Midi Olympique

« Mon ADN est montpellié­rain »

JULIEN TOMAS - Demi de mêlée de Montpellie­r À 33 ANS, LE JOUEUR FAIT SON RETOUR DANS SON CLUB FORMATEUR, EN QUALITÉ DE JOKER MÉDICAL DE BENOÎT PAILLAUGUE. UN RETOUR AUX SOURCES POUR LE NUMÉRO 9 PASSÉ PAR CASTRES, PARIS PUIS PAU AVANT DE RENTRER FINIR SA C

- Propos recueillis par Émilie DUDON emilie.dudon@midi-olympique.fr

Votre retour a été officialis­é mercredi avec votre présentati­on au public montpellié­rain lors de la soirée de lancement de la saison. Quelles ont été vos impression­s ?

Retrouver ce stade et ce public, parmi lequel je connais beaucoup de supporters, m’a donné beaucoup d’émotions. Même quand je revenais ici en tant qu’adversaire, ces personnes venaient me voir et m’accueillai­ent avec plaisir, les bras ouverts. Disons que ça m’a pas mal secoué de revoir toutes ces têtes connues et de me remémorer mon passé quand j’étais joueur au MHR.

Que signifie pour vous le fait de porter à nouveau le maillot de ce club ?

C’est très particulie­r. Quand je suis parti (en 2012-2013, N.D.L.R.), j’avais, dans un coin de la tête, l’idée de revenir pour finir ma carrière dans mon club formateur, là où tout a commencé. C’est le rêve de tout joueur profession­nel, j’imagine. Parfois, l’histoire ne s’écrit pas comme ça. Personnell­ement, j’ai la chance de pouvoir le vivre, de revenir dans mon club de coeur et de jouer à nouveau aux côtés de Louis (Picamoles), Fufu (Ouedraogo) ou encore de garçons comme Kélian (Galletier). C’est quelque chose d’exceptionn­el.

Est-ce une manière de boucler la boucle ?

Exactement. C’est une jolie façon de terminer une carrière. Il y a quelque chose d’indescript­ible… J’ai commencé le rugby au MHR à l’âge de 5 ans, j’y ai fait toutes mes gammes depuis l’école de rugby. Je suis passé par le centre de formation, suis devenu profession­nel et j’ai connu des sélections en équipe de France sous ce maillot. C’est mon club, je le connais par coeur. Mon ADN est montpellié­rain.

Vous parlez de fin de carrière. Ce sera donc votre dernier contrat ?

Je parle de fin de contrat parce que, maintenant que je suis revenu à la maison, je ne pense pas repartir. On ne sait jamais de quoi l’avenir sera fait mais mon ambition première est de rester au club et d’y finir ma carrière.

Aviez-vous d’autres contacts ailleurs ?

J’en avais avec quelques clubs de Top 14 mais j’ai fait un choix de coeur, un choix de fin de carrière aussi. J’aurais pu signer deux ou trois ans dans une autre équipe mais la propositio­n de Montpellie­r me tendait les bras et c’était une sortie rêvée pour moi, alors je ne pouvais pas la refuser.

Le retour à la compétitio­n de Benoît Paillaugue est prévu pour la fin du mois de novembre. Comment envisagez-vous l’avenir au-delà ?

Je suis en discussion­s avec le club et rien n’est établi pour l’instant. Bien sûr, je souhaite rester. J’ai aussi envie d’entraîner, d’aider les jeunes, de leur apporter mon vécu et mon expérience. Je voudrais m’investir pour ce club, si je peux le faire.

En intervenan­t auprès des Espoirs par exemple, comme le font Anthony Floch et Jannie du Plessis ?

Si c’est possible, oui. On ne sait pas encore exactement quel sera mon rôle mais nous en discutons actuelleme­nt.

Vous sentez-vous prêt à arrêter dans quelques semaines ?

Pas vraiment pour l’instant. Je me sens bien dans ma tête. Et physiqueme­nt aussi d’ailleurs (sourire).

Quel est votre état d’esprit aujourd’hui du coup ?

Je me sens comme à chaque fois que j’arrive dans un nouveau club, sauf que, cette fois, je connais tout ! À part quelques joueurs et le système de jeu, je connais les moindres recoins du stade. Il y a de l’attente autour de mon retour mais c’est plus facile cette fois parce que ma famille, mes amis sont là. Il faut que je montre l’exemple concernant cet ADN du club dont je parlais plus haut, concernant cet état d’esprit qui a peut-être manqué parfois à cette équipe. C’est important que des joueurs comme moi, Fufu, Louis ou les autres anciens du club prennent le relais pour que tout le monde intègre ces valeurs.

Avez-vous trouvé le club changé ?

D’un oeil extérieur, je dois avouer que je trouvais qu’il avait beaucoup changé. Maintenant que j’y suis revenu, j’estime que ce n’est finalement pas flagrant. Peut-être est-ce Vern Cotter qui, avec sa patte et son management, me rappelle ce qui se faisait auparavant. Il suit aussi les jeunes et essaie d’insuffler une dynamique des Espoirs jusqu’à l’équipe première. Ce n’était pas forcément le cas avec d’autres managers passés au club ces dernières années… En tout cas, ça me rappelle quand j’étais jeune et qu’on s’entraînait avec l’équipe une. Je pense que ce fonctionne­ment est bénéfique pour tout le monde. Pour l’image du club aussi.

Quel est votre meilleur souvenir au MHR ?

J’hésite entre la demie et la finale en 2011. C’était magnifique d’aller au Stade de France avec ma bande de potes mais la demi-finale face au Racing, au Vélodrome avec 90 % du public acquis à notre cause, était fabuleuse. Personne ne nous attendait là…

Le MHR est beaucoup plus attendu maintenant, il fait encore partie des grands favoris pour le Brennus…

Le club mériterait un titre. Il cravache depuis plusieurs années, a connu des échecs et s’est toujours relevé. À titre personnel, ce serait quelque chose de magnifique et de vraiment symbolique pour moi si je pouvais lever ce trophée avec mes amis à la fin de l’année.

Que ce soit à Castres, au Stade français ou à Pau, vous n’avez jamais véritablem­ent eu le statut de numéro un après votre départ du MHR. Avez-vous déjà regretté d’être parti ?

Le rugby a changé quand même… Avant, il y avait vraiment un numéro un et un numéro deux mais ça tourne beaucoup plus aujourd’hui. De toute façon, très honnêtemen­t, je n’ai jamais regretté mon départ. Cela m’a amené de l’expérience. Ça fait un bien fou de repartir à zéro et de se remettre en question vous savez. Et puis quand tu ne te sens pas bien durant une saison, tu te rapproches de ta femme et de tes enfants aussi. Cette énergie-là nous a soudés familialem­ent. Sur le plan sportif, j’ai connu des nouveaux entraîneur­s, de nouvelles stratégies, de nouveaux management­s. J’avais besoin de voir comment ça se passait ailleurs et de m’enrichir d’autres personnes. C’est très positif. D’autant qu’il y a aussi eu le titre de champion avec le Stade français en 2015.

À vos débuts comme profession­nel à Montpellie­r, vous formiez « les 4 fantastiqu­es » avec Fulgence Ouedraogo, Louis Picamoles et François Trinh-Duc. Le quatuor est quasiment reformé. Cela rend-il votre retour encore plus savoureux ?

Nous en avions souvent discuté entre nous, on se disait que ce serait génial de jouer ensemble à nouveau sur nos vieux jours (rires). Cela rend ce retour encore plus fabuleux. Trois sur quatre sous le même maillot à nouveau, c’est assez dingue quand on y réfléchit.

Cela met-il un coup de vieux ou un coup de « boost » ?

En revenant au club, j’avoue que j’ai trouvé mes coéquipier­s assez jeunes par rapport à moi (rires). Mais non, franchemen­t, ça me met un énorme coup de « boost ». Je suis plein d’envie, plein d’entrain, plein d’énergie. Je suis plus libéré et plus mature aussi. Je veux apporter tout ça à cette équipe.

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 ?? Photos DR et Icon Sport ?? En haut : Julien Tomas présenté officielle­ment sous son nouveau maillot mercredi. En bas, le joueur qui posait en 2008 aux côtés de Trinh-Duc, Ouedraogo et Picamoles, avec qui il formait les « 4 fantastiqu­es ».
Photos DR et Icon Sport En haut : Julien Tomas présenté officielle­ment sous son nouveau maillot mercredi. En bas, le joueur qui posait en 2008 aux côtés de Trinh-Duc, Ouedraogo et Picamoles, avec qui il formait les « 4 fantastiqu­es ».

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