À LA RECHERCHE DU TEMPS PERDU
REBOND DÉCEPTIONS DE LA SAISON DERNIÈRE ET TRÈS LOIN, TROP LOIN DE LEURS OBJECTIFS INITIAUX, PARISIENS ET CLERMONTOIS SONT LA SENSATION DE CE DÉBUT D’EXERCICE. EXPLICATIONS LES DEUX CLUBS BÉNÉFICIENT D’UNE DYNAMIQUE FAVORABLE, MAIS AUSSI D’UN CONTEXTE PROPICE AUX BONS DÉBUTS DE SAISON, AVEC DES EFFECTIFS STABLES. RENCONTRE LEUR OPPOSITION À VENIR, SAMEDI AU STADE MARCEL-MICHELIN (21 HEURES), DÉSIGNERA UN PREMIER LEADER À CE TOP 14.
Est-ce réellement une surprise de voir l’ASM Clermont Auvergne et le Stade français truster la tête du Top 14 après deux journées de championnat ? Se poser la question, c’est probablement y répondre déjà, un peu. L’an passé, les deux clubs ont totalement disparu des radars des phases finales. Des turbulences, ils en ont vécu, chacun à leur façon. Clermont est entré dans le Guinness Book des records pour avoir réussi la prouesse d’avoir plus de joueurs à l’infirmerie que de joueurs sur le terrain, quand le Stade français et son troisième budget du Top 14 a bien failli découvrir le championnat de Pro D2 à force de mauvais résultats. Aujourd’hui, les deux sont en quête de rédemption, à la recherche du temps perdu. Le glorieux passé parisien est évidemment bien plus lointain que celui des Auvergnats. Depuis le titre de 2015 -oasis de bonheur au milieu d’une longue traversée du désert- le club de la capitale vivote dans le ventre mou du championnat, jusqu’à flirter avec la relégation la saison dernière. Les Clermontois, eux, ont vécu un véritable accident industriel. Champions de France en titre, ils ne sont pas même pas qualifiés pour la phase finale. Avant eux, les Parisiens avaient été les premiers à inscrire leurs noms à ce triste palmarès, incapables de se relever lors de la saison 2015-2016.
LA PRUDENCE EST DE MISE
Avec neuf points en poche après deux matchs, tous deux ont réalisé un début de championnat idéal. Dans chaque camp, on préfère toutefois tempérer. « Le Top 14, c’est un marathon, disait dimanche soir Wesley Fofana à l’issue de l’impressionnante victoire clermontoise sur la pelouse synthétique du Racing 92. On ne va donc pas s’enflammer. On se souvient d’où l’on vient. »
Le discours des Parisiens est identique, peut-être même encore plus sincère tant les dernières années ont mis à l’épreuve les Stadistes. « Ce sera une année de transition », avait dit Hans-Peter Wild en juin 2017. Doux euphémisme. Entre le Stade français de l’an passé et celui de cette saison, il y a un monde d’écart. Pas tant au sein de l’effectif qui, in fine, n’a pas été autant renforcé que certains le laissent entendre. Certes,Yoann Maestri et Gaël Fickou, deux internationaux renommés ont rejoint les soldats roses. Mais pour ce qui concerne les autres recrues, l’international argentin Nicolas Sanchez ne débarquera qu’en décembre prochain. Kylan Hamdaoui, Julien Delbouis ou encore Lester Etien évoluaient en Pro D2 l’an dernier. Dans le XV de départ parisien aligné à Perpignan, lors de leur retentissante victoire de la première journée, seules deux recrues étaient alignées.
LA STABILITÉ VAUT BIEN TOUTES LES VERTUS
La différence vient, semble-t-il, du staff technique. Heyneke Meyer et son armée de techniciens ont remis en selle une équipe en panne de repères et de confiance, par un travail sur les fondamentaux : préparation physique, conquête et défense. Un triptyque suffisant pour impressionner en raison de la qualité de l’effectif, probablement mal exploitée par le passé.
Cette stabilité d’effectif, les Parisiens la partagent avec les Clermontois. Franck Azéma, malgré l’exercice calamiteux de l’an passé, a en effet renouvelé sa confiance au même groupe. Seuls trois joueurs (Moala, Naqalevu, Nanai-Williams) sont venus renforcer les Jaunards. Ce qui tendrait à valider la thèse de l’accident, pour expliquer la saison passée. Ce qui valide, aussi, une philosophie qui tranche avec les us et coutumes du Top 14 : en début de saison, la stabilité vaut bien toutes les vertus.