PLUS JAUNE QUE ROSE
CINQ BALLONS PERDUS EN TOUCHE, LA PÉNALITÉ DE « LA GAGNE » RATÉE PAR PLISSON ET LE CARTON JAUNE DE CAMARA ONT EMPÊCHÉ LE STADE FRANÇAIS DE CONFIRMER SON RETOUR EN HAUT DE L’AFFICHE.
On essaie d’être en fusion tous les week-ends. » Deux jours avant la rencontre, Julien Arias, l’ailier du Stade français, s’en était tiré par une jolie pirouette quand il avait été lancé sur l’épineux sujet des relations entre les deux meilleurs ennemis de la région parisienne. Promis, juré, on s’aime tous, le derby, c’est pour les journalistes ! Heureusement, Paul Gabrillagues avait quand même signifié que « ces matchs-là, on n’aime pas les perdre ». Et de préciser encore : « Surtout, on ne doit pas se monter le bourrichon, il faudra rester lucide. » Jusqu’à la 61e minute, consigne respectée. Las, Djibril Camara, toujours aussi sanguin, n’a pas pu s’empêcher de sortir du cadre. Pour sa première apparition de la saison en raison d’une blessure contractée avant la 1re journée de Top 14, l’ailier stadiste, qui s’était illustré en début de rencontre sur quelques courses tranchantes, a malheureusement mis un coup au visage du troisième ligne centre Antonie Claassen, au coeur d’une demi-échauffourée. Un geste regrettable, alors que les avants parisiens venaient de glaner une pénalité en mêlée fermée, dans une rencontre encore très indécise. L’arbitrage vidéo demandé par Alexandre Ruiz se révélait sans équivoque : carton jaune pour Camara et trois points de plus pour le Racing qui reprenait l’avantage (16-17, 62e). Vous en voulez un, tournant du match ? Vous l’avez.
PEU DE MUNITIONS
Évidemment, la défaite parisienne ne repose pas uniquement sur les épaules du seul Camara. Les raisons sont multiples. D’abord, l’échec face aux perches de Jules Plisson à neuf minutes de la fin, et alors que les Racingmen n’avaient toujours qu’un point d’avance, a pesé lourd. L’ouvreur remplaçant du club de la capitale n’a eu que cette pénalité à tenter, il l’a raté. Un zéro pointé qui coûte cher aux joueurs de Heyneke Meyer. Ensuite, force est de souligner combien la conquête aérienne s’est encore une fois montré défaillante. Une carence récurrente. À Clermont, lors de la première défaite des Soldats roses cette saison, l’alignement avait déjà montré ses limites. Munitions perdues et manque d’exploitation des ballons gagnés avaient été au menu. Face au Racing, bis repetita. Cinq lancers perdus, c’est trop. Beaucoup trop. Dimanche soir, le Racing s’est goinfré des approximations parisiennes. Baptiste Chouzenoux s’est même permis de capter un ballon à deux mains (53e) au nez et à la barbe de Yoann Maestri, pourtant à l’aise dans ce secteur. L’arrivée de Paul O’Connell, nommé spécialiste de l’espace aérien, avait suscité beaucoup d’excitation. Son aura et son expérience devaient forcément amener plus de sérénité. Raté. Ici, force est de constater que les premiers effets de son travail se font encore attendre.
Globalement, les Parisiens ont perdu beaucoup de ballons dans le jeu courant et laissé la possession à leurs adversaires. Une semaine plus tôt, sur la pelouse de Pau, le Stade français avait impressionné par sa capacité à se nourrir des ballons des récupérations. Seulement, à l’exception de l’essai de Kylan Hamdaoui, construit après une munition grattée dans un ruck, les hommes du duo Travers-Labit ont donné peu d’occasion aux Parisiens de construire un succès sur le modèle de la semaine précédente. À croire que cette défaite met en lumière les limites d’un renouveau trop vite acté par certains…