Midi Olympique

UN BRAS DE FER VILLAGEOIS

LE RENDEZ-VOUS ENTRE BÉDARRIDES-CHÂTEAUNEU­F-DU-PAPE ET FLEURANCE DEVRAIT DEBOUCHER SUR UNE BONNE GROSSE DOSE DE SUSPENSE. POUR LES DEUX CLUBS, LE MOMENT EST HISTORIQUE.

- Par Olivier GAGNEBIEN

Deux territoire­s ruraux, peu peuplés (6 000 habitants pour Fleurance ; 7 200 cumulés pour Bédarrides et Châteauneu­f-du-Pape) et une passion semblable pour le rugby. Ici et là, on rêve d’aller chercher le fameux « bout de bois ». Cela promet une belle empoignade. Côté Sud-Est, on savait les Bédarridai­s ambitieux cette saison et rien n’a pu les arrêter. Le club vauclusien a non seulement validé son retour en Fédérale 1 mais il a aussi bousculé tous les pronostics, renversé la table et fait sauter la banque. Héroïque, intouchabl­e, l’ASBC a terrassé, il y a quinze jours, des Niçois invaincus jusque-là et sortis numéro 1 national avant d’écraser Beaune en demi-finale. Comme bien décidé à grimper les marches quatre à quatre sans se retourner jusqu’au bouclier. Quelle affaire mes aïeux ! Et cela n’est pas le fruit du hasard. On ne réussit pas cela sans un minimum d’intelligen­ce, de caractère, d’osmose et de talents conjugués. Mais où a-t-il été puisé ce carburant ? Tout bonnement au fond de ses tripes. Dans la notion de « copains ». « On a mis les bons ingrédient­s, nous ne nous sommes pas trompés dans notre recrutemen­t pour bâtir cette saison. Et aujourd’hui, ça vit bien », savoure le vice-président, Frédéric Vaudo. « On a toujours eu envie de croquer toujours davantage dans le succès avant de redevenir dans quelques mois, en Fédérale 1, un Petit Poucet » sourit le patron du club Philippe Daminiani. Sur les bords de l’Ouvèze, le bonheur du temps présent n’interdit pas de cultiver la lucidité.

Bref, à quatre-vingts minutes de pouvoir inscrire son nom sur le grand livre du club et au palmarès de l’épreuve, personne n’a envie de lâcher le morceau ; l’occasion est trop belle de faire de cette saison déjà réussie un moment historique. « Un bouclier, c’est à vie », note son coach Mickaël Mabillon, « C’est une expérience humaine unique. Initialeme­nt, nous n’étions pas dans les invités prévus. Nous n’étions qu’un outsider mais on a su se transcende­r ». Ce serait aussi l’occasion de célébrer comme il se doit le dernier exercice avec les Vert et Noir de son pilier Victor Langlade.

FLEURANCE : CENT DIX ANS SANS TITRE

Sauf que, côté Sud-Ouest, avec quatre petits revers en vingt-huit rendez-vous et invaincu depuis maintenant neuf matchs, Fleurance, devenu cette saison « le club phare du départemen­t du Gers », cultive une ambition semblable. Ici aussi, la feuille de route est transparen­te. Il s’agit de ramener ce foutu Brennus dans le Gers. « Être champion de France, on a toujours eu ce rêve dans un coin de la tête », reconnaît le président Michel Courtes. Son technicien Gilles Taché le dit avec sa fougue. « Cent dix ans sans titre… Sans se projeter, ce serait historique. Cette saison, il y a eu beaucoup de remise en question et avant de jouer Lannemezan, le groupe s’était un peu promis de jouer la finale. Aujourd’hui, ça gagne, on se régale et nous sommes prêts. »

À partir de là, il est bien compliqué de désigner entre ces deux-là un favori. Entre Bédarrides­Châteauneu­f-du-Pape et Fleurance « c’est du 50-50, imagine Gilles Taché, mais en sortant Nice, Bédarrides est devenu le favori » . Cela dit, pour ramasser le jackpot, il faudra aussi compter avec la fraîcheur physique, la discipline et le banc, et aussi savoir jouer son rugby, montrer de la précision dans son jeu et soigner sans sourciller les détails. Sans cela, il n’y aura point de salut. « On verra bien mais de toutes les façons, une finale ne se joue pas, conclut Mickaël Mabillon à Bédarrides, elle se gagne. »

 ?? Photo DR ?? Après avoir éliminé le favori niçois en quart de finale, les Vauclusien­s partent, cette fois, avec une petite longueur d’avance face à des Gersois dans la peau d’outsiders.
Photo DR Après avoir éliminé le favori niçois en quart de finale, les Vauclusien­s partent, cette fois, avec une petite longueur d’avance face à des Gersois dans la peau d’outsiders.

Newspapers in French

Newspapers from France