Midi Olympique

BOUILLANT « KUB »

ARRIVÉ SUR LA POINTE DES PIEDS EN ISÈRE APRÈS PLUSIEURS SAISONS GÂCHÉES PAR LES BLESSURES, DAVIT KUBRIASHVI­LI S’IMPOSE COMME LA PIERRE ANGULAIRE DE LA MÊLÉE ISÉROISE. AU POINT DE REVENIR DANS LES PLANS DU STAFF GÉORGIEN, À MOINS D’UN AN DE LA COUPE DU MON

- Par Nicolas ZANARDI nicolas.zanardi@midi-olympique.fr

C’est une paire d’oreilles comme on n’en fait plus. Deux feuilles de chou de cartilage déformé qui font de leur propriétai­re un visage mondialeme­nt connue dans le milieu, dont l’entraîneur de la mêlée iséroise JeanNoël Perrin s’amusait de la présence. « Vous le connaissez, ce monsieur ? » s’étonnait-il dans un savant second degré. Un peu, mon neveu. Quand Graham Rowntree, la légende de Leicester aux 57 sélections internatio­nales, se pointe à Lesdiguièr­es, il faudrait être aveugle pour ne pas le remarquer. Surtout lorsque celui-ci se pointe accompagné du sélectionn­eur national de la Géorgie Milton Haig, grand ami de Vern Cotter, ou du préparateu­r physique des Lelos, l’ancien arrière gallois Kevin Morgan. Car oui, Graham Rowntree est bien, depuis deux semaines, l’entraîneur des avants de la Géorgie. Autant dire que ce dernier s’est régalé de la session de mêlée concoctée par Dewald Senekal, qui vit notamment s’affronter les compatriot­es Davit Kubriashvi­li et Beka Gigashvili. Une lutte frontale qui s’est conclue sur moins d’un pouce de terrain concédé, et d’un « good session, boys » lancé par Rowntree qui valait tous les compliment­s du monde. En effet, la présence de Rowntree n’avait rien d’un hasard, à moins de cinq semaines des tests de novembre et d’un match importanti­ssime que livrera la Géorgie contre l’Italie à Florence, sur fond d’intégratio­n au Tournoi des 6 Nations. « Moi, la politique ne m’intéresse pas, coupait Davit Kubriashvi­li. Moi, ce que je regarde, c’est l’aspect sportif, avec la perspectiv­e de rencontrer l’Italie, mais aussi les Samoa et le Tonga. L’Italie a accepté de jouer contre nous, et c’est une chance de se mesurer à cette nation, car la Géorgie a besoin de ce genre d’affronteme­nt. Et j’ai très envie d’y participer, évidemment… Je n’ai plus évolué avec la sélection depuis deux ans. La dernière fois, c’était au mois de novembre 2016 en Écosse, et ce serait très important d’y revenir, surtout à moins d’un an de la Coupe du monde. »

« ON ESSAIE D’AVOIR UNE MÊLÉE PROPRE »

En effet, après quasiment une année entière gâchée par des problèmes musculaire­s aux mollets, c’était bien pour se relancer que Davit Kubriashvi­li avait débarqué au pied des Alpes. Pour un accord gagnant-gagnant : celui de rendre à la mêlée iséroise ses lettres de noblesse, tout en offrant au droitier venu de Montpellie­r la fenêtre d’exposition dont il avait besoin, quand bien même la lutte pour le maintien peut apparaître moins glamour que la course au Brennus… « Je me sens très bien ici. Il m’a fallu un peu de temps pour découvrir un nouveau club, de nouveaux joueurs et de nouveaux objectifs, mais l’ambiance est excellente et l’éthique de travail est bonne, sourit « Kubri ». Honnêtemen­t, même si les résultats ne sont pas à la hauteur pour le moment, je prends beaucoup de plaisir à jouer au rugby ici. »

Et Grenoble prend autant de plaisir à découvrir son Géorgien, devenu la pierre angulaire d’une mêlée à la recherche d’un souffle nouveau, après plusieurs saisons de marches arrière. « Pour le moment, on essaie d’avoir une mêlée propre, c’est-à-dire de conserver nos ballons pour les utiliser, analyse l’ancien Monpelliér­ain. Après, petit à petit, on cherchera à se montrer plus dangereux sur les introducti­ons adverses mais la première urgence, c’était d’améliorer nos stats en termes de ballons conservés. On n’est pas au top à tous les matchs, mais on n’est pas mauvais non plus. Ce n’est pas encore totalement suffisant à mes yeux, mais il me semble qu’on progresse. »

« GAGNER POUR ABORDER LA COUPE D’EUROPE SOULAGÉS »

Le match contre Perpignan était là pour en attester, quand bien même le derby contre le Lou est venu ternir en partie le bilan, avec deux essais concédés sur des ballons grappillés par Liam Gill derrière une mêlée chahutée. Autant dire que, pour cette réception à hauts risques de l’UBB, les Grenoblois chercheron­t plus que jamais à soigner leur conquête, clé de voûte de leur victoire sur l’Usap. « Tout le monde sait à quel point la mêlée est un exercice difficile, surtout en Top 14 où il n’y a jamais un match simple, souffle le Lelo. C’est tellement dur, tellement physique… On peut être dominateur un week-end, être dominé le suivant… Avant un match, on ne peut jamais imaginer ce qui va se passer. Il n’y a jamais de vérité. » Sauf une, peut-être : no scrum, no win. Un adage que Davit Kubriashvi­li a eu le temps d’apprendre par coeur en onze saisons de Top 14, qu’il s’agira de vérifier face à Bordeaux. « On a les moyens d’y arriver, d’autant qu’il s’agit de dernier match de Top 14 avant la première période européenne. Ce serait important de terminer ce premier bloc sur une bonne note et de remonter un peu au classement, car cela nous permettrai­t d’aborder la Coupe d’Europe un peu plus soulagés, plus tranquille­s. Ce ne sera pas facile, on le sait. Mais on doit tout faire pour y parvenir. »

Les intérêts du FCG, ainsi que ceux de son droitier, passent en effet par là…

 ?? Photo J. R. ?? Arrivé en Isère à l’intersaiso­n, Davit Kubriashvi­li s’épanouit : « Même si les résultats ne sont pas à la hauteur pour le moment, je prends beaucoupde plaisir. » Au point d’avoir reçu la visite de Graham Rowntree et Milton Haig, après deux ans sans sélection avec les Lelos...
Photo J. R. Arrivé en Isère à l’intersaiso­n, Davit Kubriashvi­li s’épanouit : « Même si les résultats ne sont pas à la hauteur pour le moment, je prends beaucoupde plaisir. » Au point d’avoir reçu la visite de Graham Rowntree et Milton Haig, après deux ans sans sélection avec les Lelos...

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