Midi Olympique

DIX ANS DE VOISINAGE

LES GIRONDINS FERONT LE COURT DÉPLACEMEN­T SANS PAVOISER. ILS SAVENT QU’ILS SERONT ATTENDUS À AGEN, UN CLUB OÙ ILS ONT BEAUCOUP RECRUTÉ CES DERNIÈRES ANNÉES.

- Par Jérôme PRÉVÔT jerome.prevot@midi-olympique.fr

L’UBB fera le court déplacemen­t agenais avec une première petite pression. Le match décevant face à Montpellie­r est passé par là. Un UBB-SUA, est-ce un derby ? Nous avons du mal à y souscrire car ce terme est de plus en plus galvaudé. Mais dans un passé récent, le destin des deux clubs a été lié. Quand l’UBB a vu le jour, le SU Agen était encore un poids lourd, une figure tutélaire. Puis, au nom d’une certaine logique des grandes villes (et d’un savoir-faire inattendu), Bordeaux est passé devant à partir de 2013.

TROIS RECRUES EN DEUX ANS

Ces dernières années, l’UBB a recruté plusieurs éléments venus du Lot-et-Garonne. Nathan Decron et Florian Dufour, en 2017, et George Tilsley en 2018. Trois éléments de valeur : le Néo-Guinéen Tilsley a marqué huit essais la saison dernière et fut l’un des artisans du maintien du SUALG. Rory Teague semble lui faire confiance en ce début de saison. Florian Dufour et Nathan Decron ont été tous deux internatio­naux des moins de 20 ans. Decron a joué cinq matchs de Pro D2 en 2016-2017, Dufour, six entre 2015 et 2017. S’ils étaient restés à Agen, ils auraient forcément eu leur chance au plus haut niveau. À Bordeaux, le talonneur Dufour est en train de faire son trou. Il a commencé trois matchs sur trois depuis le 25 août. Le centre Decron s’est rompu les ligaments d’un genou à l’automne 2017, mais depuis son rétablisse­ment, il gravite autour de l’équipe première. Il a fait ses grands débuts contre Montpellie­r en fin de rencontre pour neuf minutes.

Évidemment, les Agenais ont nourri une certaine frustratio­n de ces départs qu’ils auraient aimé au moins retarder. Quelques proches du club nous l’ont rappelé ces derniers temps, comme pour se motiver encore plus avant le match de samedi. « Évidemment, ça fait partie des aléas… Mais ce n’est pas très agréable à vivre. Je sais bien que certains projets ambitieux peuvent être attirants. Mais les jeunes partent de plus en plus tôt. Nous nous sentons pénalisés car notre modèle économique est basé sur la formation de jeunes talents… », reconnaît cette semaine Jean-François Fonteneau.

Laurent Marti explique : « C’est inévitable et c’est normal. Il ne faut pas oublier qu’au début de l’aventure de l’UBB, le SU Agen était venu

recruter Maxime Machenaud. Mais je ne leur en ai pas voulu. À leur place, j’aurais fait la même chose. » C’était en 2010 et l’UBB était encore en Pro D2. À l’époque, Machenaud était le premier talent supérieur révélé par le club. Mais Agen était en train de remonter en Top 14 sous l’égide de Christian Lanta : « Ils étaient plus costauds que nous. Tout ça était très logique. Je ne vois pas de quoi on peut nous accuser » poursuit Laurent Marti.

QUAND MARTI FAILLIT JETER L’ÉPONGE

Mais le cousinage entre les clubs va plus loin que des questions de recrutemen­t. Il ne faut pas oublier que Jean-François Fonteneau, le président du SUALG, a joué au Stade Bordelais dans les années quatre-vingt-dix. À Bordeaux, il avait fait reparler de lui en février 2010 au moment où Laurent Marti avait failli jeter l’éponge, las du manque de soutien des forces locales. Il lui manquait alors un million d’euros. La mobilisati­on des médias, de la Chambre de Commerce et de son président Laurent Courbu, ainsi que le soutien d’Alain Rousset (président de la Région) l’avaient fait revenir sur sa décision.*

Mais entre-temps, le nom de Jean-François Fonteneau avait circulé comme repreneur potentiel de l’UBB, à la tête d’un groupe d’investisse­urs. Celui-ci ne le nie pas : « Oui, j’avais été approché. Il y avait eu des discussion­s mais rien n’avait été vraiment ficelé. J’avais fait la connaissan­ce de Laurent Marti à ce moment-là. » Mais il n’y avait pas eu de lien spécifique entre les deux hommes à cette occasion et aucune concurrenc­e dans l’esprit de Laurent Marti : « Si j’avais jeté l’éponge, je n’aurais pas eu mon mot à dire sur le futur repreneur. » Le président bordelais évoque par contre une autre forme de concurrenc­e frontale entre les deux clubs : « Je me souviens du président Alain Tingaud évoquant la possibilit­é de délocalise­r certains matchs d’Agen au stade Chaban-Delmas. Là, évidemment, je n’étais pas d’accord. » * L’UBB avait finalement récolté 500 000 euros mais le moral de Laurent Marti avait été regonflé et il avait poursuivi l’aventure en jouant la carte d’un recrutemen­t ambitieux.

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