si mais en collaborat­ion avec leurs clubs. À partir de demain, ils vont partir à temps plein dans le monde profession­nel et j’espère s’y imposer. On va continuer à les suivre mais en corrélatio­n avec leurs employeurs respectifs. Je crois que l’on peut prédire à ce groupe un très bel avenir. À eux de s’accrocher, de s’imprégner des obligation­s d’un joueur profession­nel, de s’imposer d’abord dans leur club et puis de postuler pour le XV de France. Leur titre de champions de monde des moins de 20 ans va les aider à avoir du crédit, du respect de la part de leurs partenaire­s. Il n’y a pas de doute. Demain, ils seront en équipe de France. Ils en sont l’avenir, je le répète.

Certains sont-ils déjà tout proches du XV de France ?

À cet âge-là, tout va très vite. Clément Laporte, qui évolue en Top 14, va clairement frapper à la porte très rapidement. On pourrait très bien le retrouver, lui et un ou deux autres, dans le groupe pour 2019. Ce sera à l’appréciati­on de Jacques Brunel et de son staff, qui n’ont pas hésité à lancer Jalibert durant le dernier Tournoi. À partir du moment où il est titulaire avec son club et sélectionn­able, le jeune joueur doit venir chez les Bleus s’il en a les qualités. Peu importe son âge.

Cette Coupe du monde U20 estelle une réussite sur tous les plans ?

Nous étions pour cette compétitio­n dans un véritable territoire de rugby. Et ces jeunes ont été très soutenus par un formidable public. Je tiens à dire merci aux supporters qui ont rempli les stades de Narbonne, Perpignan et Béziers. D’abord parce que cette équipe suscitait de l’enthousias­me, de l’excitation. Il y a eu une véritable communion, pourtant ce n’était pas gagné. Quand nous avons choisi, il y a quelques mois, de venir suppléer l’Argentine qui ne pouvait pas organiser la compétitio­n, nous partions dans l’inconnu.

Et derrière ces moins de 20 ans, l’avenir s’annonce-t-il encore radieux ?

Oui, la prochaine génération des Moins de 20 ans est aussi porteuse d’espoirs. La source n’est pas tarie et j’espère même que l’on va arriver à sortir chaque année, une génération forte ! À terme, ce sera bénéfique pour le XV de France.

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