LA POLYVALENCE À L’EXTRÊME
TITULARISÉ À L’AILE, IL S’EST RETROUVÉ À COUVRIR LE POSTE D’ARRIÈRE AVEC TEDDY THOMAS, DANS UN DRÔLE D’EXERCICE D’ÉQUILIBRISTE AVANT DE TERMINER LA RENCONTRE AU CENTRE, SON POSTE DE PRÉDILECTION.
Cela vous est-il déjà arrivé de demander à votre boulanger de vous concocter un carré d’agneau au lait de coco et aux trois herbes ? De prime abord, rien d’inabordable. Les domaines de compétences ne semblent pas très éloignés mais quand même… La tâche peut vite s’avérer complexe, voir insurmontable. C’est peu ou prou ce que Jacques Brunel et son staff ont réclamé samedi à Gaël Fickou. Trois postes occupés en une seule rencontre, ça vous situe la difficulté à laquelle a été confrontée le futur joueur du Stade français, titularisé au poste d’ailier. Certes, on ne lui a pas demandé de jouer talonneur mais quand même… « Ce sont les circonstances qui m’ont poussé à passer un peu à l’arrière puis au centre, précise Fickou. Évidemment, ce n’est pas simple mais ça s’est bien passé dans l’ensemble. »
UN VOEU DE STABILITÉ
De toute évidence, cela aurait pu prendre une tout autre tournure. Après l’expulsion de Fall (12e), les Bleus ont été contraint à une réorganisation acrobatique. « Comme nous avions une mêlée plutôt stable, nous avons fait le choix de détacher Kévin Gourdon, notamment au poste d’ouvreur sur les mêlées au centre du terrain, ou au poste d’ailier proche des lignes de touche, explique l’entraîneur des trois-quarts, Jean-Baptiste Elissalde. Du coup, on a défendu à égalité numérique derrière. Avec une suppléance de Teddy Thomas ou Gaël Fickou au poste d’arrière. » Ces deux-là s’en sont bien sortis. « Morgan nous a aussi beaucoup aidé dans la couverture, précise Fickou. Et heureusement, nous avions bossé en sous-nombre dans la semaine pour parer cette éventualité.Tous les scénarios avaient été imaginés. Cela nous a permis d’avoir des repères. »
D’aucuns ont regretté que le centre de formation, qui n’a retrouvé son poste de prédilection qu’à l’entrée de Médard à la place de Doumayrou (62e), n’ait pas davantage pesé offensivement. À juste titre. Mais la débauche d’énergie requise pour couvrir tous les espaces du fond de terrain a probablement vidé les accus du Toulousain, pourtant enclin à venir se proposer au coeur du jeu pour y apporter des solutions. « Ce fut dur physiquement, a confirmé l’intéressé. Il a fallu beaucoup bouger et se déplacer pour colmater les brèches. » Et puis, Gaël Fickou n’en dit trop rien, trop content de pouvoir trouver sa place sur le terrain, mais sans doute, au plus profond de lui, aimeraitil pouvoir se stabiliser à son poste de formation.
En début de semaine dernière, il l’avait laissé entendre à demimot : « J’ai du mal à me projeter car à l’entraînement, je travaille autant à l’aile qu’au centre. Jouer sur un seul poste, c’est quand même plus simple pour préparer un match. Je ne veux pas faire la pleureuse mais mon poste depuis toujours c’est celui de centre, même si ça ne m’empêche pas de me donner à 200 % quand je joue à l’aile. » Avant de s’engager avec le Stade français, il a longuement évoqué cette problématique avec son futur manager, Heyneke Meyer. « Je ne lui pas ai dit que je voulais jouer ailier, évidemment. Au contraire, j’ai signé à Paris pour jouer centre mais il sait que ça peut arriver en équipe nationale. » Et Fickou de confier : « Je sais qu’il veut faire venir un technicien pour le jeu aérien. Je suis intéressé pour progresser dans ce secteur de jeu dans la perspective de l’équipe de France. Il m’a dit qu’on allait travailler ça ensemble. » Au risque de devenir définitivement le couteau suisse des Bleus...