Midi Olympique

« Travailler en bonne intelligen­ce avec les clubs »

NICOLAS JEANJEAN - Préparateu­r physique du XV de France LES INTERNATIO­NAUX ENTAMENT UNE ANNÉE PARTICULIÈ­RE AVANT LE MONDIAL. LEUR PRÉPARATIO­N EST PRIMORDIAL­E, COMME L’EXPLIQUE L’ANCIEN JOUEUR INTERNATIO­NAL.

- Propos recueillis par Émilie DUDON emilie.dudon@midi-olympique.fr

Quel est le programme des internatio­naux cet été ?

Ceux qui étaient en tournée ont repris lundi. Les autres avaient recommencé à s’entraîner un peu plus tôt. Ils ont bénéficié de quatre semaines de vacances mais un joueur de rugby profession­nel n’a jamais quatre semaines de repos complet. Il y a une baisse évidente de la charge de travail mais aussi un entretien minimum obligatoir­e. Les internatio­naux vont partir sur une première phase pour les remettre à niveau. Ensuite, ils vont réintégrer le rugby et se projeter sur leurs matchs très rapidement. On va les avoir du 4 au 11 août à Marcoussis. Il y aura une grosse orientatio­n physique durant ce stage. Le but sera d’amener une continuité du travail déjà effectué en club et de mettre en place une méthodolog­ie en vue de la Coupe du monde.

Qu’est-ce qui est différent lors d’une saison pré-Coupe du monde justement ?

Si l’année a été trop volumineus­e, ces quatre semaines de repos ne suffiront pas à la régénérati­on du joueur. Du coup, il faut optimiser son état de forme afin qu’il arrive en fin d’année avec un état de fraîcheur qui lui permette d’être performant pour les phases finales mais aussi de repartir, après un mois de repos, sur la préparatio­n de la Coupe du monde. Nous sommes partis du principe que les deux mois de préparatio­n l’été prochain ne vont pas être optimisés sur le plan du développem­ent et qu’il fallait s’y prendre un an et demi à l’avance. Du coup, depuis la fin du Tournoi des 6 Nations, nous travaillon­s avec les préparateu­rs physiques des clubs pour bâtir un plan sur l’année. Le but, c’est que nous, préparateu­rs physiques du XV France, n’ayons plus qu’à optimiser le travail fait préalablem­ent une fois arrivés au Mondial.

D’habitude, on voit les joueurs réaliser une très grosse préparatio­n physique l’été de la Coupe du monde. Ce ne sera donc pas le cas cette fois ?

Je ne dis pas qu’il n’y aura pas une charge de travail importante durant la préparatio­n. Ce que je veux dire, c’est que nous avons modifié notre fonctionne­ment. L’an dernier, la préparatio­n physique en club était gérée uniquement par les préparateu­rs du XV de France et cela avait été un peu difficile à mettre en place. Du coup, nous avons changé notre fusil d’épaule. Notre championna­t est très particulie­r et il faut trouver le modèle qui correspond à chaque joueur pour développer son potentiel. Nous sommes partis du constat que les joueurs passent le plus de temps en club et qu’il était donc plus pertinent de travailler avec leurs préparateu­rs. Nous travaillon­s sur la création d’outils qui vont nous permettre de bosser ensemble. Nous créons une base de documents et d’échanges pour faciliter les choses. Nous ne sommes pas du tout là pour perturber le travail, conséquent, déjà fait en club. Le but, c’est de remettre le joueur au centre des relations clubs-Fédération.

Comment cela va se passer concrèteme­nt ?

Il faut se mettre d’accord sur le développem­ent de chaque joueur et définir des axes de travail à prioriser. Des évaluation­s régulières vont avoir lieu toute la saison. Nous avons déjà commencé à nous déplacer dans les clubs avant le Tournoi. À la fin de la préparatio­n physique fin août et durant tout le mois de septembre, on va retourner dans les clubs pour échanger sur ce qui a été fait mais également sur tout ce qui va être mis en place les six prochains mois.

S’il y a désaccord, qui a le dernier mot ?

La préparatio­n physique est un monde complexe parce que le corps humain est complexe. Il n’y a pas forcément de vérité ou de recette magique et plusieurs axes de travail peuvent être bons. On est là pour aider le joueur et travailler en bonne intelligen­ce avec les clubs donc on trouve toujours un consensus.

Vous avez cependant un vrai droit de regard.

Concernant ceux qui sont sur la liste des joueurs protégés, le sélectionn­eur, les entraîneur­s et le manager ont un rôle privilégié. Après, on ne souhaite pas du tout faire jouer ce lien de subordinat­ion. On veut vraiment échanger et mettre en place des actions validées par les deux parties. Le joueur doit se sentir accompagné par son club mais également par le staff de la sélection. Et si ses performanc­es en club sont bonnes, il aura toutes les chances d’être sélectionn­é pour le Mondial.

Les internatio­naux sont des joueurs particulie­rs à préparer compte tenu du nombre de matchs qu’ils doivent disputer.

Ils ont un volume plus important que les autres. C’est pour ça que la liste des joueurs protégés leur permet d’avoir une période de régénérati­on minimale. Ils vont manquer des matchs de championna­t mais cela doit leur servir à se régénérer et à se préparer pour cette année très importante pour eux. Une quantifica­tion de la charge d’entraîneme­nt et de répétition des matchs va être mise en place. Le staff et le manager ont un droit de regard. Si Jacques Brunel trouve qu’un joueur enchaîne trop de matchs, il est susceptibl­e d’échanger avec le club pour lui trouver des plages de repos afin qu’il n’arrive pas au Mondial fatigué.

 ?? Photo Midi Olympique - Patrick Derewiany ?? Nicolas Jeanjean suivi par Benjamin Fall et Mathieu Bastareaud en pleine séance de préparatio­n avec le XV de France.
Photo Midi Olympique - Patrick Derewiany Nicolas Jeanjean suivi par Benjamin Fall et Mathieu Bastareaud en pleine séance de préparatio­n avec le XV de France.

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