Pienaar, échec final
Ruan Pienaar n’est que troisième de cette revue d’élite ? Oui, c’est dur. Très dur, même, tant le Sud-Africain a démontré, pendant neuf mois, qu’on n’empile pas 88 sélections chez les Springboks par hasard. Mais Pienaar, comme Cruden, avait été recruté à prix d’or pour permettre au MHR d’être (enfin) champion de France. Il devait donc être décisif dans les matchs qui comptent. En échec sur ce point, sa saison demeure incomplète. Chronologiquement, l’ancien joueur de l’Ulster a d’abord éclaboussé le Top 14 de sa science du jeu. Pienaar ne joue pas tout, tout le temps. Il choisit les bonnes zones et les bons moments pour lancer le jeu vers les extérieurs où les individualités montpélliéraines, placées sur orbite, ont fait des ravages. Un exemple ? Nadolo n’est pas seulement le joueur le plus destructeur du Top 14. Il fut aussi placé dans des conditions idéales, qui en ont fait une arme quasi létale dans l’effectif héraultais. Résultat : vingt-cinq essais en vingt-six matchs, pour lesquels la prégnance stratégique de Pienaar n’est jamais étrangère. L’autre force du Sud-africain, c’est sa qualité de jeu au pied. Dans le jeu courant, d’abord. Défensifs pour sortir de son camp, stratégiques avec des ballons hauts, posés le long des lignes de touche, ou offensifs, pour toucher d’une transversale ses ailiers et les envoyer à l’essai, les jeux au pied de Pienaar sont toujours bien choisis et souvent bien exécutés. Face aux perches, ensuite. Quatrième meilleur réalisateur du Top 14 (188 points au pied, 52 transformations pour 28 pénalités), le Sud-africain affiche un convaincant 83 % de réussite dans l’exercice. Fiable. Reste que toutes ces belles aptitudes se sont écroulées au pire moment. Le 2 juin dernier, en descendant du bus montpelliérain dans les entrailles du Stade de France, Pienaar portait sur lui les lumières et les espoirs des Héraultais, grandissimes favoris de la finale de Top 14. En échec sur la grande majorité de ses interventions, le Sud-africain a joué, ce jour-là, le pire match de sa saison. Son club, le MHR, l’a payé cher.