À LA SAUCE « OYO » !
SI LES PARISIENS SE SONT D’ABORD ATTACHÉS À ÊTRE PRÊTS PHYSIQUEMENT ET EN CONQUÊTE, IL LEUR RESTE À ASSIMILER LE NOUVEAU SYSTÈME OFFENSIF. POUR ÊTRE PLUS EFFICACE...
Qu’on le veuille ou non, le Stade français a reçu une petite gifle samedi dernier à Clermont. Et a remis, de façon un peu brutale, les doux rêveurs les deux pieds bien sur terre. Les deux premiers succès avaient peut-être bercé d’illusions ceux qui pensent encore qu’on peut construire un club à grand coups de millions. « Les gens ont peut-être un peu vite oublié où nous étions l’an dernier, souligne l’ouvreur Jules Plisson. Le club s’est donné les moyens de mieux figurer, l’équipe a été renforcée mais tout n’a pas changé. Le budget, c’est une chose ; le secteur sportif, c’en est une autre. » En clair, imprimer une identité de jeu à une équipe et la rendre efficace requiert du temps. Et donc, de la patience.
Depuis l’été dernier, on ne vous l’apprend pas, Paris compte sur un nouveau staff technique, soucieux de parvenir à une efficacité maximale au plus vite. Ça, c’est pour le côté « sud-africain ». Priorité à donc été mise sur la préparation physique et la défense. Certes, c’est un peu réducteur mais dans l’urgence, Heyneke Meyer et son armée d’adjoints savaient qu’avec ces deux secteurs de jeu performants dès la reprise, les Soldats roses seraient compétitifs. « Mais si on prend l’option de ne pas se perfectionner en attaque, on ne pourra pas gagner, assure l’entraîneur des avants Pieter De Villiers. Il y a quelques années, on pouvait le faire juste avec une très bonne défense et une conquête. Aujourd’hui, ce n’est plus possible, les attaques ont pris le pas sur les défenses. »
Le système offensif, justement, parlons-en. C’est le domaine de Mike Prendergast, l’entraîneur des trois-quarts et de l’attaque. Souvenez-vous. En fin de saison dernière, tous les observateurs avaient souligné la qualité du jeu produit par Oyonnax. Dans sa quête du maintien, le club de l’Ain avaient décidé de ne surtout pas fermer le jeu. Adrien Buononato, manager des « Oyomen » avait confié la responsabilité de ce jeulà au technicien irlandais. C’est, entre autres, ce qui a séduit Meyer. Depuis son arrivée, Prendergast s’est donc attaché à poser sa griffe sur les systèmes offensifs. Pour l’heure, difficile de juger. « Dans tous les clubs, le plus difficile, ce qui demande le plus de temps, c’est la mise en place du système offensif, dit-il d’emblée. On doit être réaliste, nous sommes en reconstruction et notre priorité a été de commencer par les fondations. C’est un long travail que nous avons devant nous. Nous devons progresser étape par étape. Aller trop vite, c’est le meilleur moyen de se planter. »
UNE NOUVELLE RÉPARTITION DES AVANTS DANS LE SYSTÈME
Il y a forcément des similitudes avec le jeu d’« Oyo » de la saison dernière. D’abord, dans la circulation des joueurs. Jusque-là, les avants parisiens se répartissaient en deux blocs de trois joueurs au milieu de terrain avec un troisième ligne ou Hugh Pyle dans chaque couloir. Désormais, c’est un bloc de quatre qui couvre le milieu de terrain avec deux avants dans les couloirs des 15 mètres. « Il y a peut-être quelques similitudes », sourit Prendergast, soucieux de ne pas trop dévoiler ses choix stratégiques. « Il arrive effectivement qu’on laisse quelques avants dans les couloirs. De toute façon, ma philosophie de jeu est la même mais il y a forcément des détails qui changent. Reproduire la même chose année après année, ça rend la lisibilité du jeu plus facile pour l’adversaire. » Avant cela, les Parisiens doivent surtout se familiariser avec une circulation qui n’était pas la leur. Sur les trois premiers matchs, une progression peut déjà être notée. Paradoxalement, certains mouvement offensifs se sont avérés davantage tranchants lors de la défaite à Clermont que lors de la victoire face à l’UBB. « C’est vrai reconnaît Prendergast. Contre Bordeaux, il y a eu trop de fautes de la part des deux équipes. À Clermont, le jeu a été plus fluide, les courses de soutiens un peu meilleures. Nous nous sommes créés trois ou quatre opportunités. Seulement, nous n’avons pas su marquer sur ces occasions. Face à une grande équipe comme Clermont, impossible de ne pas prendre les points quand ils se présentent. J’espère que nous allons hausser un peu notre niveau contre Toulon. Ce sera un gros test pour nous. »
Mike Prendergast réclame du temps. L’an passé, Oyonnax avait trouvé la bonne carburation à partir des mois de février et mars. Force est donc de s’interroger :
le Stade français devra-t-il patienter aussi longtemps ? « C’est vraiment tout nouveau pour nous, répond Jules Plisson. Nous sommes encore en phase de découverte mais j’ai l’impression d’être dans la bonne direction. » Dans les rangs parisiens, on jure que l’assimilation sera plus rapide. La raison ? Sans doute un effectif de meilleur qualité. Les joueurs de la capitale devront aussi trouver une efficacité plus rapide. L’an passé, Oyonnnax fut l’équipe à inscrire le plus grand nombre d’essais après dix temps de jeu. « Si on peut marquer plus vite, c’est bien aussi, sourit Prendergast. J’ai tiré des leçons de l’an dernier. Par exemple, nous devons trouver un équilibre dans l’exploitation du ballon. Jouer juste pour jouer ne nous intéresse pas. Si nous jugeons que le jeu au pied est plus efficace pour sortir de notre camp, je ne veux pas que nous nous en privions. » Une façon de rappeler que pour le big boss Heyneke Meyer, c’est surtout l’efficacité qui prime.