Midi Olympique

WEBB TISSE SA TOILE

RECRUE PHARE, LE GALLOIS RHYS WEBB SUSCITE BEAUCOUP D’ATTENTE SUR LES BORDS DE LA RADE. INTERNATIO­NAL À TRENTE REPRISES, L’ANCIEN JOUEUR DES OSPREYS EST UNE RÉFÉRENCE AU POSTE DE DEMI DE MÊLÉE.

- Par Fabrice MICHELIER

Torse nu, pectoraux et abdominaux saillants, Rhys Webb déroule ses foulées sur la pelouse du centre d’entraîneme­nt de Berg, à Toulon, en cette semaine de juillet. Quand ses nouveaux coéquipier­s stoppent leur exercice de préparatio­n physique sur la ligne des 22, les mains sur les genoux ou écroulés au sol, le Gallois pousse sa course jusqu’aux 40 mètres opposés. Affûté. Le tout, sous un soleil de plomb, alors que l’horloge approche de midi. Si sa peau bronzée démontre une adaptation surprenant­e au climat varois, surtout pour un Anglo-Saxon, le nouveau demi de mêlée rouge et noir fait en sorte de se fondre dans son nouveau club du mieux qu’il le peut. « J’échange un peu en anglais avec lui mais il commence déjà à parler français. Il a tout compris », se réjouit Sébastien Tillous-Borde. Désormais entraîneur des troisquart­s varois, l’ex-numéro 9 du RCT apprend à connaître son successeur depuis maintenant deux semaines. Un joueur majeur de l’effectif 2018-2019.

Car durant l’intersaiso­n, le RCT a perdu des garçons comme Duane Vermeulen, Chris Ashton, Ma’a Nonu ou encore Bryan Habana, Vincent Clerc et Semi Radradra. Ainsi, avec Julian Savea et Liam Messam, Rhys Webb s’inscrit dans la lignée des recrutemen­ts trois étoiles de Mourad Boudjellal. « C’est un joueur de classe mondiale », résume Aubin Hueber, champion de France sous le maillot du RCT en 1992, avec le 9 dans le dos. Et de poursuivre : « À 29 ans, il est à l’âge de maturité pour ce poste. Après, on connaît ses qualités. C’est un bon éjecteur qui met de la vitesse, prend des initiative­s et, comme tous les neuf anglo-saxons, c’est un gros défenseur. »

LUI LAISSER LE TEMPS DE S’ADAPTER

Élogieux à l’égard de son lointain héritier, l’entraîneur des moins de 20 ans développem­ent tricolores met cependant en garde. « Après, il faut qu’il s’adapte. Aussi bien au club qu’à notre championna­t. Ce n’est jamais facile, notamment pour les Gallois. Il faudra lui laisser du temps, être patient et indulgent. Mais est-ce que Toulon le permet ? » On ne peut pas vraiment dire que la patience soit une spécialité locale, notamment du côté de la présidence… « Les internatio­naux sont encore en vacances. Quand il reviendron­t, on pourra travailler sur le groupe. On va se construire au fil de la saison », abonde cependant Sébastien Tillous-Borde. C’est un facteur primordial, d’autant plus que Webb a passé toute sa carrière sous le maillot des Ospreys, où il a débuté en 2007, avant d’y disputer plus de 150 rencontres.

Pas vraiment habitué aux changement­s. Il lui faudra ainsi appréhende­r le changement de vie, de culture et de jeu. Par ailleurs, pour trouver les automatism­es avec son ou ses partenaire­s de la charnière, il faudra encore patienter. La préparatio­n toulonnais­e se déroule, pour l’instant, sans ses demis d’ouverture. Touché à un bras, François Trinh-Duc demeure écarté pour encore quelques semaines, Anthony Belleau profite lui de ses vacances après la tournée avec l’équipe de France et le jeune Louis Carbonel récupère de son sacre mondial avec les moins de 20 ans. « L’arrivée de Webb le place, par son statut, en position de numéro 1 mais la hiérarchie peut aussi être bousculée par la vérité du terrain », prévient Hueber. « La saison passée, Eric Escande a prouvé qu’il pouvait être le titulaire au poste, d’autant qu’il a une qualité que n’a pas Rhys Webb : il est capable de buter », poursuit-il.

DIGÉRER L’ABSENCE DE SÉLECTION

Peu de temps après sa signature à Toulon, le Gallois aux trente capes a vu la réglementa­tion de sa sélection évoluer. A priori, en débarquant dans le Var, il fait une croix sur le maillot national. En effet, désormais, seul les joueurs de plus de 60 sélections peuvent être appelés alors qu’ils évoluent à l’étranger. S’il le sait depuis plusieurs mois maintenant, cet aspect pourrait peser dans sa tête et ses performanc­es, notamment une année de Coupe du monde. « La règle est comme ça pour l’instant mais sait-on jamais, ça peut aussi changer du jour au lendemain », explique avec prudence Aubin Hueber. La sélection peut vite empoisonne­r les têtes. On l’a vu récemment avec Chris Ashton. Si des raisons familiales justifient en partie son départ anticipé de Toulon, la perspectiv­e de pouvoir retrouver le XV de la Rose en rentrant au pays n’est pas non plus étrangère à son choix de quitter le RCT. L’heure n’est pas encore au bilan, mais s’il veut briller, le Toulon de Patrice Collazo aura besoin d’un demi de mêlée performant. « Dans ses années phares, le RCT a toujours eu un axe 8-9-10 fort, basé sur l’expérience et la qualité des joueurs. Toute la gestion passe par cet axe. En ce sens, l’arrivée de Webb est de bon augure. Si tout se passe bien », conclut Hueber.

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Photo Midi Olympique - Patrick Derewiany Rhys Webb débarque sur la rade avec son expérience internatio­nale riche de 30 sélections avec le pays de Galles.

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