Midi Olympique

« J’aurai pu crever pour Pau, et je peux crever pour l’Usap »

L’AILIER DE L’USAP RETOURNE DANS SON ANCIEN CLUB, PAU, POUR LA PREMIÈRE FOIS. NON SANS UNE CERTAINE ÉMOTION...

- Propos recueillis par Émilien VICENS

Ce déplacemen­t à Pau est un rendez-vous particulie­r pour vous…

Bien sûr. J’y ai joué quatre ans et j’ai vécu une montée, un maintien en Top 14. J’ai fait de très belles rencontres à Pau. C’est un club qui m’a fait grandir en tant qu’homme, mes enfants sont nés dans cette ville, ma famille y habite… Cest spécial d’y revenir, car je pensais bien faire toute ma carrière à Pau. J’y reviens avec beaucoup de fierté d’avoir participé à l’essor du club.

Pensez-vous déjà au moment où vous allez refouler la pelouse du Hameau, samedi ?

C’est une pelouse qui m’est chère, alors oui. Quand j’étais gamin, je ramassais les ballons de l’équipe première… Et puis, je suis content de retrouver des mecs avec qui j’ai joué : mon pote Julien Fumat, Thibaut Daubagna, Jale Vatubua, Daniel Ramsay. Je reçois beaucoup de messages au sujet de mon retour... Ça veut dire que j’ai laissé une jolie trace, et ça me fait plaisir. Je me dois donc d’être au rendez-vous.

Comment jugez-vous le développem­ent de la Section depuis votre départ ?

Je suis retourné au Hameau l’an passé, en tant que spectateur pour la réception de Clermont. C’est vraiment pas mal du tout ce qu’ils ont fait, c’est un stade magnifique. Mais d’un autre côté, ce n’est plus du tout le même Pau que j’ai connu. Moi je suis parti au début du projet. Le développem­ent de la Section est la suite logique de ce qu’avait commencé à entreprend­re ma génération. Aujourd’hui, c’est une sacrée équipe.

Pourquoi êtes-vous parti de Pau en 2016 ?

Lors de ma dernière saison, j’attaque le championna­t titulaire et je me blesse à un genou. L’histoire de ma non-reconducti­on part de là. On croit que je suis touché aux ligaments croisés, finalement non. La Section tarde à se positionne­r, d’autres clubs me contactent pendant ma blessure, dont l’Usap. Ma femme est enceinte de jumelles, j’avais besoin de sécurité mais je voulais pourtant absolument rester à Pau… À l’époque, je pensais que le club serait plus reconnaiss­ant envers moi. Je ne comprenais pas, j’étais aigri au possible ; je suis quelqu’un qui marche au sentiment... J’ai été très triste. J’ai vécu six mois très compliqués après, parce que je cherchais les réponses à mes questions. Il y avait aussi le fait de repartir en Pro D2. C’était une marche en arrière énorme à 28 ans, alors que j’étais performant.

Avez-vous mûri depuis ?

Désormais, je sais que c’est le sport profession­nel qui est comme ça. C’est partout pareil, et je n’en veux pas du tout à Pau. D’autant plus que, quand je reviens de blessure en 2016, j’avais déjà signé à l’Usap. Les entraîneur­s auraient pu ne plus me faire jouer, mais Simon Mannix m’a fait sortir par la grande porte. Je suis titulaire et capitaine lors du dernier match. Je sors à dix minutes de la fin et j’ai une ovation du Hameau. Je m’en souviendra­i toute ma vie. Quand tout un stade est debout mais que tu ne peux pas rester au club, c’est très dur. Mais je ne peux qu’être respectueu­x de la Section.

Vous êtes aujourd’hui pleinement épanoui à Perpignan…

Je suis le plus heureux à l’Usap, comblé même. Et c’était loin d’être le cas quand je suis arrivé. Ça n’allait pas bien dans la tête. Je ne pensais pas me plaire autant ici, en Catalogne. J’ai découvert quelque chose qui m’était inconnu, moi l’homme du sud ouest. Il s’est passé quelque chose ici, je ne peux pas l’expliquer. Je pense que l’Usap sera un moment fort de ma carrière. Je suis quelqu’un d’intègre, vous savez. Quand je m’engage dans quelque chose, c’est à 200 %. J’aurais pu crever pour Pau, et je peux crever pour Perpignan aujourd’hui.

« Je ne comprenais pas, j’étais aigri au possible et je cherchais les réponses à mes questions »

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