MERMOZ PRÊT À DÉCOLLER
MAXIME MERMOZ EST DE RETOUR DANS LA VILLE ROSE, QU’IL AVAIT QUITTÉE IL Y A TOUT JUSTE DIX ANS. IL PORTE LA NOUVELLE AMBITION D’UN STADE TOULOUSAIN CONQUÉRANT ET DÉTERMINÉ À JOUER LES PREMIERS RÔLES.
Sur le papier, le recrutement le plus clinquant du Stade toulousain se nomme Jerome Kaino. Les plus prometteurs sûrement Pierre Fouyssac et Alban Placines. Mais le plus symbolique est assurément celui de Maxime Mermoz, intervenu début juin. Lui qui est arrivé au club à quinze ans, en provenance de ses Vosges natales. Il y a fait ses gammes, y a grandi et y a réalisé ses premiers coups d’éclat. Sur le terrain ou en dehors puisque son incompatibilité d’humeur avec Guy Novès à l’époque - tel qu’il l’explique dans l’entretien ci-contre - l’a amené à quitter l’institution la plus titrée de France en 2008, à seulement 21 ans, pour rejoindre Perpignan. C’est en Catalogne, puis à Toulon, qu’il s’est imposé comme l’un des meilleurs trois-quarts centre du championnat et qu’il a étoffé son palmarès national et européen. Mais son histoire avec Toulouse n’était pas finie… Depuis bientôt deux ans, Mermoz s’était exilé en Angleterre. À Leicester puis Newcastle. Expérience contrastée pour lui qui a connu quelques pépins physiques, dont un problème d’oreille interne qui entraînait des vertiges et lui a gâché sa première partie de saison passée. Aujourd’hui, après une fin d’exercice prometteuse outre-Manche, l’international (35 sélections), finaliste de la Coupe du monde 2011, va mieux. « Je profite de l’intersaison pour optimiser mon état de forme car je vise le 100 % », assure-t-il.
Voilà quelques mois, Mermoz avait pourtant prolongé son contrat avec les Falcons jusqu’en 2019. Comment s’est-il retrouvé à Ernest-Wallon ? Les dirigeants toulousains avaient compensé les départs de David et Fritz par les signatures de Fouyssac et Akhi. Mais celui très tardif de Fickou pour le Stade français, ajouté aux doutes sur l’état physique du NéoZélandais, ont contraint les décideurs à sonder de nouveau un marché des centres devenu maigre. Ils ont misé sur l’ancien Lyonnais Théo Belan et l’opportunité menant à Maxime Mermoz s’est présentée… Le président Didier Lacroix raconte : « C’est quand même un joueur qui possède tous les arguments pour évoluer au Stade toulousain. C’est évidemment un pari car il a connu certaines saisons plus difficiles mais sa valeur, ses aptitudes sont celles requises pour pratiquer notre jeu. C’est un passeur, avec une superbe vision du jeu. Et il a un côté compétiteur aiguisé. » Libéré par son club, l’intéressé en a profité pour chercher à se relancer en Top 14.
LACROIX : « QUAND TU CONNAIS LES INDIVIDUS… »
Le jeu prôné par le staff stadiste a séduit Mermoz, lequel correspond à ce profil : « Toulouse a retrouvé son ADN. Quand on disait « jeu de mains, jeu de Toulousains », ce n’était pas anodin. Ce club était précurseur et les autres ont progressé jusqu’à le dépasser. Aujourd’hui, il y a une vraie volonté de développer cet ADN. C’est celui de ma formation mais aussi du rugby moderne. » Si l’histoire a tout pour se révéler belle, elle s’apparente à un sacré challenge. Pour les deux parties. Mais il y a une part sentimentale dans ce choix. Si Didier Lacroix a parié sur Mermoz, c’est aussi car il connaît parfaitement le personnage, pour l’avoir entraîné en Espoirs. Il en rigole : « Inévitablement, cela lui a donné un petit avantage par rapport à d’autres. » Et de reprendre : « Quand tu connais les individus, ça joue dans la décision. De surcroît en ce qui concerne Max dont la réputation a été de temps en temps entachée en raison de son caractère qu’on a parfois dit mauvais. Inconsciemment, je pense que le président, qui a été son entraîneur, se dit : « En cas de dérapage, je peux être un des éléments susceptibles de redresser la situation. » » Ce dont le joueur a conscience : « Didier me permet d’avoir un dialogue différent. Je sais que s’il y a quelque chose de positif ou négatif à dire, je serai encore plus à l’aise avec lui. J’ai souvent été dans l’affect. Tous mes choix ont été orientés ainsi. » Et c’est un homme neuf, enrichi par son expérience anglaise - « J’ai toujours eu des affinités avec les étrangers. Là-bas, tout le monde est décomplexé, responsabilisé très jeune. Les Anglo-Saxons ont un côté froid qui se retrouve dans leur fonctionnement. C’est très compartimenté. » - qui revient pour vivre une deuxième carrière française. Jusqu’à rêver des Bleus et du Mondial 2019 ? Lui se veut prudent : « Si je me sens à 100 %, j’essaierai de mettre la barre le plus haut possible. Sincèrement, quand j’entends équipe de France, je veux juste voir les Bleus briller pour l’instant. Je dois m’effacer car une aventure a commencé avec Jacques Brunel. Mais dans le sport, il n’y a rien d’écrit ou de terminé. La preuve avec mon retour à Toulouse. Si j’arrive à retrouver toutes mes capacités, il n’y a aucune raison que je ne sois pas performant comme je l’ai été par le passé. » Pour enfin connaître la gloire là où tout a démarré.