Midi Olympique

« Pas inquiets pour l’avenir »

ANDRES BORDOY - L’ENTRAÎNEUR DE LA MÊLÉE PALOISE DEPUIS CINQ ANS QUITTERA BIENTÔT SES FONCTIONS AU SEIN DU CLUB BÉARNAIS POUR REJOINDRE LA PROVINCE ARGENTINE DES JAGUARES AUX CÔTÉS DE GONZALO QUESADA.

- Propos recueillis par Nicolas AUGOT nicolas.augot@midi-olympique.fr

Quand quittez-vous la France et comment vivez-vous cette période ?

Je vais quitter la France fin novembre. La préparatio­n des Jagaures débute début janvier et le coup d’envoi du Super Rugby aura lieu le 16 février. Je vis très bien ces derniers instants en France et à la Section paloise. Je reste tranquille, focalisé sur mon travail. Je suis toujours aussi concerné, comme je l’ai toujours été. C’est le principal pour le moment.

Quitter la France après autant d’années, était-ce un choix évident ?

Cette décision n’a pas été facile à prendre parce que je viens de passer onze ans en France. Rentrer en Argentine me fait bizarre. Je me dis que ce n’est pas un départ définitif. Je me laisse des portes ouvertes. Maintenant, je me lance dans un nouveau challenge pour trois saisons en Argentine mais, après, tout peut arriver. Il va falloir voir comment se passent ces trois prochaines années. Nous faisons une profession où il est difficile de se projeter. Maintenant, je suis sûr de mon choix. Je dois continuer à grandir comme entraîneur en découvrant un autre championna­t que je ne connais pas, même si je m’y intéresse beaucoup. C’est un très beau défi de savoir si ce que je fais à Pau, au niveau de la conquête et de l’entraîneme­nt, je peux le mettre en pratique en tant que responsabl­e des avants de cette franchise des Jaguares. Je quitte un certain confort, car je quitte ce que je connais sur le plan profession­nel mais aussi une ville où je me plais et où ma famille se sent bien. Car c’est aussi un nouveau challenge qui m’attend au niveau familial car les déplacemen­ts sont longs et nombreux en Super Rugby. Cela signifie que je vais passer moins de temps avec ma famille. Mais je considère que ma priorité est de continuer à apprendre et à acquérir de l’expérience en tant qu’entraîneur.

Que retenez-vous de ces années en France ?

J’ai l’impression d’être devenu un adulte ici en France. Avec ma femme et ma famille, on se considère quasiment français, parce qu’on adore ce pays, sa culture, ses valeurs. Tout ce que représente la France. Nous sommes bien sûr Argentins et nous sommes contents de retrouver notre pays mais, là-bas, je crois que nous resterons moitié français, moitié argentins. En tant que joueur, je retiendrai mes trois saisons à La Rochelle. Je crois que nous avons vécu quelque chose de spécial au niveau du groupe, de vraiment beau. C’était les débuts de La Rochelle, quand ça commençait à prendre forme. Quand je suis arrivé, le club venait de disputer sa première finale de Pro D2, puis nous sommes montés en Top 14 la deuxième année. Le groupe était jeune avec beaucoup de joueurs français. Il y avait une super ambiance car le côté humain était très important. On voit moins ça aujourd’hui dans le rugby profession­nel. Non pas que ce côté humain ait disparu, mais parce que le rugby a beaucoup changé lors des cinq, six dernières années car les ambitions du rugby ont changé.

En devenant entraîneur en France, qu’avez-vous appris ?

Je considère que je suis un entraîneur formé en France, avec tout ce que cela représente, c’est-à-dire cette culture du jeu d’avants, l’importance de la mêlée, de la touche et des ballons portés. Je me suis identifié à 100 % sur cette culture française. Mais en même temps, j’ai eu la chance d’être dans un staff où Simon Mannix est arrivé au bout d’un an. Il m’a apporté sa culture néo-zélandaise et son expérience puisqu’il a mixé sa culture avec ce qu’il a vécu en Angleterre, en France et en Irlande. J’ai pu prendre un peu de tout ça pour me former.

Que représente la Section paloise ?

La Rochelle m’a marqué par l’aventure en tant que joueur, mais au niveau de ma carrière profession­nelle, la Section paloise m’a marqué au-delà de ça. Quand je suis arrivé nous étions dans une situation que j’avais connu à La Rochelle. Nous disputons une première finale que nous perdons malheureus­ement contre Mont-de-Marsan. L’année d’après, c’est la finale contre Brive. J’étais déjà blessé et je rentre tout de suite dans le staff. J’ai donc vécu toute l’évolution du club lors de ces huit dernières années. Je sens que je fais partie de toute cette aventure. La Section paloise est mon club de coeur. D’ailleurs, je sais très bien que mon coeur va rester ici à Pau même après mon départ. C’est le club qui m’a fait grandir comme entraîneur, c’est la ville où mes enfants sont nés, où j’ai rencontré beaucoup d’amis et où je me sens vraiment bien.

La mêlée a été en difficulté face

à Clermont, permettre à la Section de retrouver une certaine assise dans ce secteur doit être votre priorité avant votre départ ?

La mêlée a été défaillant­e contre Clermont, mais je crois que nous avons rencontré la meilleure équipe de ce début de championna­t et surtout je considère qu’elle dispose de la meilleure mêlée du Top 14. Nous n’avons pas su trouver de solutions et c’est très frustrant pour moi qui suis entraîneur mais aussi pour les joueurs. Mais, nous ne sommes pas inquiets pour l’avenir. Nous savons sur quel point nous avons été défaillant­s, donc nous savons où il faut faire les petits réglages. On a commencé à travailler tout ça dès lundi à la vidéo pour se remettre la tête à l’endroit et repartir sur des bonnes bases.

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