« Beaucoup de gens me sous-estiment »
KWAGGA SMITH - troisième ligne des Lions À 25 ANS, LE FLANKER DE POCHE DES LIONS (1,80 M ET 98 KG) EST L’UNE DES RÉVÉLATIONS DE LA SAISON DE SUPER RUGBY. AUSSI FORT SOIT-IL, KWAGGA SMITH POURRA-T-IL FAIRE PLIER LES CRUSADERS ?
L’an passé, lors de la finale disputée à Johannesbourg face aux Crusaders, vous aviez été expulsé en début de rencontre. Le match qui arrive est-il une chance de rédemption ?
Non, c’est juste une autre opportunité qui se présente. Pour notre équipe, jouer une troisième finale de Super Rugby est un privilège. Quant à moi, je n’oublie pas que la saison dernière avait été quasi parfaite puisque je n’avais pas été blessé : je veux donc rendre à Dieu le cadeau qu’il m’a fait. C’est lui qui m’a donné ce don, et nul autre.
Alors ?
La saison en cours a été pour moi merveilleuse. J’ai réalisé un premier rêve en revêtant le maillot des Springboks et j’espère maintenant réaliser le second : remporter le Super Rugby.
Permettez-nous d’insister : avoir été expulsé l’an passé pour ce plaquage dangereux a dû être douloureux. Comment avez-vous géré la situation ?
La semaine ayant suivi la finale a vraiment été difficile mais le fait de retourner à la ferme, entouré de ma famille, m’a beaucoup aidé à tourner la page. Ce plaquage n’était pas délibéré. Je ne voulais pas faire mal. Mais cela s’est produit et je serai désormais plus concentré sur les détails. C’est ce qui fait la différence, dans les grands matchs.
On dit qu’il est impossible de battre les Crusaders à Christchurch. Qu’en pensezvous ?
C’est faux. Les Crusaders sont une bonne équipe mais nous ne sommes pas occupés d’eux, cette semaine. Nous croyons en nous. Si nous parvenons à développer notre jeu comme nous l’avons fait si souvent au fil de la saison, tout est ouvert. L’an passé, nous aurions d’ailleurs pu les battre. Ce n’était pas passé très loin (17-25)…
Pensez-vous pouvoir rivaliser avec les Crusaders dans le combat d’avants ?
Nous avons aussi un très bon pack, très expérimenté et constellé d’internationaux. Tout commencera là et derrière, j’espère que nos trois-quarts pourront finir le job. Comme les Crusaders, nous sommes aussi une très bonne équipe en défense. Pour moi, le plus gros danger d’en face se nomme Matt Todd : ce flanker est un vrai poison dans le jeu au sol.
Après votre performance en demi-finale face aux Waratahs, vous semblez personnellement en très grande forme…
Je me concentre sur ce que je sais faire de mieux, plaquer et lutter au sol : c’est peut-être pour ça que l’on me voit moins en ce moment. Certaines personnes disent que les bons joueurs sont ceux qui marquent des essais. Mais un mec comme Franco Mostert (deuxième ligne des Lions) prouve tous les week-ends que ce n’est pas vrai. Le travail qu’il fournit est vital. Il est l’un des meilleurs deuxième ligne au monde. Je veux, sur le terrain, m’inspirer de lui.
Vous avez pris du recul sur le circuit de rugby à 7. Était-il difficile de concilier les deux pratiques ?
Je jongle avec les deux disciplines depuis mes 18 ans. Le rugby à 7 est à mes yeux la meilleure des préparations avant d’entamer la saison de Super Rugby : j’y travaille la puissance, l’endurance, les skills et l’explosivité. […] Le rugby à 7 m’a aussi permis de commencer ma carrière en senior plus tôt que les autres, à 18 ans. Avec les franchises, on n’est pas introduit avant 21 ou 22 ans…
Avez-vous encore des ambitions, à7?
Avec les Blitzboks, j’ai gagné une médaille d’or aux jeux du Commonwealth mais je ne veux pas m’arrêter là. J’aimerais participer aux jeux Olympiques de Tokyo, en 2020.
1,80 m et 98 kg : vous avez un gabarit atypique pour le très haut niveau. Comment parvenez-vous à rivaliser avec les colosses du rugby professionnel ?
(il se marre) Beaucoup de gens me sousestiment ! J’ai toujours travaillé dur à la ferme, qui se trouve sur les hauts plateaux de l’Afrique du Sud, pas loin du Swaziland. Je crois que depuis mes années d’athlétisme au lycée, la force et l’explosivité ont toujours été dans mon sang.