Midi Olympique

« Ma famille passe en premier »

GEORGE MOALA - Centre néo-zélandais de Clermont À SEULEMENT 27 ANS, LE CENTRE DES ALL BLACKS A CHOISI DE TOURNER LE DOS AU MAILLOT NOIR POUR DÉFENDRE LES COULEURS CLERMONTOI­SES. VOICI POURQUOI.

- Propos recueillis par Simon VALZER simon.valzer@midi-olympique.fr

Quand êtes-vous arrivé à Clermont ?

Il y a une dizaine de jours maintenant, je suis arrivé le samedi et j’ai logé chez mon ami Isaia Toeava avec qui j’ai joué aux Blues. Je ne me suis toujours pas installé car le programme a été chargé depuis : le lendemain, nous partions en stage à Paris jusqu’au vendredi. Depuis que nous sommes rentrés à Clermont, je cherche une maison qui conviendra à ma famille.

Quelles sont vos premières impression­s sur votre nouveau club ?

Le club est impression­nant, surtout au niveau de ses infrastruc­tures. Le stade est magnifique, la pelouse impeccable, et je ne parle même pas des locaux… Nous avons eu un nouveau centre d’entraîneme­nt à Auckland pour ma dernière saison, mais là c’est encore le niveau au-dessus…

Avez-vous déjà repéré des différence­s dans les méthodes d’entraîneme­nt ?

Non, pas pour l’instant car je crois que nous faisons tous la même chose à ce moment de la saison, peut importe le continent où l’on joue : on court ! On développe notre condition physique pour préparer le corps à tenir la saison. En Nouvelle-Zélande, c’est exactement pareil : on court beaucoup et on travaille dur. Pour moi, le plus délicat sera de maîtriser la langue afin de bien communique­r avec mes coéquipier­s. Ici, toutes les instructio­ns sont données en français dont je dois apprendre les bases rapidement. Je vous rassure, j’ai déjà commencé avec mes coéquipier­s ! J’ai étudié le français en Nouvelle-Zélande, mais juste les basiques. Je suivrai des cours ici de toute façon.

Vous avez toujours joué à Auckland, en Super Rugby comme en championna­t de provinces. Pourquoi avez-vous décidé de partir ?

J’ai pensé que c’était le bon moment. Pas seulement pour moi, mais surtout pour ma famille. Car ma famille passe en premier. Le timing était bon, j’avais envie de vivre quelque chose de différent et j’ai eu le sentiment que Clermont voulait vraiment que je m’engage avec eux. La France a toujours fait partie des destinatio­ns que j’envisageai­s.

Vous avez passé sept saisons profession­nelles avec les Blues, que représente­nt-ils à vos yeux ?

Les Blues, c’est mon équipe de coeur. Je suis né làbas, je les ai toujours supportés, j’ai commencé le rugby à Auckland… Les Blues seront toujours mon équipe numéro un.

Pourquoi les Blues n’arrivent pas à concurrenc­er les autres franchises néo-zélandaise­s malgré un groupe de qualité comptant des stars internatio­nales telles que Jerome Kaino, Sonny Bill Williams ou Rieko Ioane ?

C’est difficile à dire de mon point de vue… J’aurais du mal à identifier un problème en particulie­r. Tout ce que je sais, c’est que la conférence néo-zélandaise est certaineme­nt la poule la plus relevée au monde, toutes compétitio­ns confondues. Plusieurs des joueurs que vous avez cités ne seront plus là l’année prochaine mais je suis sûr que les jeunes joueurs vont se développer et prendre la relève.

En quittant le pays, vous avez aussi décidé de tirer un trait sur votre sélection nationale alors que vous n’avez que 27 ans, et que vous comptez trois essais marqués en quatre sélections… Vous n’avez pas de regret ?

C’est vrai. J’ai tout fait pour qu’on me donne la chance de porter ce maillot noir. Mais encore une fois, ma famille passe en premier, et j’ai pris cette décision pour elle. À la fois pour lui offrir plus de confort, mais aussi et surtout pour lui offrir la chance de vivre quelque chose de différent, de très spécial. Personnell­ement, cela faisait sept ans que je jouais dans le même club. J’avais besoin d’un peu de changement.

Que retiendrez-vous de vos moments passés avec les Blacks ?

Je me souviendra­i de ces moments passés en stage avec eux. Je me voyais au milieu d’immenses joueurs, peut-être les meilleurs du monde, et nous étions entraînés par des coachs qui figurent eux aussi parmi les meilleurs du monde. C’était un moment très spécial. Avec eux, on apprend et on progresse tous les jours. C’est ce que j’ai préféré.

La compétitio­n féroce qui règne au centre chez les All Blacks a pesé dans votre décision de partir ?

Oui, forcément. La Nouvelle-Zélande possède d’excellents centres, et cela a joué dans ma décision. Notamment à cause du fait que je me suis blessé trois fois la saison dernière, et que j’ai perdu pas mal de temps de jeu, tant en club qu’en sélection. J’ignore si je rejouerai un jour pour les All Blacks. À vrai dire, je suis concentré pour l’heure sur mon challenge ici. Je me suis engagé pour trois saisons ici, il était important pour moi d’avoir de la stabilité, car je veux m’occuper correcteme­nt de mes enfants.

Pourquoi avoir choisi Clermont ?

J’avais déjà regardé des matchs de Clermont, et j’avais aimé leur façon de jouer. J’ai trouvé que cela ressemblai­t au jeu des équipes néo-zélandaise­s, avec un bon équilibre entre le combat d’avant et le jeu sur la largeur. Cela m’a plu. Je sais qu’ils ont vécu une saison délicate l’année dernière, mais je suis motivé pour aider ce club à retrouver le haut du tableau.

Avez-vous contacté des joueurs clermontoi­s avant de vous engager ?

Oui, j’ai pas mal échangé avec Isaia Toeava notamment, mais aussi Loni Uhila et Fritz Lee. Ils m’ont aidé à prendre ma décision et leur avis a compté. Et puis j’ai étudié le groupe et j’ai eu envie de jouer avec d’aussi bons joueurs. Je suis sûr que nous pouvons faire quelque chose de très spécial avec un groupe pareil.

Venir en France est-il pour vous un moyen d’avoir un peu plus d’anonymat, et de prendre vos distances avec les médias néo-zélandais qui n’ont pas toujours été tendres avec vous ?

Non, pas du tout. Je suis là pour ma famille, pas pour me couper de quoi que ce soit. J’ai envie de jouer et de réaliser de belles choses avec ce club.

D’un point de vue technique, savez-vous déjà ce qu’attend de vous le staff clermontoi­s ?

Oui, nous en avons déjà parlé et cela a aussi motivé ma décision de venir ici. J’ai senti que le coach voulait que je joue comme je sais le faire. Vous aurez constaté que j’aime la dimension physique du rugby, et c’est ce qu’ils veulent que je fasse. Le rugby français est plus physique qu’en Nouvelle-Zélande et cela me plaît.

Vous êtes polyvalent centre/ailier, quel poste préférez-vous ?

J’ai joué au centre au cours des deux dernières saisons et je reconnais que j’y ai pris beaucoup de plaisir. Mais ce choix sera celui du coach, pas le mien. Tout ce que j’aurai à faire sera de me préparer du mieux possible au poste de son choix.

Tim Nanai-Williams, qui évoluait aux Chiefs est arrivé en même temps que vous à Clermont…

Je connais bien Tim, on s’est affronté plusieurs fois et on est devenus amis en dehors du terrain. On laissera la rivalité Blues-Chiefs en Nouvelle-Zélande, mais je pense que l’on regardera nos deux anciennes équipes s’affronter la saison prochaine en Super Rugby. Et chacun portera ses anciennes couleurs !

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Photo Icon Sport Pour la première fois de sa carrière, le puissant centre néo-zélandais George Moala va revêtir un autre maillot que celui des Blues.

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