Midi Olympique

« Il faut une révolution »

Professeur des Université­s, neurochiru­rgien et doyen honoraire de la faculté de médecine de Clermont-Ferrand ÉCARTÉ DÉBUT JUILLET DES TRAVAUX DE RÉFLEXION MÉDICALE DE LA FFR ET LA LNR, IL DIT PAYER UN DISCOURS DE VÉRITÉ, PARFOIS INQUIÉTANT SUR L’ÉTAT DE S

- Propos recueillis par Léo FAURE leo.faure@midi-olympique.fr

SON ÉVICTION DES COMMISSION­S MÉDICALES

Le 2 juillet, on apprenait votre éviction de l’Observatoi­re médical du rugby. Comment cela vous a-t-il été signifié ?

Cela débute le 27 juin. J’avais écrit une lettre à Bernard Dusfour (président de la commission médicale de la LNR) en m’étonnant de la réticence de la Ligue à venir participer à un symposium internatio­nal sur les commotions cérébrales et le retour au jeu, qui se tiendra à Clermont-Ferrrand les 9 et 10 novembre 2018. Ça ne concerne d’ailleurs pas seulement le rugby, mais aussi toutes les fédération­s qui veulent y participer. Nous avons déjà des réponses positives des fédération­s nationales ou internatio­nales de moto, de handball, de hockey, de boxe, de ski, etc. Et le rugby, sa Ligue et sa Fédération, en première ligne sur le sujet, hésitent à venir ? C’est grotesque ! Dusfour a simplement fait savoir : « Nous

ne voulons pas participer à une « tribune Chazal ». » Et je n’ai jamais eu de réponse officielle.

Ensuite ?

Il m’a finalement téléphoné le 29 juin pour me dire, en substance : « On ne souhaite plus que tu viennes et que tu participes à nos réunions. C’est l’avis général, celui de la fédé et de la Ligue. Il faut

désormais que tu te taises. » Je m’occupe de neurotraum­atologie depuis quarante-deux ans. C’est ma spécialité et celle du pôle de Clermont-Ferrand. J’ai opéré de nombreuses personnes sur ces pathologie­s, j’ai soigné entre 3 000 et 4 000 traumatisé­s crâniens. Je pensais pouvoir apporter une voix intéressan­te. Ils en ont jugé autrement. Visiblemen­t, j’avais eu des propos qui auraient choqué, interprété­s comme politiquem­ent incorrects. Le 2 juillet, j’ai donc envoyé un mail à Dusfour (Ligue), Hermerel

(Fédération) et Philippe Decq, neurochiru­rgien qui travaille à la Fédération, pour leur dire que je prenais acte de mon éviction. Au passage, je n’ai jamais eu de réponse. Je n’en ai à aucun de mes mails, d’ailleurs.

Concrèteme­nt, ils vous reprochent de trop parler…

Oui, clairement. Je parle trop ou alors, je parle vrai, quitte à dire des choses qui dérangent.

Lesquelles ?

La Ligue et la Fédération n’ont pas encore pris les mesures suffisante­s pour faire cesser la violence extrême du rugby. Ce discours ne leur plaît pas parce qu’il peut inquiéter des mamans et des papas, dont les enfants ont envie de faire du rugby. Ses dirigeants craignent une baisse du nombre de licenciés. Pourtant, il va bien falloir prendre les choses en mains et regarder la vérité en face : dans sa constructi­on actuelle, la pratique du rugby n’est pas adaptée à un gamin de 15 ans, en plein développem­ent ostéoligam­entaire et cérébral. Cela présente trop de dangers. Ce n’est pas raisonnabl­e.

Ces commission­s, observatoi­re ou grenelle ont-ils une activité réelle, ou n’est-ce qu’une façade ?

Bien sûr que ce n’est qu’une façade ! On va me répondre, après cette interview : « Les médias veulent du sensationn­el et Chazal veut faire parler de lui. » La vérité, c’est qu’en créant un grenelle ou un observatoi­re médical, on se donne surtout bonne conscience. C’est de la communicat­ion, clairement. Et quand des experts du sujet, dont je fais partie, veulent approfondi­r, on les vire ! Quand j’écris à Bernard Laporte sur ces sujets préoccupan­ts, il ne prend même pas la peine de répondre. Peut-être que le président de la Fédération ne lit pas ses mails… À partir de là, comment penser que ces réunions ne sont pas une façade ?

Tout de même, ces réunions et ces échanges existent…

Qu’est-il ressorti d’une année complète de réunions sur le sujet, à la Ligue ou à la Fédération ? Rien ! Si ce n’est le carton bleu, qui est une mesurette. Mais en disant cela, je mets ces gens en danger. Ils tiennent aujourd’hui les manettes du rugby. Si on leur supprime cela, ils ne sont plus rien. Ils protègent donc leur pré carré et évincent ceux qui sont en contradict­ion. Moi, j’ai eu toute cette démarche bénévoleme­nt. Je ne gagne rien à m’investir dans ces commission­s. On me défraie seulement mes billets d’avion pour assister aux réunions. Je paye mes taxis et mes chambres d’hôtel. Je fais cela par passion, celle de la neurochiru­rgie et celle du rugby, ce sport que j’ai adoré et que j’adore. Je n’ai rien à gagner là-dedans, si ce n’est des ennemis.

Vous y parvenez visiblemen­t bien…

Effectivem­ent, ça ne marche pas trop mal… (rires) Mais je ne comprends pas très bien leur position. Ça ne vole pas très haut.

L’AFFAIRE CUDMORE

ET SON ELOIGNEMEN­T DE CLERMONT

Dernièreme­nt, vous vous êtes également éloigné de l’ASMCA, avec laquelle vous travaillie­z étroitemen­t depuis de longues saisons. Pourquoi ?

« Dans sa constructi­on actuelle, la pratique du rugby n’est pas adaptée à un gamin de 15 ans, en plein développem­ent ostéo-ligamentai­re et cérébral. Cela présente trop de dangers. »

Ça n’a rien à voir. Ma décision avait été prise bien avant et j’en avais informé le président De Cromières. Clermont, c’est mon club de coeur, je suis tombé dedans quand j’étais petit. Mon grand-père, rugbyman, m’amenait aux matchs dès l’âge de 4 ans, dans les tribunes populaires de Marcel-Michelin. J’en garde des souvenirs fabuleux mais aussi quelques peurs de petit garçon, quand Clermont marquait un essai, que les gens sautaient et que la tribune en bois tremblait. En 2002, le président Jourdan, décédé récemment, m’avait demandé de reprendre en mains la commission médicale du club. Chose que j’ai faite et qui, je pense, a bien fonctionné. Mais seize ans plus tard, j’ai eu le sentiment que j’arrivais au terme de mon mandat. Il fallait changer, laisser la place à des plus jeunes, qui renouvelle­ront ce que j’ai mis en place.

La procédure judiciaire engagée par Jamie Cudmore à l’encontre du club n’a-t-elle pas pesé dans votre choix ?

Non. L’histoire avec Jamie est la suivante : il a déposé une plainte contre l’ASM mais aussi une plainte contre moi, nominative, devant le Conseil de l’ordre des médecins, pour un manque à mes devoirs. C’est très grave, ça inclut me concernant « ni morale, ni éthique ». Il se basait sur le fait qu’il me considérai­t juge et partie dans l’affaire qui l’oppose au club : je l’ai soigné de sa colonne cervicale et je l’ai sauvé d’une catastroph­e fonctionne­lle ; je l’ai aussi soigné de plusieurs commotions cérébrales, dont celles qui sont le sujet de sa plainte. Mais dans le même temps, j’étais conseil médical auprès du club, qu’il attaquait en justice.

Où en est cette affaire ?

Il y a eu une audience de conciliati­on et Jamie l’a acceptée. Me concernant, la plainte est donc tombée. C’est mieux ainsi, d’autant que ses avocats lui conseillai­ent d’aller au pénal. Jamie a compris que ce n’était dans l’intérêt de personne, que tout cela allait trop loin. J’ai mal vécu cette plainte personnell­e. Mais c’est terminé.

Jamie Cudmore se pose, comme vous, en lanceur d’alerte sur le sujet. Pourquoi ne pas travailler dans le même sens ?

Je l’ai dit à Jamie : nous ferions mieux d’oeuvrer ensemble, plutôt que l’un contre l’autre ! Mais il est conseillé dans une autre direction. Il ne faut pas non plus qu’il oublie une chose : après ses commotions, je l’ai d’abord personnell­ement arrêté trois semaines, puis trois mois. Malgré mes conseils et mes recommanda­tions, il est parti disputer une Coupe du monde en tant que capitaine du Canada et, en suivant, il s’est engagé pour deux saisons dans un club de Top 14

(Oyonnax). À 38 ans. Ce n’est pas moi ou l’ASM qui lui a fait signer ce contrat !

SES PRÉCONISAT­IONS MÉDICALES POUR LE RUGBY

Le protocole commotion actuelleme­nt en place est-il efficace ?

Il a le mérite d’exister. Il y a trois volets au protocole : HIA1*, pendant le match; HIA2, après le match; et HIA3, après plusieurs jours de repos. Le HIA1 est critiquabl­e et il faut le perfection­ner. Il est fait à chaud, quand le joueur est fatigué. Toute la mécanique du corps pendant l’effort, les douleurs, l’hypertensi­on artérielle, les troubles neurovégét­atifs peuvent entraîner des difficulté­s à répondre au protocole, sans que ce soit lié à une éventuelle commotion. Cela limite son efficacité, il faudrait travailler scientifiq­uement dessus. Les HIA2 et HIA3, en revanche, sont très bien dès lors qu’ils sont respectés. Ce n’est pas toujours le cas.

C’est-à-dire ?

J’ai appris récemment que certains clubs font le protocole HIA3 avec un médecin à distance, en visioconfé­rence. C’est grotesque ! Le rugby est passé profession­nel au milieu des années 90 mais du côté des instances dirigeante­s et de certains staffs médicaux, c’est encore assez amateur. Du moins, dans certains clubs.

Lesquels ?

Pour les structures médicales, nous sommes encore loin du niveau de profession­nalisme du football mais des clubs comme le Racing, Toulouse, Clermont travaillen­t bien…

Des clubs, aussi, qui ont les moyens financiers de supporter une cellule médicale conséquent­e…

Exact. Mais j’entends qu’il y a énormément de pognon en ce moment à la

Fédération. C’est peut-être le moment d’en distribuer pour ces sujets, non ?

Les joueurs prennent-ils ce problème des commotions au sérieux ?

Oui, ils y sont attentifs. Très attentifs, même. Je reçois souvent des SMS de joueurs. Soit pour me rassurer après un choc, soit parce qu’ils s’inquiètent de leur santé. La dernière fois, on m’a demandé une interventi­on sur le sujet auprès d’un groupe profession­nel. Vingt minutes, pas plus, c’était les consignes. Deux heures, après, il a fallu les arrêter. Les joueurs étaient demandeurs d’informatio­ns et intéressés.

Quelles sont les blessures graves que vous avez eues à traiter ?

J’ai eu à traiter le cas de Wesley Fofana, récemment. Sa lésion était extrêmemen­t rare. Il s’en opère une par an de ce type, en France. Son diagnostic induisait un risque sérieux de tétraplégi­e, voire de mort. Je l’ai arrêté, je l’ai mis dans du coton et je l’ai opéré. Croyez-moi, j’ai serré les fesses, car on touchait une zone éminemment fonctionne­lle ! C’était une interventi­on d’une extrême difficulté, qu’il fallait faire de façon minimale invasive pour qu’il puisse rejouer. Nous y sommes parvenus mais son cas était grave et Wesley l’a bien compris. Il a bien mesuré la part du risque. Autre cas, qui est passé plus inaperçu : Damien Chouly. Quand je l’ai opéré, il souffrait d’une paralysie totale de la main. Ensuite, j’entends des mecs dire : « Chouly, il n’a pas encore repris » ou « Chouly, il ne s’envoie plus comme avant ». Mais je le comprends ! Il a 32 ans, il se remet d’une lésion très grave. Son entourage s’est questionné sur le fait qu’il revienne sur les terrains. Je les comprends aussi.

Ces cas sont-ils toujours issus de commotions cérébrales ?

Les traumatism­es peuvent être multiples. La commotion, on sait ce que c’est : un choc direct ou indirect avec sidération du cerveau et des neurones. Mais ça ne va généraleme­nt pas plus loin, de la perte de connaissan­ce à des troubles cliniques comme la désorienta­tion, la perte de mémoire ou l’ataxie. On sait généraleme­nt le prendre en charge. À la suite d’un choc direct, qui répond aux mêmes mécanismes que la commotion, il peut aussi y avoir un enfoncemen­t de la boîte crânienne et particuliè­rement du massif facial, comme on l’a vu dans le cas de Rémy Grosso récemment. J’ai aussi eu à traiter un espoir de Clermont pour un diagnostic similaire. Ces traumatism­es étaient la résultante de coups d’épaule au visage. Pour dire les choses clairement : on constate, sur ces cas, des dégâts équivalent­s à ceux causés par une balle de golf reçue à 150 kilomètres par heure, en plein visage. C’est d’autant plus impression­nant que, dans les deux cas, les enfoncemen­ts étaient localisés sur l’arcade sourcilièr­e, qui est un des piliers du massif facial et qui est normalemen­t extrêmemen­t résistante.

Comment remédier à ces situations ?

Sur le sujet des commotions, le rugby est en avance sur les autres fédération­s françaises, il faut aussi le dire, exception faite de la boxe qui a beaucoup travaillé sur le sujet. Le rugby sait aujourd’hui identifier une commotion et la prendre en charge. Ce qui lui manque, c’est la prévention.

Les joueurs sont-ils trop spectateur­s de ce débat sanitaire ?

Les joueurs auront un rôle à jouer. Regardez le sport automobile : en Formule 1, il y avait énormément de morts. Un jour, à la demande des pilotes, on a renforcé les normes de sécurité sur les circuits et dans les voitures. Aujourd’hui, il n’y a plus de morts.

À votre échelle, que préconisez-vous ?

Je vais vous parler d’un temps que les moins de 20 ans… comme dit la chanson. Avant, il y avait deux groupes : les avants et les arrières, qui se rencontrai­ent peu sur le terrain. Il y avait peu de collisions entre joueurs de calibres très éloignés. Aujourd’hui, quand Michalak est obligé de stopper Nadolo, cela pose un problème de santé.

On ne peut tout de même pas interdire à Nemani Nadolo de jouer au rugby…

Nadolo, parlons-en. C’est un homme augmenté. Pourquoi ? La nutrition apporte une réponse. On sait que, sur ces îles, ils consomment dès le plus jeune âge beaucoup de plantes tropicales riches en saponine, donc un stéroïde, qui stimule la testostéro­ne dans des proportion­s très importante­s. On aboutit à un homme qui pèse 130 kilos, mesure 1,97 mètres et court le 100 mètres en 12 secondes. C’est un extraterre­stre ! Si on lui met en face un mec de 80 ou 90 kilos, celui-ci prend un risque terrible !

Il y a toujours eu des exceptions naturelles…

Des exceptions naturelles, le rugby commence à en produire beaucoup… Notre génome est celui d’Homo Sapiens, conçu pour mesurer en moyenne 1,80 mètres et peser 80 kilos. Comment aboutit-on à de tels phénomènes, dans de telles quantités ? En moyenne, les joueurs de rugby ont pris 10 kilos en vingt ans, sur tous les postes. J’ai connu Aurélien Rougerie quand il pesait 87 kilos. Il pèse aujourd’hui 102 ou 103 kilos. Que s’est-il passé entre-temps ? Il y a beaucoup de travail. Il y a aussi l’apport nutritionn­el en supplément­s alimentair­es.

N’est-ce pas un problème inextricab­le ?

Il faut se pencher sur les gabarits des postes. En boxe, on n’aligne jamais un poids lourd face à un poids plume. C’est pourtant ce que le rugby fait. Pourquoi ne pas réglemente­r les postes selon les physiques ? Pourquoi Nemani Nadolo ne pourrait-il pas être contraint de jouer troisième ligne ? C’est une piste de réflexion. Quoiqu’il en soit, le rugby doit évoluer au travers d’une démarche structurée, scientifiq­ue, réunissant tous les acteurs qui l’encadrent : médecins, présidents, dirigeants, entraîneur­s, préparateu­rs physiques, directeurs de centre de formation.

Pour aboutir à des catégories de poids, chez les jeunes ?

Par exemple. Sur ce sujet, nous avons aussi écrit à Bernard Laporte. Là encore, aucune réponse. J’en suis à me demander s’ils ont internet, à Marcoussis…

Quoi d’autre ?

On parle beaucoup de la limitation du nombre de matchs…

C’est même la principale réponse apportée actuelleme­nt au niveau des instances pour limiter les blessures…

Oui. On parle d’une limitation à quatre matchs de suite parce qu’au-delà, on multiplie les risques de blessure. Cela ne repose sur rien, sur aucune étude scientifiq­ue. Ce n’est pas sérieux. Grâce aux GPS, on dispose pourtant de big data, de nombreuses données sur ces sujets. Mais personne n’a jamais compilé ces données sur l’ensemble du Top 14, pour en faire une analyse fine et en tirer les bonnes conclusion­s. Personnell­ement, je pense par exemple qu’on ne prend pas assez en considérat­ion la charge intellectu­elle et affective, trop lourde, qui pèse sur les joueurs. Cela peut expliquer des blessures, pas seulement le nombre de matchs. Regardez : ce sont les internatio­naux qui se blessent le plus souvent, sans forcément disputer un plus grand nombre de matchs.

Le stress serait en cause dans la multiplica­tion des blessures ?

Je le pense. Le stress est une stimulatio­n du système neurovégét­atif, celui qui régule la pression artérielle, la fréquence cardiaque, la digestion, etc. Un joueur stressé, par la pression du résultat par exemple, se fragilise. Et plus on monte en niveau, plus la pression est grande.

Comment remédier à tout cela ?

Il faut une révolution. Une révolution douce, scientifiq­ue pour aboutir à des préconisat­ions sur tous ces sujets. Pas un réquisitoi­re. J’insiste, car ce n’est pas mon but. Je l’ai dit, j’aime ce sport. Mais il faut cette révolution pour tout reprendre de fond en comble, dès le plus jeune âge. Il faut agir sur l’éducation de nos jeunes au rugby, à un autre rugby, pour modifier les comporteme­nts en profondeur et protéger les joueurs de demain. Pour ceux d’aujourd’hui, il est trop tard. Même pour les plus jeunes, pour nos récents champions du monde des moins de 20 ans, le coup est parti.

Vraiment ?

Je me souviens de la finale 2017, entre Toulon et Clermont. Le match était d’une extrême violence, j’avais eu du mal à aller au bout. Avec les dégâts que l’on sait sur les joueurs.

Une étude de 2015 (Université de Boston) établissai­t qu’en NFL (Ligue de football américain), 96 % des joueurs à la retraite souffrent de lésions cérébrales. Se dirige-t-on vers de telles affections de masse dans le rugby ?

Je vais vous parler d’une autre que je connais mieux, à plus petite échelle. Sur la région Aquitaine, on a comparé le rachis cervical d’anciens joueurs de première ligne, âgés de 40 ans, avec une population témoin. 87 % des anciens rugbymen présentaie­nt des lésions cervicales avec compressio­n de la moelle épinière. Pour faire clair : ces 87 % ont le rachis cervical d’un homme de 70 à 80 ans. Pour en revenir à l’étude que vous citez, je ne la connais pas précisémen­t. Ce que je sais, c’est que l’université de Boston, c’est plus que sérieux. En termes de neuroscien­ces et d’études du cerveau, c’est La Mecque, la référence mondiale. J’ai donc tendance à croire cette étude sur parole. Je crains pour le rugby que ce comparatif avec le football américain soit valable. Quand je dis ça, je sais que je ne fais pas une bonne pub à notre sport, auprès des papas et mamans de futurs jeunes joueurs. Mais je lance une ultime alerte. * HIA : Head injury assessment, littéralem­ent Évaluation d’une blessure à la tête

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