Intimes convictions
Au moment où la composition de Toulouse est tombée avant la réception de La Rochelle, l’inquiétude venait naturellement du manque de densité physique au centre du terrain, avec le duo NtamackMermoz associé à la charnière Bezy-Holmes. Ce qui, au passage, en dit long sur le rugby actuel… Reste qu’en l’absence d’un perforateur tel Fouyssac, les trois-quarts ont livré un récital offensif durant une heure, à base de rythme et
d’enchaînements fluides. « Quand on a moins de gros gabarits sur certains matchs, le but est de mettre le plus de vitesse possible », sourit Bezy. Ce fut flagrant avec des essais sublimes sur un plan collectif, dans la continuité d’une saison passée séduisante, quand les hommes d’Ugo Mola ont constamment cherché à allier intensité et ambition sur le terrain. Presque à l’excès, parfois. Une mutation pourtant assumée et revendiquée par le technicien. « L’objectif est de faire des rucks rapides pour déstabiliser les équipes adverses, reprend le demi de mêlée. On le travaille toute la semaine et c’est satisfaisant lorsqu’on arrive à produire ce jeu. »
Si cette philosophie a permis de ramener le club à sa culture originelle, en même temps qu’elle a signé son retour parmi les cadors du Top 14, l’envie de la prolonger cet été était évidente. Les recrutements de Kolbe, Dupont ou Holmes avaient aidé à impulser la dynamique voilà un an. Le replacement au centre de Ntamack ou l’arrivée de Régis Sonnes, aux convictions similaires, sont encore une fois les marqueurs forts d’une volonté affichée « d’être différents », comme le soulignait récemment le président Didier Lacroix. L’entraîneur des avants, passé à Ernest-Wallon comme joueur, l’a répété : « Déplacer le ballon, s’adapter aux situations et essayer d’utiliser les compétences de chacun pour trouver les espaces : nous avons été élevés et avons gagné comme ça. Dans le staff, on est tous sur la même longueur d’onde. »
« UN CADRE MAIS BEAUCOUP DE LIBERTÉ »
Après le succès contre le Stade rochelais, Sonnes se félicitait des soixante premières minutes : « L’équipe a proposé un rugby attrayant, positif et solide sur les bases. » L’appétit offensif de ses joueurs était effectivement réjouissant. Ce que confirme Maxime Mermoz, revenu cette saison et dont la combinaison avec Ntamack fut prometteuse : « Il y a un cadre de jeu bien défini mais aussi beaucoup de liberté si l’occasion se présente. Puis, quand les avants avancent, nous ne sommes pas dupes derrière. Après, lorsqu’on commence à marquer un, deux, trois essais, on a le sourire sur le terrain. Comme les autres, Romain a envie de jouer les coups au maximum en restant dans une forme d’altruisme. On tente, on fait des choix ambitieux, tant mieux si ça paye. Mais il faut doser la part de folie en évaluant les risques, savoir exploiter les opportunités et trouver un équilibre. » Le revers d’un tel enthousiasme ? L’an dernier, Toulouse a trop souvent manqué de consistance. Face aux Maritimes aussi, samedi dernier, avec une fin de rencontre non maîtrisée. « Ces vingt dernières minutes sont inacceptables et rappellent les travers d’un passé récent, souffle
Sonnes. Pour le gommer, il faut bosser à l’entraînement dans des zones d’inconfort, monter le curseur mental et physique pour ne pas lâcher et être capable de maintenir le tempo. » Mermoz ajoute :
« Si on a la chance de connaître de nouveau ce scénario, j’espère qu’on saura davantage confisquer le ballon. » La marge de progression pour consacrer un profil enchanteur. « Quand on aura plus de mal sur le jeu qu’on souhaite proposer, ce sera à nous de trouver autre chose,
avoue Bezy. S’il n’y a pas de plan B, ce sera dur. » En ce sens, une amélioration est déjà visible dans les zones de ruck, depuis le début de saison, avec notamment l’arrivée de Kaino.
Signe de maturation ? Bezy, affirmatif :
« C’est plutôt bien pour l’instant mais nous n’avons pas encore rencontré les formations qui nous posent le plus de problèmes sur ces phases. » Ce sera le cas samedi.