Midi Olympique

« Sur une sorte de nuage »

AUTEUR DE TRENTE POINTS DONT QUATRE ESSAIS, L’OUVREUR EST ENTRÉ DANS L’HISTOIRE. AUCUN JOUEUR KIWI N’AVAIT MARQUÉ AUTANT DE POINTS FACE AUX WALLABIES.

- Propos recueillis par Patrick MCKENDRY, en Nouvelle-Zélande, (avec S.V)

Vous avez donné une incroyable impression de facilité ce soir. Partagez-vous ce sentiment ?

Il est vrai qu’à plusieurs moments, j’ai senti que les choses coulaient d’elles-mêmes, et notamment lors de la première mi-temps. Toutefois, nous avons aussi connu des moments de relâchemen­t. Je pense que dans l’ensemble, nous avons signé une bonne prestation. Disons que nous nous sommes facilités la tâche en mettant la main d’emblée sur la rencontre. Quand j’y repense, je me dis que ces essais marqués en fin du premier acte juste avant la pause ont été cruciaux, car c’est dans ces moments-là que l’équipe adverse ne lâche rien et qu’il est plus dur de marquer. Ce sont ces petits moments clés qui nous ont permis de gagner. Je suis satisfait.

Les All Blacks ont l’habitude de marquer juste avant la mi-temps ainsi qu’au retour des vestiaires. Faut-il y voir un plan de votre stratégie de jeu ?

Vous avez raison. Nous sommes conscients du fait que les équipes ont l’habitude de faiblir juste avant la mi-temps. C’est très difficile, à ce moment, de conserver la même intensité, tant en attaque qu’en défense. Comme nos adversaire­s, nous souffrons de la fatigue mais à ce moment précis on se dit qu’il faut qu’on donne encore plus pour l’équipe, ainsi que pour faire vivre le ballon. Cela a fonctionné ce soir, comme cela a fonctionné la semaine dernière à Sydney, quand Aaron Smith a marqué. Tout est une question de volonté de continuer à abattre du travail sur le terrain, ainsi que de confiance en soi.

Qu’est ce que cela fait de se retrouver dans une situation aussi idéale, dans laquelle on réussit absolument tout ce que l’on entreprend ?

C’est un moment spécial. Ce moment où l’on ne réfléchit plus, où l’on se contente juste de faire ce que l’on sait faire, de façon simple et spontanée. C’est dans ces moments que je me sens à mon sommet. J’imagine que ce doit être la même chose dans les autres sports, ou les autres domaines. On est sur une sorte de nuage… on se contente d’exécuter, on sent que toute l’équipe est connectée, que tous les joueurs sont sur la même page. C’est tellement agréable. En tant que sportifs de haut niveau, notre plus grand challenge est de savoir comment on peut arriver le plus rapidement possible à cet état, et comment le reproduire le plus souvent possible en match. Mais ça, c’est une autre histoire…

Le demi de mêlée TJ Perenara, qui est aussi l’un de vos plus proches amis, nous a confié que vous saviez garder votre calme en toutes circonstan­ces. Est-ce vrai ?

De façon générale, je pense être quelqu’un de calme. Mais en match, je passe par des moments de crispation, de frustratio­n ou de nervosité. Dans ces caslà, je perds une partie de mon sang-froid, comme tout le monde. À mon sens, l’aspect mental est celui sur lequel on peut effectuer les plus grands progrès. Bien plus que sur la préparatio­n physique ou la technique individuel­le, dans lesquels on doit pourtant continuell­ement progresser. À ce titre, notre préparateu­r mental Gilbert Enoka m’a beaucoup appris, ainsi qu’à toute l’équipe. Je n’ai même pas de mot assez fort pour vous dire tout ce qu’il m’a apporté et ce que je lui dois.

Vous paraissiez extrêmemen­t fatigué après votre quatrième essai, et pourtant un immense sourire vous fendait le visage…

C’est un moment que l’on se doit d’apprécier. Vous avez raison, je n’en pouvais plus… Mais cela n’arrive pas souvent, alors il faut en profiter.

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Beauden Barrett s’envole vers son troisième essai, avec une incroyable impression de facilité. Photo Icon Sport

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