LA POLÉMIQUE PULU
L’AILIER TONI PULU, NÉ AUX ÉTATS-UNIS, POURRA JOUER AVEC LES WALLABIES LORS DU RUGBY CHAMPIONSHIP ALORS QU’IL VIENT TOUT JUSTE DE DÉBARQUER EN AUSTRALIE.
L’Australie a réussi quelque chose d’impensable. En effet, l’ailier Toni Pulu, 29 ans, vient de recevoir le feu vert de World Rugby pour défendre les couleurs des Wallabies dès l’ouverture du Rugby Championship 2018. Impensable, car le natif de Los Angeles vient tout juste de s’engager avec la province des Brumbies pour les deux prochaines saisons, après trois ans passés au sein de la province des Waikato Chiefs en Nouvelle-Zélande, où il a gagné le titre « d’homme le plus rapide de Nouvelle-Zélande », inscrivant quatorze essais en trente-deux rencontres de Super Rugby. Impensable aussi parce que Toni Pulu a déjà été international à 7 pour Niue, pays insulaire de l’océan Pacifique. Pourquoi peut-il alors postuler à une place chez les Wallabies ? Olivier Vidal, expert indépendant des règlements internationaux auprès de World Rugby, s’est penché sur le dossier : « Tout d’abord, Pulu a un parent né en Australie. Après, World Rugby s’est appuyé sur une décision de 2014. Pulu était inéligible pour Niue et ses sélections avaient donc été annulées. World Rugby vient de préciser qu’en 2014, les joueurs reconnus d’inéligibilité n’étaient pas automatiquement sanctionnés par une suspension. » Pulu a donc pu continuer sa carrière sans être inquieté et se trouve aujourd’hui en capacité de devenir international australien dans les prochains jours.
Les explications de World Rugby n’ont pas suffi à éviter une polémique dans l’hémisphère Sud, notamment auprès des représentants des Samoa ou des Tonga qui se sentent une nouvelle fois lésés par rapport aux nations du Tiers 1. L’ancien troisième ligne samoan Dan Leo, reconnu sur la scène internationale pour défendre les intérêts des joueurs îliens, n’a pas manqué de réagir : « Donc des joueurs comme Cooper Vuna, Nafi Tuitavake ou Tim NanaiWilliams ont dû passer par quatre tournois de qualification olympique, risquant des blessures, du surmenage, etc, pour jouer en faveur des Tonga ou des Samoa, mais World Rugby accorde une dispense spéciale pour les nations du premier tiers ? » World Rugby se défend d’avoir accordé une dispense spéciale mais le cas Toni Pulu devrait encore faire couler de l’encre.