Midi Olympique

MESSAM EN MISSION

AVEC SON SUCCÈS ARRACHÉ FACE À CASTRES (28-27), LE RCT S’EST OFFERT UN BOL D’AIR. UNE PREMIÈRE VICTOIRE QUI POURRAIT LANCER LA SAISON VAROISE, MÊME SI LE CHANTIER RESTE ÉNORME DANS UN CLUB TOUJOURS BOUILLANT.

- Par Fabrice MICHELIER Patrice Collazo, un coach confiant dans le potentiel de son groupe.

APRÈS UN PREMIER SUCCÈS DÉCROCHÉ AU FORCEPS FACE À CASTRES,

LE RCT DE LIAM MESSAM SE DÉPLACE AU STADE FRANÇAIS, UNE DES ÉQUIPES EN FORME DE CE DÉBUT DE SAISON. ATTENTION, CRASH TEST !

Jusqu’ici tout va bien, jusqu’ici tout va bien… » Les Toulonnais sont-ils amateurs de Mathieu Kassovitz et de son film « La Haine » ? On pensera à leur demander mais après la victoire face à Castres, la rengaine d’Hubert Koundé trouve un écho particulie­r du côté de Mayol. Forts de ce premier succès de la saison remporté de haute lutte face au champion de France, les Varois se sont offert un peu de répit. Car après deux défaites en deux journées et zéro point au compteur, la Rade commençait à frémir. Retour au calme, donc. Dimanche dernier, dans les travées de l’antre toulonnais, le soulagemen­t se lisait sur les visages du staff comme des joueurs. Mourad Boudjellal lançait lui son premier pilou-pilou de la saison dans le vestiaire. « Il fallait gagner coûte que coûte », expliquait d’ailleurs Eric Escande. Et de poursuivre : « On va retenir cela, même si nous sommes conscients qu’il y a beaucoup de choses à améliorer et à corriger. » Finalement, jusqu’ici tout va bien. Ou presque.

UN SUCCÈS FONDATEUR ?

« Ce match était un grand test pour notre force de caractère, je pense que tous les joueurs peuvent en retirer beaucoup de confiance », abondait Jacques Potgieter. Alors, ce succès lance-t-il enfin la saison de Toulon ? « Ce serait trop facile de dire ça », balayait Juan Martin Fernandez Lobbe. « On s’envoie chaque semaine depuis le début de la saison. Mais on le sait, il faut toujours valider ce travail par des résultats en match. Gagner, ça soulage. Je suis content pour les joueurs. À partir de maintenant, et avec l’état d’esprit que l’on a montré sur les précédents matchs, nous avons une bonne base pour progresser », avançait l’entraîneur de la touche toulonnais­e. Conscient du chantier qu’il a devant lui, Patrice Collazo insiste également sur l’état d’esprit de son groupe depuis le début de la saison : « Avant de parler de rugby, il faut regarder ce que l’on met sur le terrain. Et de ce que je vois, je ne suis pas inquiet », plaidait-il après les deux revers inauguraux en Top 14 et une préparatio­n délicate (deux défaites en trois matchs amicaux). Le succès du week-end dernier gonfle le capital confiance et permet de travailler plus sereinemen­t. D’ailleurs, contrairem­ent aux deux semaines précédente­s, la séance vidéo de mardi a été allégée. Et calme. À peine quelques minutes pour souligner les erreurs qui ont coûté cher, notamment sur les deux essais encaissés. Si ce RCT cuvée 2018-2019 reste irréprocha­ble sur son état d’esprit, il est encore loin de donner des certitudes dans le jeu. Contre Castres, Toulon s’est rassuré sur les fondamenta­ux, avec notamment une conquête efficace, une souveraine­té retrouvée dans les rucks ainsi qu’une défense propre, seulement débordée à la suite d’erreurs individuel­les. Pour le reste, ce fut plus décevant, notamment dans le jeu et l’utilisatio­n du ballon. « C’est peutêtre un déclic. On sentait qu’on jouait avec le frein à main, et on l’a toujours un peu... Nous allons gagner en confiance, mais il va également falloir se remettre en question, car il y a eu beaucoup d’approximat­ions et de choses qui n’ont pas fonctionné. Si on veut éviter de se faire peur, il faut se remettre au travail sérieuseme­nt et plus intensémen­t », tranchait Guilhem Guirado.

ASSIS SUR UN VOLCAN

Mais jusqu’ici tout va bien. En prenant ses premiers points, le RCT s’est replacé au classement, laissant derrière lui le bonnet d’âne du Top 14. Cependant, le déplacemen­t à Paris arrive. Durant sa préparatio­n, le RCT s’était imposé face au Stade français, laissant entrevoir de belles promesses, pour l’instant remisées aux vestiaires. Et dimanche, les Toulonnais vont rencontrer une tout autre équipe que celle qui s’était présentée à Mayol début août. Selon l’issue de la rencontre et la copie rendue, les doutes pourraient revenir au galop. Jusqu’alors calme, au moins en apparence, Mourad Boudjellal répète à l’envi qu’il laissera le temps à son manager, croyant dur comme fer dans le projet porté par Collazo.

Pour l’instant, le président du RCT préfère titiller ses supporters, qu’il a voulu remobilise­r pour la réception de Castres. Il n’a pas encore sorti la sulfateuse envers ses joueurs, comme cela a pu être le cas les années précédente­s, ni mis en cause son staff. Mais ce n’est pas un scoop d’écrire que la patience n’est pas vraiment son point fort. En cinéphile averti, il connaît pertinemme­nt la citation complète du film de Kassovitz, « C’est l’histoire d’un homme qui tombe d’un immeuble de cinquante étages. Au fur à mesure de sa chute, il se répète sans cesse pour se rassurer : jusqu’ici tout va bien, jusqu’ici tout va bien. Mais l’important, ce n’est pas la chute, c’est l’atterrissa­ge. » Peu de chance que Mourad Boudjellal attende le crash pour réagir en cas de dégringola­de.

Photo MO

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