Midi Olympique

L’AMBITIEUX ALTRUISTE

BLESSÉ DURANT QUATRE MOIS EN FIN DE SAISON DERNIÈRE, LE SUD-AFRICAIN ENTEND BIEN RATTRAPER LE TEMPS PERDU AVEC LE RCT. LE TROIS-QUARTS POLYVALENT GARDE ÉGALEMENT DANS UN COIN DE LA TÊTE L’ESPOIR DE DISPUTER LA COUPE DU MONDE AU JAPON.

- Photo M. O. - D. P. Par Fabrice MICHELIER

Le sourire ne le quitte que très rarement. Sur les terrains du centre d’entraîneme­nt de Berg, JonPaul Roger Pietersen, alias « JP », taquine ses coéquipier­s. Quitte, à se faire également chambrer lorsqu’il s’adresse à la presse, notamment par un facétieux Mathieu Bastareaud. Signe d’une adaptation réussie pour le champion du monde sud-africain, arrivé sur les bords de la rade la saison passée ? Pour autant, tout n’a pas été simple pour sa première année dans le Var. « Mes deux premiers mois ont été difficiles. J’arrivais d’Afrique du Sud, je devais m’adapter à ce nouveau pays, comprendre comment la vie fonctionna­it. Tout était différent. Mes coéquipier­s ont facilité mon intégratio­n et en dehors du rugby, tout le monde nous a aidés. Ma femme est heureuse et je le suis aussi » apprécie-t-il. Si madame va, tout va. Sur les terrains, il a fallu quelques mois pour trouver un Pietersen digne de son rang. « Juste avant mon arrivée, j’avais été blessé à un genou, ce qui a compliqué la préparatio­n », plaide-t-il. Une fois la forme retrouvée, tout s’est mis en place. « Le rugby reste le rugby, peu importe où on le pratique. Ce qui change, c’est le fait d’évoluer avec de nouveaux coéquipier­s. Mais comme à Toulon il y a des joueurs de classe mondiale, ça facilite les choses. » Après cinq essais en treize rencontres, une blessure à l’épaule contractée en mars face au Lou signa la fin de sa saison. « J’étais revenu en forme. C’était dur car on est des compétiteu­rs et on veut jouer. C’était frustrant. Mais c’est une source de motivation pour moi afin de préparer cette nouvelle saison et de faire mieux. »

JOUER ET TRANSMETTR­E SON EXPÉRIENCE

Avec les départs de Nonu, Ashton et Radradra, Pietersen a clairement une carte à jouer dans l’effectif de Patrice Collazo. « Je suis ici pour jouer où le club aura besoin de moi. Que ce soit à l’aile, au centre ou même à l’arrière. Ce n’est pas mon cas personnel qui compte, mais l’équipe. Ma motivation est de rester en forme, d’être plus performant que la saison passée et de prendre du plaisir. » Altruiste. Et disponible. Dans un effectif rajeuni, le champion du monde 2007 se sent investi d’une mission. « Nous avons beaucoup de jeunes dans l’effectif. Je me sens vieux, très vieux ! », s’amuse-t-il. Et de poursuivre plus sérieuseme­nt. « Bien intégrer et aider ces jeunes, ça ne tient pas seulement aux coachs. C’est aussi aux plus expériment­és d’être là pour eux, de les aider dans leur progressio­n. Pour moi, c’est une bonne recette, avec d’un côté de l’expérience et de l’autre cette fougue. Ils nous poussent vers le haut. C’est genre : « Les vieux, vous n’êtes pas en sécurité. ». »

LE RÊVE D’UNE QUATRIÈME COUPE DU MONDE

Si la saison dernière s’est terminée en queue de poisson, que ce soit sur le plan individuel ou collectif, « JP » entend bien enrichir son palmarès sur les bords de la rade. « Je suis ici pour gagner, c’est pour cela que je joue au rugby. Bryan Habana et Fred Michalak m’ont raconté le retour à Toulon après avoir réalisé le doublé. J’ai vu des vidéos, c’était incroyable. Je veux vivre cela. » Du haut de ses 32 ans, l’ancien joueur des Sharks savoure ainsi chaque sortie à Mayol et se nourrit du brin de folie qui s’empare parfois de l’antre toulonnais. « Quand tu joues ici, c’est incroyable. Tu descends du bus, tu marches au milieu des supporters qui applaudiss­ent… Ça ne peut que te pousser à élever ton niveau de jeu. C’est pour cela que l’on signe ici. Tu es dans l’obligation de gagner. »

Gagner encore et toujours. Compétiteu­r, le Springbok aux 68 sélections n’a pas fait une croix sur la sélection, même s’il n’a plus porté ce maillot depuis le mois de novembre 2016. Cependant, la blessure de Nkosi pourrait précipiter son retour. « Je suis toujours prêt et j’ai toujours l’envie de jouer pour mon pays. Mais j’ai été blessé pendant quatre mois. Pour l’instant, j’ai besoin d’enchaîner les matchs et de me tester. Ma priorité, c’est Toulon et d’être en forme. Si je joue bien ici, on verra ce qu’il se passera », confesse-t-il. Une année de Coupe du monde, les choses sont forcément différente­s. À 32 ans, il pourrait disputer la plus belle des compétitio­ns une dernière fois. « Évidemment, j’en rêve. Ce serait ma quatrième ! Mais ce n’est que l’année prochaine. Je veux d’abord bien jouer, marquer des essais et gagner avec Toulon… Mais c’est vrai que ce serait incroyable d’y aller », conclut-il dans un sourire.

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Le Sud-Africain souhaite vite retrouver les terrains et retrouver des sensations après une année marquée par les blessures.

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