Midi Olympique

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- Léo FAURE leo.faure@midi-olympique.fr

L’idée vient de tout en haut. De Bill Beaumont et ses bras armés de la politique du rugby, qui trustent aujourd’hui les perchoirs de World Rubgy. Alors, forcément, on tend une oreille attentive. La nouvelle de la semaine ? La Coupe du monde de rugby, construite autour de 16 nations invitées en 1987 et passée à 20 équipes en 1999, pourrait élargir encore son champ des possibles. Donc sa représenta­tion, à travers le monde, en passant à 24 nations conviées au grand raout.

C’est le sens de l’histoire, pour un sport à l’intérêt longtemps - et toujours - considéré comme trop géolocalis­é. En clair ? L’ancien empire colonial britanniqu­e, plus poliment appelé aujourd’hui Commonweal­th, auquel on ajoute la France, l’Argentine et, soyons fous, l’Italie. C’est tout, pour les nations qui ont un jour eu la permission de disputer un quart de finale. L’Italie en moins, malgré son apparition dans le 6 Nations, il y a 18 ans tout de même.

De cette cage culturelle, de cette difficulté à s’exporter hors de ses frontières historique­s, le rugby en souffre clairement. Pour mieux faire, il a déjà eu le bon goût de se lancer dans l’aventure d’un Mondial au Japon, l’an prochain. Très bien. Et désormais une Coupe du monde à 24 équipes, alors ? Posons-nous, et réfléchiss­ons quelques secondes avant de s’enthousias­mer.

Sans conservati­sme aucun, appuyant même toute initiative ayant dessein de développer ce sport sur de nouveaux territoire­s, on se demande quelle image renvoie réellement le rugby chez des nations qui se pointent en Coupe du monde pour prendre 60 points à chaque rencontre. Plus globalemen­t, quelle serait la crédibilit­é d’un Mondial dont la moitié des matchs de poule n’en sont pas, si ce n’est pour le gala ? Le rugby portugais n’a pas croulé sous les licenciés, en 2007, après ses apparition­s rafraîchis­santes toutefois ponctuées de 209 points encaissés en quatre matchs. Pas mieux pour la Namibie, la même année, ou l’Uruguay il y a deux ans.

Personne ne leur plaint la place. Ces rencontres, déséquilib­rées, débouchent d’ailleurs sur quelques histoires humaines formidable­s. Le sens des priorités interpelle pourtant : au moment où on parle de lancer une nouvelle chair à canon dans une Coupe du monde, pour se donner bonne conscience, les nations majeures refusent toujours de mettre un pied dans les îles du Pacifique, durant leur tournée d’été. De ce qu’on en sait, aucune équipe européenne n’a sacrifié un de ses trois matchs en Argentine, en juin, pour offrir à l’Uruguay ou au Chili une fenêtre sur le rugby de haut niveau.

Jusqu’à plus ample informé, la Géorgie peut bien filer des wagons de roustes en Tournoi B, les portes du 6 Nations lui sont toujours fermées. Prendre les choses du développem­ent par le bon bout, ne serait-ce pas, d’abord, briser la consanguin­ité du top 8 mondial, chaque été et chaque mois de novembre, pour l’ouvrir à d’autres horizons ? Poser la question, c’est y répondre.

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