« J’AI ACHETÉ UN WATT BIKE »
S’IL TRAVAILLAIT DAVANTAGE, LE NÉO-ZÉLANDAIS SERAIT PROBABLEMENT LE MEILLEUR PILIER DU CHAMPIONNAT. EN A-T-IL SEULEMENT CONSCIENCE ?
Ben Tameifuna n’a pu biffer de sa mémoire les terribles images de la mêlée clermontoise broyant le bel édifice du Racing, en début de saison. Habituellement si dominant dans l’exercice, « Big Ben » s’est fait surprendre par son vis-à-vis, Loni Uhila, l’ours tonguien, 126 kg de barbaque torrentueuse et deux combats de boxe professionnels à son actif. « Contre Clermont, explique
Tameifuna en préambule, nous n’étions pas prêts à relever le défi que voulait nous imposer leur pack. Nous avons été trop légers. On pensait que ce serait facile et leurs avants nous ont largement dominés. […] J’ai souffert, c’est vrai. Mais depuis, j’ai beaucoup travaillé pour devenir meilleur et éviter que cela ne se reproduise. » L’ancien droitier des Chiefs a conscience d’avoir une revanche à prendre sur un début d’exercice poussif et, surtout, une dernière saison ratée. Hors de forme six mois durant, Ben Tameifuna avait logiquement été mis à l’écart des grands matchs par Laurent Travers, qui lui préférait alors Cedate Gomes Sa et Census Johnston, réputés plus mobiles. Alors, Tameifuna s’était-il éteint après avoir prolongé son contrat de deux ans dans les Hauts-de-Seine ? Il doit y avoir un peu de cela, oui. « La saison dernière a été difficile, explique l’intéressé. Je n’ai par exemple pas joué la finale de Champions Cup, ce qui m’a beaucoup meurtri. […] Après ça, j’en ai bavé mais je respecte le choix du coach. La prochaine fois, je ferai en sorte qu’il me choisisse moi et pas un autre. »
LE SECRET DU DÉMÉNAGEUR
Est-ce une simple déclaration d’intention ? Un élément de langage ? Ou alors le meilleur pilier de la saison 2015-2016 a-t-il réellement décidé de devenir enfin intouchable à son poste ? « Je ne veux pas avoir de regrets, poursuit-il. Je ne veux pas me retrouver à 35 ans assis sur un fauteuil à me lamenter : « Merde, si j’avais bossé un peu plus, j’aurais pu connaître une tout autre carrière. » Alors, j’ai décidé de changer. Je vais tout donner pour devenir le meilleur. »
Quelque peu empâté à son retour de vacances (il pesait alors 166 kg), Ben Tameifuna
n’a pas fait dans la demi-mesure pour prouver à Travers et Noriega qu’il avait changé : « Cet été, je suis revenu au club deux semaines avant tout le monde. J’ai acheté un watt bike (vélo à résistance, N. DL.R.) et j’ai tout fait pour être au top, le jour où les coachs reviendraient au Plessis. Je roulais vingt minutes tous les matins avant d’aller au club, puis vingt minutes le soir quand je rentrais à la maison. J’ai également fait attention à tout ce que je mangeais. Parce qu’en vacances, chez ma mère, j’étais trop fatigué pour penser au régime. J’avais besoin de me relaxer, vous comprenez… » En quelques semaines, Ben Tameifuna a ainsi perdu quinze kilos et n’en pèse plus
« que » 151 aujourd’hui. Un cadeau du ciel, avant de recevoir les champions de France à l’Arena. Parce que, qui que l’on soit, où que l’on aille et quoi que l’on fasse, on a toujours besoin d’un « Big Ben » en bonne forme, n’est-ce pas ? « Le jour où Johan Goosen m’a appelé pour me dire qu’il quittait le club pour rentrer en Afrique du Sud, conclut-il dans un sourire, je venais d’apprendre que j’emménageais dans une maison plus vaste. Alors, je lui ai dit : « Tu vas faire quoi
de tes meubles, Goose ? » Au final, j’ai passé une matinée à faire le vide dans son appartement. Et lui m’a donné un lave-vaisselle, un lit, une télé et plein d’autres trucs. C’était du gagnant-gagnant ! »