LE FOOT MONTRE LA VOIE
LE BRILLANT PARCOURS DES BLEUS DU FOOTBALL DOIT SERVIR D’EXEMPLE À LEURS COUSINS RUGBYMEN, ENGLUÉS DANS UN MARASME SPORTIF ET STRUCTUREL.
Comparaison ne sera jamais raison. À chaque sport sa vérité, sa complexité, ses spécificités. Le football, sport indécis par excellence, ne ressemble en rien au rugby, où l’ordre établi paraît figé dans le temps. Les considérations tactiques et techniques, aussi, diffèrent du tout au tout, tant l’un laisse place à l’inspiration et l’autre à la programmation.
Mais le parcours de l’équipe de France de Didier Deschamps en Russie ne peut et ne doit laisser insensibles les Bleus du ballon ovale tant il recèle de leçons. D’enseignements, surtout. Le rugby se trouve à l’heure actuelle dans la situation de son lointain cousin au début de la décennie : ses résultats se suivent et se ressemblent tristement, son image est dégradée et ses talents ne sont pas exploités à leur juste valeur. La remise en question, globale, sincère, a abouti à l’émergence d’une nouvelle génération, décomplexée, douée et déterminée, sous la coupe de « DD ». En cela, le foot tricolore montre la voie à suivre à Jacques Brunel et ses hommes, à un peu plus d’un an d’une Coupe du monde de tous les dangers.
LES MOINS DE 20 ANS ONT OUVERT LA VOIE
En quatorze mois, la révolution ne pourra être menée à son terme mais une prise de conscience paraît des plus opportunes, au niveau de l’état d’esprit, d’approche de l’événement. Le rugby français, trop bridé voire complexé, s’en est montré capable par l’intermédiaire de la génération dorée de 1998, sacrée championne du monde des moins de 20 ans en juin. En février, pourtant, Sébastien Piqueronies nous la présentait en ces termes : « C’est une génération très homogène, à travers toutes les lignes. Parfois, on tombe sur une cuvée exceptionnelle. Ce n’est pas le cas mais il y a un effectif sérieux, travailleur et équilibré. » À l’époque, nul n’aurait misé sur un sacre mondial pour Carbonel et compagnie. Comme personne n’était vraiment convaincu par le projet de la bande à Deschamps, talentueuse sur le papier mais déstructurée à première vue. De tout ça, retenons une grande leçon : même en partant de loin, on peut arriver très haut.