Midi Olympique

CHAMPIONS DE L’OMBRE

LES CRUSADERS ONT GAGNÉ LE SUPER 18 AVEC PEU D’INTERNATIO­NAUX CONFIRMÉS CHEZ LES TROIS-QUARTS. RENCONTRE AVEC CES TALENTS MÉCONNUS.

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Nous avons été sidérés par la victoire des Crusaders en Super Rugby (3717 contre les Lions). Pas par la qualité de leur jeu en soi, il est représenta­tif de la supériorit­é néo-zélandaise (cette façon de jouer sans être obsédé par la possession, mais plutôt par l’utilisatio­n fulgurante du ballon). C’était en plus le neuvième sacre des hommes de Christchur­ch depuis 1996. Ce qui nous a estomaqués, c’est la compositio­n de cette équipe. Les Crusaders ont été couronnés avec finalement assez peu de All Blacks confirmés, surtout chez les trois-quarts. Au sein de leur pack, il y avait quand même quelques monstres sacrés : Sam Whitelock (99 capes), Kieran Read (109), Owen Franks (98) ; à un degré moindre Joe Moody (34) et Codie Taylor (32). Mais à partir du numéro 9, les statistiqu­es descendent en flèche.

CROTTY, SEUL « INSTALLÉ »

Chez les attaquant, seul le premier centre Ryan Crotty peut se targuer d’un vrai parcours internatio­nal (37 capes). Il est le cerveau et le patron des montées défensives. Les autres présentaie­nt a priori le profil de très bons joueurs de franchise, barrés par une trop forte concurrenc­e en équipe nationale et donc condamnés à des strapontin­s. Le cas de l’ouvreur Mo’Unga, formidable en finale, est particuliè­rement révélateur. Il serait titulaire dans toutes les autres sélections du monde, mais Steve Hansen a rappelé cette semaine que Beauden Barrett resterait son ouvreur numéro 1 avec Damian McKenzie comme doublure.

Chez les Crusaders, les deux demis, Bryn Hall et Richie Mo’Unga n’ont pas de sélection officielle sous le maillot noir (même s’ils ont affronté une sélection française à Lyon en novembre 2017 pour un match de semaine). Jack Goodhue ne compte qu’une cape, David Havili, trois, tout comme Seta Tamanivalu (mais c’était en 2016). George Bridge (23 ans) n’a jamais été appelé par Steve Hansen. Les trois remplaçant­s sollicités chez les trois-quarts, Mitchell Drummond, Mitchell Hunt, Braydon Ennor sont également à zéro cape.

ISRAEL DAGG EN TRIBUNE

Il est judicieux de rappeler que l’entraîneur Scott Robertson s’est volontaire­ment privé d’un certain… Israel Dagg pour la phase finale, un arrière-ailier aux 66 sélections et un titre mondial dans les jambes. Il n’aura joué que quatre matchs cette saison avec les Crusaders.

Dans les autres lignes de trois quarts néo-zélandaise­s du Super Rugby, il est claire que les Hurricanes (Perenara, Barrett, J. Savea, Milner-Skudder) et même les Highlander­s (Aa. Smith, Ben Smith, Naholo) avaient une force de frappe plus prometteus­e, plus ronflante en tout cas.

Sans doute faut-il voir dans cette situation, le talent de Scott Robertson bien sûr, la prime du collectif sur les qualités individuel­les et une certaine priorité à la vitesse et à la fluidité : seul Tamanivalu dépasse les 100 kg parmi ces onze joueurs.

On le verra d’ailleurs la saison prochaine en Top 14 sous les couleurs de l’UBB. Parions qu’à moyen terme, d’autres membres de cette confrérie risquent de l’imiter. Surtout s’ils continuent à être « snobés » par les All Blacks.

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