Si loin de Moscou...
Vous êtes au courant ? Il paraît que la Coupe du monde de football a débuté. Si, si, promis, juré. En France, cela ne vous a sûrement pas échappé. Comment se soustraire au bêlement « tsunamiesque » qui a envahi depuis quelques jours les écrans de télévision, les radios mais aussi les rues pavées de publicités rappelant que tout un chacun doit vivre à l’heure du Mondial en Russie. Impossible probablement de Paris à Toulouse de fuir le totalitarisme du ballon rond. Le diktat du football est un fait. Arriver au bureau et passer par la machine à café sans connaître le résultat du match entre le Maroc et l’Iran de la veille, c’est prendre le risque d’être marginalisé. Pendant plus d’un mois, ce ballon rond, il faut l’aimer, le chérir, le commenter, le relayer jusqu’à en vomir. Seule échappatoire : l’exil.
Ça tombe bien, World Rugby a eu la riche idée de désigner la Nouvelle-Zélande pays hôte du XV de France pour la traditionnelle tournée d’été. Et ça tombe encore mieux que les All White, surnom des footeux kiwis par opposition à leurs hégémoniques cousins all blacks, ont été éliminés par le Pérou en match de barrage qualificatif pour la Coupe du monde. Le football a donc beau être le plus populaire, le plus universel des sports, celui qui se pratique même dans les coins les plus reculés avec des canettes vides ou des morceaux de chiffons assemblés en pelote, le pays au long nuage blanc, lui, résiste. N’est pas La Mecque du rugby qui veut. Ici, trouver un bar qui diffuse un match de « soccer », c’est comme déceler un défaut à l’icône Richie McCaw : impossible. Et si vous avez l’outrecuidance de réclamer un changement de chaîne pour suivre le match d’ouverture de la compétition, on vous rit au nez : la Rugby League tournant en boucle sur tous les écrans, en rediffusion s’il le faut. Même au siège de la « New Zealand Football », la fédération locale située au QBE Stadium, lieu d’entraînement des
Bleus à Auckland, aucune effervescence. Les panneaux publicitaires ? Ils s’affichent en taille XXL un peu partout dans les rues d’Auckland ou Wellington mais ne rappellent en rien l’événement planétaire. Sur cette terre, Ronaldo et Messi ne font vendre ni les gels de rasage, ni les fours à micro-ondes. Les têtes d’affiche se nomment Kieran Read ou Dan Carter. Et franchement, ça nous va bien.