PARRA PLÉBISCITÉ
ÉCARTÉ DE L’ÉQUIPE DE FRANCE DEPUIS PLUS DE DEUX ANS ET DEMI, LE CLERMONTOIS SIGNE UN RETOUR REMARQUÉ EN BLEU. LE PATRON, C’EST DÉJÀ LUI.
Àl’extérieur, Morgan Parra ne fait pas toujours l’unanimité. Trop lent pour certains, pas adapté aux exigences du rugby de 2018.Trop clivant, quoiqu’il arrive. Le demi de mêlée clermontois porte ces a priori depuis le début de sa carrière. Ils avaient infusé jusque dans les bureaux de Marcoussis, où l’ancien staff des Bleus décida de se passer de ses services pendant deux ans. Deux années de placard, puis le dernier Tournoi des 6 Nations raté sur blessure, cela faisait donc 32 mois que Parra n’avait plus porté la tunique bleue, avant cette tournée néo-zélandaise. Une éternité, pour le joueur le plus doué de sa génération.
À Auckland, Parra a donc signé son retour. Il ne lui aura fallu que trois semaines pour mettre la main sur ce groupe France, dont il sera le capitaine, samedi à Dunedin, pour la première fois de sa carrière. En interne, il n’a pas seulement convaincu. Il est plébiscité. Jugez plutôt : « C’est un leader partout, embraye son coéquipier de club Wesley Fofana. De parole, de rassemblement mais aussi un leader sur le terrain par ses choix stratégiques et ses choix... plus physiques, on va dire (il sourit). Morgan n’hésite pas à aller dans les rucks s’il manque des mecs, à défendre sur des types qui font le triple de lui. C’est un leader par l’exemple et dans sa faculté à rassembler les mecs. » Un leader qui n’hésite pas à hausser la voix.Aux entraînements, c’est lui qui parle quand les joueurs se réunissent. C’est aussi lui qui recadre les étourdis. Sans ménagement. « Il me gueule dessus et j’adore ça ! À La Rochelle, personne ne me gueule dessus. À part Brock James, parfois... Mais Morgan, il n’hésite pas et ça me fait du bien. Il sait me motiver », raconte le pilier rochelais Uini Atonio. Qui va jusqu’à commenter la nécessité de son retour en équipe de France, où sa présence rassure. « C’est mon patron et il m’engueule pour que je retourne au boulot (il sourit). Je suis content qu’il soit revenu en Bleu. Pourtant il y a beaucoup de bons numéro 9 en France : Dupont, Baptiste (Serin, N.D.L.R.)... Des jeunes avec du gaz. Mais des caractères comme Morgan, il n’y en a pas beaucoup. C’est le patron. »
HANSEN : « PARRA, C’EST LEUR GÉNÉRAL »
Tant de louanges posent nécessairement cette question : comment a-t-il pu être écarté si longtemps ? « Ils ne voulaient pas de moi, tout simplement », commente sobrement le joueur. « Morgan joue le meilleur rugby de sa carrière. Il reviendra en Bleu, je ne me fais pas de soucis pour lui », disait alors son entraîneur de club, Franck Azéma. Dans une équipe en manque de leaders et de caractères, abonnée aux défaites encourageantes, la réputation de Parra avait pourtant dépassé nos frontières. « C’est leur général, clairement. Il a de l’emprise sur la conduite du jeu et du match », appréciait Hansen à son propos, en début de tournée. Steve Tew, président de la NZRU (fédération néo-zélandaise) rencontré la semaine dernière à Wellington, tenait un propos similaire. « Ce petit mec est incroyable.Vous avez vu la manière dont il dirige ses troupes ? »
Parra, donc, ne fait plus vraiment débat. Capitaine, demi de mêlée et buteur, il tiendra sur ses épaules une partie du sort du XV de France, samedi à Dunedin. « Mais avec l’expérience, j’ai compris que je n’étais rien sans mes coéquipiers, tempère régulièrement le joueur. Ce sont toujours les autres qui vous rendent bon. » S’il n’est effectivement pas le plus rapide, Parra a justement cette capacité à rendre les autres, autour de lui, meilleurs.