Sur le chemin de la victoire
Dimanche, un mois après les Bleuets, une autre équipe de France sera en finale d’une Coupe du monde. Celle des Bleus du football, nos rivaux ancestraux dans l’art et la manière de jouer avec un ballon même si, ne l’oublions pas, le rugby s’est très longtemps appelé « football rugby ».
Qu’importe nos différences, il convient d’apprécier à leur juste valeur ces instants fédérateurs. Le foot, reconnaissons-le, n’a d’ailleurs pas son pareil pour mobiliser les foules autour de son ballon (quand il tourne enfin rond) et le rugby a sur ce point tout à lui envier. Mbappé et Griezmann ont l’occasion de plonger dans l’oubli les pionniers de 1998 et de nous transporter encore plus loin dans la communion générale. Par delà des sourires et de la légèreté qui l’accompagne, cette performance sportive n’est pas anodine à l’échelle d’un sport français peu habitué à dominer le monde ; en dehors évidemment des handballeurs qui collectionnent les trophées.
Comme pour les Bleuets, ce titre qui reste à décrocher serait le témoignage direct d’une aventure maîtrisée, calculée et programmée. À l’inverse de la flamboyance latine, romantique et sacrément revêche qui accompagne trop souvent le parcours des sélections françaises, transportées par des flots d’émotions mal maîtrisées. Des hommes et des équipes accrochés à la seule certitude que le talent seul peut tout renverser.
Ce pourrait être la leçon du moment et le message à ne surtout pas oublier dans l’allégresse générale qui risque de tout emporter. À l’image des Coville, Joseph et autres Carbonel qui furent sacrés en juin, les gars du foot semblent imperturbables, froids en diable et capables de réciter une partition taillée à la mesure de leurs qualités. Surtout, ils semblent acteurs de leur propre aventure, déterminés et maîtres de leur destin. Autrement dit, ils ne se cachent pas derrière les consignes venues du banc de touche ; et Deschamps se retrouve à voyager sur le porte-bagages de ses joueurs comme le trio Piqueronies-Darricarrère-Dasalmartini avait été emporté par les Bleuets.
De quoi inspirer les partenaires de Guilhem Guirado et éclairer la route du XV de France jusqu’au Mondial japonais, dans quatorze mois. Un rendez-vous classé à hauts risques d’entrée, avec des confrontations directes programmées face à l’Argentine et l’Angleterre. Cette fois, la réussite des Bleus du rugby ne se décidera pas au nombre de tours qu’ils parviendront franchi en phase finale mais bien dans leur capacité à sortir de cette « poule de la mort ». Ni plus, ni moins. Chacun son destin. Puissent-ils quand même, une fois n’est pas coutume, trouver un peu d’inspiration dans le parcours de leurs cousins footeux pour tout ce qu’il porte comme éléments incontournables de la réussite… ■