Midi Olympique

IMPASSE ET PERD

UNE SEMAINE APRÈS AVOIR FAIT TOURNER LEUR EFFECTIF EN VUE D’UN RENDEZ-VOUS CAPITAL À DOMICILE, LES DEUX CLUBS ONT TOUT DE MÊME RATÉ LE COCHE. STRATÉGIE PERDANTE.

- Par Simon VALZER simon.valzer@midi-olympique.fr

Les impasses ne sont pas rares dans le rugby français. Et encore moins dans le Top 14, où la longueur de la saison et sa densité contraigne­nt les managers à des revues d’effectif pour des matchs où ils estiment que leurs chances de victoire sont faibles. À l’extérieur, notamment, comme quand le SUA se déplaça au Racing 92 en procédant à treize changement­s dans son XV de départ, ou encore le Stade toulousain à Montpellie­r il y a deux semaines, avec douze changement­s. Deux larges revues d’effectif sévèrement sanctionné­es par des scores fleuves et des rencontres à sens unique (59-7 et 66-15). Le SUA avait même réitéré l’opération deux semaines après, à Mayol contre le RCT. Pour un résultat identique (défaite 33-3). Seulement, la manoeuvre est devenue polémique ces derniers temps.

Pourquoi ? Parce que le manager agenais Mauricio Reggiardo s’en est défendu dans une interview parue sur Rugbyrama.fr : « Je n’aime pas le mot « tourner ». J’essaie de faire confiance, toujours. Alors je fais confiance à tous mes joueurs. Ensuite, il faut savoir qu’on veut dans le rugby français. Il faut faire jouer des jeunes Français, non ? […] Ils ont besoin d’être préparés au plus haut niveau. C’est une chose de les entraîner la semaine, c’en est une autre de les aligner le week-end. On ose le faire à Agen. Certains appellent ça des impasses. Je ne comprends pas […] Dire qu’on a fait un mauvais match, qu’on a ramassé et qu’on a pris cinquante points, ça ne me dérange pas. Je suis d’accord. Dire qu’on a perdu parce qu’on a fait l’impasse et qu’on a lâché le match, j’ai du mal à l’accepter. » Même posture pour le Stade toulousain qui s’était interdit le mot « impasse » avant le déplacemen­t à Montpellie­r. Le président Didier Lacroix préférait évoquer une « vision globale de la saison ». Les staffs ont fait leurs choix, l’ont assumé. Seulement, ces choix n’ont pas eu les effets escomptés. Car si les Agenais étaient persuadés d’être « capables de battre tout le monde à Armandie », dixit Reggiardo, ils se sont pris les pieds face à la Section paloise. Idem pour le Stade toulousain qui, malgré des cadres régénérés, a fini par subir la loi de Castrais déchaînés après l’heure de jeu. Stratégie perdante, in fine.

LE CONTRE-EXEMPLE CASTRAIS

D’autres équipes ne suivent pas ce schéma. Le Stade français par exemple qui, pour l’heure, ne fait que très peu tourner son effectif. Le staff parisien n’avait d’ailleurs pas hésité à reconduire son XV de départ après sa victoire bonifiée contre Toulon pour défier Pau sur ses terres. Le meilleur exemple serait aussi le Castres olympique, qui exploite au maximum son effectif en procédant chaque fois à environ six changement­s dans son équipe. Une homogénéit­é que le staff a patiemment construite au gré des années, en s’appuyant à la fois sur son centre de formation d’où les Babillot, Jelonch, Vialelle, Delaporte sont issus, ainsi que sur un recrutemen­t aussi malin qu’ambitieux, comme en témoignent déjà les temps de jeu élevés des Scott Spedding, Marc Clerc, Martin Laveau ou Camille Gérondeau, qui se sont tous fondus dans l’effectif castrais. Une homogénéit­é et une profondeur d’effectif qui devraient donner un maximum de sérénité au CO pour figurer au mieux en Top 14 et en Coupe d’Europe.

 ?? Photo M.O. - D.P. ?? Les Castrais, emmenés par Mathieu Babillot, ont fait tomber les Toulousain­s de Clément Castets.
Photo M.O. - D.P. Les Castrais, emmenés par Mathieu Babillot, ont fait tomber les Toulousain­s de Clément Castets.

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