Midi Olympique

« Le meilleur staff que j’ai connu »

- Propos recueillis par Arnaud BEURDELEY, envoyé spécial arnaud.beurdeley@midi-olympique.fr

BERNARD LE ROUX - Deuxième ligne du XV de France AUTEUR D’UN TRAVAIL DE L’OMBRE TRÈS IMPORTANT LORS DU DEUXIÈME TEST, IL A ÉTÉ CONFORTÉ EN DEUXIÈME LIGNE POUR LE TROISIÈME MATCH FACE AU BLACKS. LE JOUEUR DU RACING 92 ASSURE SE SENTIR DE MIEUX EN MIEUX, TANT À CE POSTE QU’AU SEIN DE L’ÉQUIPE DE FRANCE…

Vous avez aujourd’hui 32 sélections, vous attendiez-vous à atteindre ce chiffre lorsque vous avez débuté avec l’équipe de France ?

Aujourd’hui, j’espère même bien arriver cinquante sélections alors que je n’imaginais pas au début en avoir trente. Mon premier objectif, c’est bien sûr de jouer la Coupe du monde. En ce moment, je me régale en équipe de France. À mes débuts, j’étais très stressé. Je ne parlais pas bien français. Je me souviens qu’au début, la veille de mes passages devant les médias, je passais du temps sur mon ordinateur à traduire ce que je voulais dire pour avoir les bonnes phrases. Maintenant, je me sens bien plus libre, bien plus intégré. Le nouveau staff y est pour beaucoup. C’est le meilleur que j’ai connu en équipe de France. Les nouveaux coachs sont vraiment très sympas. Ils partagent beaucoup plus de choses avec les joueurs. Même moi, je n’hésite plus à donner mon avis. L’ambiance est vraiment géniale, la meilleure que je n’ai jamais connue depuis que je suis arrivé chez les Bleus il y a cinq ans.

Sur le premier test-match, on vous a beaucoup vu dans les zones de ruck pour réaliser le sale boulot. Est-ce encore ce qu’on vous a demandé pour ce dernier match ?

On ne m’a rien demandé en particulie­r, mais je sais que c’est mon boulot. Aller dans les rucks, plaquer pour faire avancer l’équipe, c’est dans ce registre que je dois évoluer et progresser.

Mais ça vous plaît de faire le sale boulot ?

Oui, bien sûr. J’adore ça. Aller dans les rucks, plaquer, tout ce qui touche au combat, ça me plaît. Mon but, c’est de faire le plus possible pour l’équipe.

Est-ce lié à votre éducation sud-africaine ?

Non, pas du tout. Au contraire. En Afrique du Sud, j’étais dans une académie où on jouait beaucoup à 7, où on me demandait de porter le ballon. C’est

en arrivant en France que j’ai développé cet aspect-là, notamment avec Berbize (Pierre Berbizier). J’ai vu que ça me convenait bien, que ça me permettait de rester dans l’équipe. Je travaille beaucoup les techniques de ruck et de plaquage avec Chris Masoe au Racing. J’aime plaquer, défendre, même si c’est un peu plus dur quand je joue en deuxième ligne. Quand je sors d’une mêlée par exemple et que le ballon est déjà parti à cinquante mètres, ça pique un peu.

Vous étiez agacé après le deuxième test notamment après l’arbitrage sur les phases de ruck. Pourquoi ?

J’essaie toujours de rester dans la règle. Or, ce n’est pas le cas de tout le monde. J’ai parfois l’impression que les Blacks ne sont pas arbitrés de la même façon que nous. J’avais même dit qu’il fallait que je révise la règle.

Vous l’avez fait ?

J’ai regardé un peu, mais quand je vois le plaqueur black se relever et gratter le ballon et que l’arbitre ne siffle pas, ça m’agace un peu. Je veux bien comprendre que la Nouvelle-Zélande soit la meilleure équipe du monde, qu’elle soit très bien éduquée, qu’elle soit respectée par l’arbitre, mais elle fait des choses bien et d’autres moins bien. L’arbitre doit prendre les mêmes décisions pour les deux équipes. Du coup, je vais essayer d’être encore un peu plus présent dans les rucks, de gratter un peu plus les ballons et on verra bien comment va réagir l’arbitre.

Vous êtes du genre à tester le degré de tolérance de l’arbitre en début de rencontre ?

Oui, mais j’essaie toujours de respecter la règle. Au niveau internatio­nal, dépasser dix pénalités dans une rencontre, c’est trop. Je fais vraiment attention.

Avez-vous le sentiment d’avoir franchi un cap sur la maîtrise du poste de deuxième ligne ?

J’ai beaucoup plus joué en deuxième ligne depuis quelque temps et je pense avoir progressé en touche, en mêlée. Au début, j’étais un peu stressé d’évoluer à ce poste, aujourd’hui, je me sens plus à l’aise. Et puis, commencer une rencontre, c’est aussi plus simple. Car, être remplaçant, c’est couvrir quatre ou cinq postes différents, notamment dans l’alignement en touche. Et avec toutes les combinaiso­ns à retenir, c’est compliqué. Rien que pour ça, ça me fait plaisir d’être titulaire.

Jacques Brunel disait qu’il sentait beaucoup de fraîcheur mentale et physique dans le groupe. Avez-vous le sentiment que c’est le bon moment pour battre les Blacks, qui lancent quatre nouveaux joueurs ?

Il n’y a jamais un bon moment pour battre les All Blacks. Mais avec un peu de chances, beaucoup de rucks et de ballons conservés, pourquoi pas une victoire ? Il nous reste un peu de gaz. Avant de partir en vacances, ça ferait du bien. Ça permettrai­t d’éviter de passer nos vacances à expliquer pourquoi on a encore perdu. Franchemen­t, ce serait énorme de partir en vacances sur un succès. Dans ma carrière, j’aimerais bien gagner au moins une fois contre les Blacks.

« Il n’y a jamais un bon moment pour battre les All Blacks. Mais avec un peu de chances, beaucoup de rucks et de ballons conservés, pourquoi pas une victoire ? »

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Photo Icon Sport Bernard Le Roux, suivi de près par Galletier, trouve la pleine expression de ses points forts en deuxième ligne.

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