Midi Olympique

LA MÉTHODE CUDMORE

POUR SA PREMIÈRE ANNÉE EN TANT QU’ENTRAÎNEUR PRINCIPAL, JAMIE CUDMORE DÉTONNE. AVEC SON NOUVEAU STAFF ET DE RECRUES CONFIRMÉES, PROVENCE RUGBY SOUFFLE UN VENT DE FRAÎCHEUR SUR LE PRO D2.

- Par Théo FONDACCI

Pour la saison de sa remontée, Provence Rugby avait annoncé la couleur. Huit millions d’euros de budget, des recrues très confirmées pour le Pro D2 (Munro, Fidow, Luafutu…) venues renforcer un effectif déjà talentueux ainsi que l’arrivée d’un nouveau staff annoncé comme étonnant. Justement, la principale interrogat­ion se situait là, sur la capacité de celui-ci coacher une équipe capable de tenir la cadence dans l’antichambr­e du Top 14. Car qu’on se le dise, si Jamie Cudmore (4 Coupes du monde jouées avec le Canada) possède un CV de joueur long comme le bras, son inexpérien­ce en tant qu’entraîneur pouvait inquiéter. Derrière, ses deux adjoints ne sont pas non plus les plus experts en la matière sur le circuit de Pro D2. Fabien Cibray (trois-quarts) débute en tant qu’entraîneur, au-delà de son long parcours de joueur profession­nel (Toulon puis Oyonnax), quand Patrick Pézery (avants) n’a lui jamais exercé audessus de Fédérale 1.

UN STAFF AUX IDÉES PRÉCISES

Et le moins que l’on puisse après ce premier bloc de Pro D2, c’est que ce staff « new-look » a fait taire les plus bavards. Sous les consignes du « bûcheron », le promu aixois est même « la » surprise de ce début de saison, occupant la troisième place du championna­t après avoir empoché quatre points de bonus en autant de journées : deux défensifs à l’extérieur et deux offensifs à domicile. Un bilan des plus flatteurs, pour une formation parfois irrégulièr­e et indiscipli­née, mais affichant une déterminat­ion sans pareil et beaucoup de flair, en plus d’un jeu offensif particuliè­rement léché. En exemple, nous retenons à ce jour les (déjà) nombreux essais inscrits en première main, sur lesquels l’ailier Thibault Zambelli a souvent su apporter ses franches qualités de punch (3 essais et 3 passes décisives) tout comme la justesse des recrues Darbo et Munro.Voilà qui donne à Aix, ce mélange de justesse et de folie qui plane sur ce Pro D2 2018-2019.

À Aix-en-Provence, Jamie Cudmore semble avoir trouvé le bon coup. « Je discutais beaucoup avec Fred Michalak pour échanger sur le job d’entraîneur, pour exposer nos façons d’analyser le rugby, explique le géant canadien. Après m’être beaucoup ressourcé en famille et être allé au Canada pour découvrir de nouvelles façons d’améliorer mon approche du rugby, j’ai eu l’opportunit­é de venir à Aix. Ici la vie est très sympa même s’il fait un peu chaud pour moi (rires). » Après une mauvaise expérience à Oyonnax, le natif de Winnipeg a attaqué à pleine mesure le nouveau projet aixois, accompagné de ses deux adjoints, fins technicien­s. « Nous travaillon­s vraiment en équipe ! Patrick (Pézery, N.D.L.R.) bosse dans la continuité de la saison passée et Fabien (Cibray) apporte toute son expérience de joueur, lui qui vient juste d’arrêter. Nous effectuons un super travail qui prend bien sur le groupe », abonde l’ancien Clermontoi­s. Sa formation et son analyse lucide d’un rugby qu’il a vu évoluer durant sa longue carrière, l’on conduit aujourd’hui à cultiver une approche très précise du jeu vers lequel doit tendre sa formation. « Je pense qu’ici on comprend le rugby moderne, explique le manager général. Tout doit évoluer vers un rugby d’évitement et plus de séquences pour épuiser l’adversaire. C’est ce que font les All Blacks : ils ne sont pas plus costauds mais ils répètent les exercices de manière juste à très haute vitesse. En plus c’est plaisant à pratiquer ! » À Provence Rugby, ce n’est donc déjà plus une surprise de voir les joueurs pratiquer ce rugby ouvert, très animé et dont la fluidité et la vitesse n’ont aujourd’hui que peu d’égaux en Pro D2. Un rugby qui paie puisque les Provençaux sont actuelleme­nt troisièmes. Pas suffisant pour convaincre les plus pointilleu­x. « Ça peut paraître dur mais le premier bilan est juste positif, pas plus. Nous faisons encore beaucoup trop de fautes, sans qui on aurait sans doute fait un 4/4 actuelleme­nt », peste l’internatio­nal aux 43 sélections. Il paraît que seule l’exigence vous tire vers les sommets. La méthode Cudmore emprunte (déjà) cette voie-là.

 ?? Photo M. O. - D. P. ??
Photo M. O. - D. P.

Newspapers in French

Newspapers from France