OPÉRATION SÉDUCTION
DU 8 AU 14 JUILLET, LES SÉLECTIONS D’ALGÉRIE, DU SÉNÉGAL ET DE CÔTE D’IVOIRE SERONT À TOULOUSE POUR DISPUTER LA COUPE D’AFRIQUE DES NATIONS DE DEUXIÈME DIVISION. LES ORGANISATEURS ESPÈRENT QUE CETTE DÉLOCALISATION SERVIRA DE VITRINE AU RUGBY AFRICAIN.
Dimanche, à 16 heures, l’Algérie affrontera le Sénégal au stade Alain-Coulon, à Toulouse. Les habituelles installations du club du Tuc accueillent en effet les trois matchs de l’édition 2018 de la Silver Cup Nord, la deuxième division africaine. Initialement programmée en Côte d’Ivoire, la compétition se déroulera finalement en France, sur terrain neutre. Une délocalisation rendue possible grâce à un partenariat entre Rugby Afrique, la confédération africaine, et la Fédération française. « La nouvelle direction de la FFR a montré une vraie volonté de créer une osmose avec le rugby africain, explique Mourad Gherbi, le coordinateur de la Silver Cup pour Rugby Afrique. Notamment en nommant Nicolas Hourquet responsable du pôle international, qui s’investit beaucoup. »
Un partenariat où chacun y trouve son compte pour celui qui est aussi vice-président de la Fédération algérienne : « Le nombre de licenciés est en baisse en France depuis quelques années. Organiser cette compétition en France est une formidable vitrine pour le rugby africain. Si nous parvenons à séduire les jeunes binationaux, la FFR gagnera des nouveaux licenciés et nous, les équipes africaines, des futurs joueurs qui pourront venir grossir les rangs de nos sélections nationales. Sans oublier que le sport est un vecteur d’intégration sociale et une formidable opportunité pour ces jeunes des banlieues. »
PAS DE TEMPS PERDU DANS LES AVIONS
Avec l’envie d’attirer un maximum de spectateurs lors des trois matchs, l’entrée a été fixée à 5 euros pour les adultes et sera gratuite pour les enfants. « Nous serons en terre d’ovalie donc j’espère que nous aurons du monde au stade, y compris des dirigeants de clubs de Fédérale, renchérit Mourad Gherbi. Nous avons fait attention de programmer les matchs lors de jours où nous ne serons pas en concurrence avec la Coupe du monde foot. »
Pour grandir, la plupart des pays africains ne doivent pas pour autant oublier de se structurer nationalement. « Par exemple, en Algérie, rajoute Mourad Gherbi, nous avons mis en place un championnat d’une trentaine d’équipes et nous mettons beaucoup l’accent sur le VII et les féminines. Nous avons aussi signé un accord avec le gouvernement pour que les enfants jouent tous au rugby à l’école. Le but est de vulgariser notre sport pour attirer les grandes entreprises à investir. C’est notre seule façon de grandir et d’avoir des ambitions à l’avenir. Car pour vouloir rivaliser à terme avec la Namibie ou ne serait-ce que de se maintenir en Gold Cup demande une certaine solidité financière que peu d’équipes africaines sont capables d’avoir pour le moment. »
Du côté des joueurs, dont beaucoup évoluent dans les différents championnats de l’Hexagone (seulement cinq Ivoiriens jouent au pays sur les trente convoqués), la délocalisation a plutôt été bien accueillie. « Entre les vacances et les reprises en club à gérer, ils étaient content de ne pas avoir à passer des heures dans les transports et d’être proche de chez eux. Et pour Rugby Afrique, cela coûte moins cher en billets d’avion », renchérit Mourad Gherbi. Ainsi l’enveloppe mise à disposition par World Rugby permettra de payer les frais d’hébergements et de logistique des trois sélections nationales. Les délégations seront toutes logées au lycée polyvalent RiveGauche, grâce à l’aide de la région Occitanie, et la Métropole toulousaine a mis à disposition un terrain d’entraînement différent pour chacune des trois équipes.
En ce qui concerne le terrain, à proprement parler, le Sénégal, relégué la saison dernière de Gold Cup (la première division), part avec un léger avantage. Le vainqueur rencontrera, le 25 août, sur un terrain qui reste à définir (l’Algérie s’est portée candidate), le numéro un de la zone Sud, probablement Madagascar.