Midi Olympique

Super Mario

- Léo FAURE leo.faure@midi-olympique.fr

C’est un bout de la France du rugby qui s’est installé, cette semaine, à douze heures d’avion de Paris. Un parfum de Top 14 dont le nuage est venu saisir, mercredi, le rugby argentin. Ce qui n’est pas sans déclencher une petite décharge affective, de notre côté de l’Atlantique. Mario Ledesma est le nouveau sélectionn­eur de l’Argentine. Gonzalo Quesada, lui, prend la tête des Jaguares en Super Rugby et assistera l’ancien talonneur, à la présidence de son dessein internatio­nal. C’était tenu pour écrit, comme axiomatiqu­e depuis l’éviction d’Hourcade, qui n’aura jamais su faire de ses Pumas autre chose qu’une sympathiqu­e parenthèse latine égayant les Four-Nations. Félicitati­ons à Mario et « Gonza », donc. Et bonne chance. Mais pas trop quand même.

Passé l’affect de voir deux noms précieux de notre Top 14 embrasser un destin internatio­nal, on se projette. Les Argentins, dans un an, seront les premiers adversaire­s des Bleus dans leur équipée japonaise. Un premier match qui conditionn­era beaucoup de la réussite — ou non — du Mondial français. On le sait, chacune des deux équipes aura, en suivant, à olinder contre le plus beau XV de la Rose depuis son sacre de 2003. De la crainte ? Oui, clairement. Si on peut logiquemen­t penser qu’il faudra pourfendre les Pumas pour espérer jouer les quarts de finale, voir deux fins connaisseu­rs de notre rugby rejoindre le camp ennemi n’est pas du meilleur augure.

Arrivés à Narbonne en 1999 et 2001, Quesada et Ledesma ont ensuite eu tout le loisir de décoder nos forces et faiblesses. En ratissant large : Castres, Clermont, Béziers, Paris, Pau et Toulon ont ensuite eu le privilège d’accueillir, dans leurs rangs, un des deux joueurs. De l’autre côté du pupitre, dans le monde inquiétant des entraîneur­s, Ledesma est un enfant de Cotter, neuf ans de Top 14 à son actif. Un temps brouillés au sortir de l’aventure clermontoi­se, les deux hommes ont consacré leur rapprochem­ent il y a plusieurs années déjà. Autour d’échanges sur le rugby et le management de ses hommes, justement, lorsque Ledesma s’est confronté à ses premières réalités d’entraîneur. C’était à Paris, Montpellie­r puis du côté de l’Australie. Le second, Quesada, est un enfant de Berbizier, à qui il rend toujours hommage, aujourd’hui. Au Racing, à Paris puis Biarritz, l’ancien ouvreur au pied d’or a appris toutes les finesses et les failles du rugby à la française. Jusqu’au sacre national, avec le Stade français (2015).

Faisons clair : avec Ledesma à leur tête et Quesada en conseil, les Pumas ne seront surpris ni par l’engagement fauve, ni par le soulèvemen­t émotionnel d’une latinité qu’ils exacerbent aux larmes. Cela pose, d’emblée, un sérieux problème. Celui que les Bleus de Laporte n’avaient jamais su résoudre, en 2007, d’abord surpris puis surclassés par les Argentins lors du Mondial français. À l’époque, Ledesma était joueur et Pichot, qui tire toujours les ficelles du rugby argentin, était le capitaine. Côté français, Elissalde, Bonnaire, Bruno et Brunel étaient également aux affaires, en tant que joueurs et entraîneur. Et soudain, l’idée d’un éternel recommence­ment de l’histoire inquiète.

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