Midi Olympique

BORDEAUX EN PLEIN DOUTE !

EN PROIE À DES TENSIONS INTERNES ET EN DIFFICULTÉ SPORTIVE DEPUIS PLUSIEURS MOIS, L’UBB ACCUEILLE LE LEADER CLERMONTOI­S, CE SAMEDI À CHABAN-DELMAS (14H45). SANS DROIT À L’ERREUR.

- Par Léo FAURE leo.faure@midi-olympique.fr

L’UNION BORDEAUX-BÈGLES DE JEFFERSON POIROT EST SOUS PRESSION AVANT DE RECEVOIR L’OGRE CLERMONTOI­S. ENTRE DES RECRUES ET DES RÉSULTATS EN DEMI-TEINTE, LE PRÉSIDENT MARTI DÉFEND POURTANT SON COACH ET SA POLITIQUE.

ÀBordeaux, tout va bien. C’est au moins ce qu’on affirme, au club. Ce qu’on laisse transpirer, à l’extérieur, pour apaiser les questionne­ments. Tout va bien, vraiment ? Non, pas franchemen­t. Le bilan comptable, déjà, ne laisse que peu de place à l’équivoque : huit points au classement après quatre journées, malgré un calendrier favorable pour cette entame de championna­t. Plus globalemen­t, la greffe Rory Teague tarde à prendre. Encore une fois, le bilan comptable n’est pas flatteur : quatre victoires seulement en seize rencontres, depuis la prise en mains de l’entraîneur anglais. Sans compter les deux défaites en amical, cet été, face à une équipe de Pro D2 (Aurillac) et une autre de Currie Cup (Natal Sharks). Forcément, tout cela pose questions.

UNE PROMOTION CONTRE NATURE ?

Un problème de compétence ? Pas si sûr. « Chelemard » en Angleterre, dans le staff d’Eddie Jones (2017) après avoir décroché un titre mondial avec les moins de 20 ans du XV de la Rose, Teague a déjà inscrit quelques belles lignes à son CV. C’est d’ailleurs ce qui avait fait pencher la balance en sa faveur, en décembre dernier, pour prendre la suite de Jacques Brunel à la tête de l’effectif profession­nel girondin. À l’époque, l’autre candidat se nommait Jeremy Davidson, entraîneur des avants avec lequel les rapports étaient à peine cordiaux. Un joueur girondin confiait alors : « C’est bizarre qu’il (Laurent Marti) n’ait pas choisi Jeremy pour le poste. Il est celui que tous les joueurs préfèrent. » Mais le technicien sera poussé vers la sortie, cet été. Davidson, alors, ne ménagera pas son homologue anglais. « La façon dont les choses ont évolué à Bordeaux a été négative. Quand Jacques Brunel était là, tout se déroulait super bien. Après, ce n’était plus pareil. […] Avec Rory Teague, c’était difficile, plutôt sur une question humaine. Nous n’étions pas d’accord sur la façon de gérer les gens. […] Dans la vie, on rencontre des gens sympas et des gens égoïstes. C’est comme ça… » Seul aux manettes, Teague impose un management de fer. « On en avait besoin. Il est arrivé dans un club où, malheureus­ement, il n’y a jamais eu énormément de rigueur et il faut aller à l’extrême pour pouvoir changer certaines habitudes », appréciait cet été, dans nos colonnes, le nouveau capitaine Jefferson Poirot. Lequel regrettait à demi-mot, au passage, le sort réservé à quelques anciens. Franchemen­t embarrassé. « On tisse des liens avec certains, qui sont remis en questions. […] Je n’ai pas envie de faire un choix entre mes coéquipier­s et mon club. Ce n’est pas facile à gérer, on ne sait pas trop sur quel pied danser. »

UN VESTIAIRE DIVISÉ

On touche là une bonne partie du problème girondin. À sa prise de fonctions, Rory Teague a tranché dans le vif. Brutalemen­t : durant le seul mois de janvier Hugh Chalmers résilie son contrat et Ole Avei part au Racing. Deux joueurs au club depuis bientôt dix ans et qui ont connu, à l’UBB, le Pro D2. Cet été, d’autres ont suivi ces trajectoir­es, poussés dehors malgré des contrats toujours en cours : Talebula, Doubrère, Goujon, Rey et Maynadier ont été sommés de se trouver un nouvel employeur. Les deux derniers, finalement restés au club, ne comptent pas la moindre feuille de match cette saison.

La méthode a ses limites. Loin d’apaiser un club en proie à de nombreux changement­s depuis deux ans, elle bouscule le vestiaire. Lequel est aujourd’hui divisé entre les jeunes, les anciens et les stars du recrutemen­t, vers lesquelles Laurent Marti s’est pour la première fois tourné cet été. Le projet de jeu proposé par Rory Teague, plus réducteur, moins enlevé que par le passé, ne fait pas l’unanimité chez les supporters, avec une affluence en très nette baisse depuis la reprise. Ni chez les joueurs. Lesquels l’ont plusieurs fois fait remonter, déjà.

Les répliques d’un séisme, d’une révolution qui portera, à terme, ses fruits ? Il ne faut pas l’exclure. D’autres ont connu de telles frondes, en changeant les méthodes d’un club à leur arrivée et en se séparant des historique­s (Cotter à Clermont, Mola à Toulouse, Collazo à La Rochelle…). Le temps le dira. Mais pour se donner du temps, il faut gagner. Et Bordeaux ne gagne franchemen­t plus, à la veille de recevoir le leader clermontoi­s invaincu.

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